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Le non aux minarets inquiète l'économie suisse

La ville du bout du lac se veut le centre du monde.
Genève accueille traditionnellement de nombreux touristes musulmans.
La branche touristique helvétique se trouve dans l'expectative au lendemain de l'acceptation de l'initiative antiminarets. Au vu des réactions partout dans le monde, ce scrutin pourrait avoir des conséquences manifestes sur le tourisme en Suisse.

Le gouvernement craint «effectivement (...) que ce résultat ne
soit pas sans conséquences pour (les) exportations et la branche du
tourisme», a reconnu la ministre de Justice et Police, Eveline
Widmer-Schlumpf.



En effet, pour le politologue Pascal Sciariani de l'Université de
Genève, «il n'y aura pas forcément d'appel explicite des
gouvernements de ces pays à boycotter la Suisse, mais il peut y
avoir des réactions individuelles ou de l'élite appelant les
musulmans à réduire leur fortune gérée en Suisse, à réduire leurs
voyages touristiques, notamment à Genève, ou à compliquer les
relations commerciales avec la Suisse».

Risque dans les deux sens

La Fédération suisse des agences de voyage (FSAV) s'inquiète.
«J'espère qu'il n'y aura pas de réactions négatives des pays
musulmans. Car ceux-ci pourraient empêcher les Suisses de se rendre
chez eux», a indiqué lundi à l'ATS Walter Kunz, directeur de la
FSAV. L'impact demeure «pour le moment encore très difficile à
évaluer».



Le voyagiste Kuoni se montre moins anxieux. «Les consommateurs
voient le résultat de manière pragmatique et séparent très
clairement cultures d'ici et de là-bas», relève Peter Brun,
porteparole du groupe zurichois. Reste à savoir si l'image de la
Suisse, en tant que destination touristique, s'en trouvera
détériorée.

Suisse Tourisme sur la brèche

Pour Suisse Tourisme, il est trop tôt pour en juger. «L'image
d'un pays change lentement d'habitude», affirme Daniela Bär,
porte-parole. Les résultats politiques ont d'ordinaire peu
d'influence sur le comportement des voyageurs.



«On vérifiera si cette pratique générale est valable également
dans un cas concret comme celui de dimanche», ajoute Daniela Bär.
«On a peu de compréhension envers notre pays en ce moment. L'image
d'une Suisse peu tolérante et plutôt renfermée s'est assurément
renforcée.»



Suisse Tourisme tente de limiter les dégâts. «Nous nous efforçons
de souligner à l'étranger que l'interdiction concerne les minarets,
mais pas les lieux de culte musulmans», explique Daniela Bär.

Genève aux premières loges

Genève, destination prisée des touristes arabes, redoute les
conséquences de ce vote surprise.



Chaque année, les visites de ressortissants des pays du Golfe
génèrent quelque 250 millions de francs, soit un 10e des revenus
touristiques de la ville internationale. L'an passé, les touristes
en provenance de cette région ont représenté 175'000 nuitées, soit
6% des parts de marché, selon Genève Tourisme.



ats/nr

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Banquiers prudents

En tant que centre financier leader dans la gestion de fortune, Genève ne s'alarme pas. «Avant la votation, comme maintenant, il n'y a pas d'inquiétude de la part du Groupement des banquiers privés genevois», déclare son porte-parole.

La fondation Genève place financière s'est pour sa part refusée à tout commentaire.

L'Association suisse des banquiers (ASB) se révèle être plus soucieuse en revanche: «On accepte la décision souveraine du peuple suisse, mais on craint que ce soit un mauvais signal donné au monde islamique», énonce son porte-parole Thomas Sutter.