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Le Royaume-Uni va temporairement taxer les bonus

Toujours pas d'entente internationale sur une taxation du secteur financier.
Les gros bonus des traders seront taxés jusqu'en avril 2010.
Le ministre britannique des Finances Alistair Darling a annoncé mercredi la création d'une taxe temporaire sur les bonus. Les banques qui verseront à leurs employés des primes dépassant 25'000 livres (environ 41'600 francs) devront s'acquitter de cette taxe jusqu'à début avril.

La taxe s'élèvera à 50% du montant des primes, et elle devrait
rapporter au fisc 550 millions de livres, soit plus de 600 millions
d'euros, a précisé Alistair Darling.



Cette taxe temporaire, s'appliquera à "toutes les banques opérant
au Royaume-Uni", jusqu'au 5 avril 2010, a ajouté le chancelier.

Un retour à l'Etat

Le ministre des Finances, qui a annoncé cette taxe dans le cadre
de la présentation au Parlement des grandes lignes du budget 2010/
2011, a expliqué que les sommes récoltées serviraient à financer
des aides au retour à l'emploi.



Alistair Darling a souligné que l'idée d'un prélèvement
exceptionnel sur les bénéfices des banques, qui ont reçu des aides
considérables de la part de l'Etat suite à la crise financière,
avait été évoquée, mais que le gouvernement l'avait écartée pour ne
pas pénaliser les établissements qui affecteraient leurs profits à
la reconstitution de leurs fonds propres.



"Toutes les banques ont bénéficié, directement ou indirectement",
des aides de l'Etat pour enrayer la crise financière, et "ce
devrait être le moment pour les banques de reconstituer leurs
réserves de capitaux", a-t-il déclaré.



Le gouvernement s'est aussi réservé la possibilité de prolonger
cette taxe au-delà du 5 avril, et a ajouté qu'il veillerait à faire
rentrer dans le rang les banques qui tenteraient de contourner
cette mesure dissuasive.

Législatives en vue

"Certaines banques croient toujours que leur priorité est de
verser des bonus substantiels à leurs employés qui reçoivent déjà
des salaires élevés". "Donc je leur donne le choix : elles peuvent
utiliser leurs bénéfices pour augmenter leurs fonds propres, mais
si elles persistent à vouloir verser des bonus importants, je suis
déterminé à récupérer de l'argent pour le compte des
contribuables", a ajouté le ministre.



La création de cette taxe n'est pas une surprise. Des fuites dans
la presse laissaient entendre depuis quelques jours que le
gouvernement allait s'en prendre aux bonus des banquiers, dans
l'espoir de marquer des points au sein de l'opinion avant les
prochaines élections législatives, qui devront se tenir d'ici la
mi-2010.



ats/lan

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Une mesure tout de suite critiquée

La création de cette "bonus tax" a immédiatement déclenché, comme on pouvait s'y attendre, une vague de critiques au sein de la City.

L'Association des banquiers britanniques a dénoncé une mesure qui risque de réduire l'attractivité de la place londonienne, et a répété que seules les réformes mise en place au niveau international étaient efficaces.

Les assureurs n'ont pas caché leur soulagement d'échapper à cette taxe anti-bonus, et ont relevé que celle-ci pourrait s'avérer contre-productive, en incitant les banques à remplacer les primes par des augmentations de salaires.

Le patron des patrons, Richard Lambert, a dénoncé quant à lui "une mesure destinée à accaparer les gros titres qui pourrait trouver un écho populiste", mais pourrait aussi déclencher un exode des employés les plus talentueux hors du Royaume.