Régler des achats par un simple clic ou envoyer de l'argent à l'autre bout du monde avec son smartphone, c'est ce que Facebook entend proposer en lançant la Libra, sa monnaie virtuelle. Le réseau social de Mark Zuckerberg veut utiliser Internet afin de permettre aux 1,7 milliard d'humains sans compte bancaire d’accéder à des services financiers de base.
Pour y parvenir, Facebook s’est associé à 27 entreprises ou organisations internationales, parmi lesquelles des géants comme Mastercard, Visa, Spotify ou encore Uber. Ensemble, elles ont créé l'Association Libra, qui chapeautera cette nouvelle monnaie depuis Genève.
Promis pour 2020, le projet Libra est dirigé par David Marcus. Âgé de 46 ans, cet Américain qui a grandi dans la Cité de Calvin a d'abord été à la tête de Paypal avant de rejoindre Facebook. Il y a piloté Messenger de 2014 à 2018. Désormais, c'est lui qui gère ce qui doit devenir le service phare du réseau social.
>> Voir le portrait de David Marcus dans le 19h30 ci-dessus : "Le monde libre doit faire réussir la cryptomonnaie Libra avant la Chine"
>> Lire aussi: "Le monde libre doit faire réussir la cryptomonnaie Libra avant la Chine"
Les Européens sonnent la charge
La Libra doit s'apparenter à une cryptomonnaie dite stable, ou "stablecoin". Elle sera adossée à un panier de devises traditionnelles comme le dollar ou l'euro afin de garantir un cours moins volatile que le bitcoin, par exemple.
Mais les obstacles s'accumulent. Réunis lundi à Bâle, les représentants de vingt-six banques centrales européennes ont fait part de leurs "vives préoccupations" sur la manière dont la Libra et d'autres technologies de monnaie numérique pourraient porter atteinte à la souveraineté des gouvernements.
Une semaine plus tôt, c'est le ministre français de l'Economie et des Finances, Bruno Le Maire, qui s'était ouvertement dit opposé au projet Libra sur sol européen. Il invoquait les risques financiers considérables que cette cryptomonnaie pourrait engendrer en cas de défaillance dans son fonctionnement.
Pression américaine sur la Suisse
L'Association Libra étant basée à Genève, elle devra demander à l'Autorité fédérale de surveillance des marchés financiers, la Finma, une autorisation pour opérer en tant que système de paiement. Plus encore que les pays européens, les Etats-Unis sont aux abois, particulièrement en matière de criminalité économique.
Le 10 septembre dernier, la plus haute responsable américaine de la lutte contre les crimes financiers est venue spécialement à Berne pour mettre en garde les autorités helvétiques. "La Suisse se profile comme une place innovatrice dans le domaine financier. En ce qui concerne les cryptomonnaies, c'est dans son intérêt propre de mettre en place des règles strictes pour éviter le blanchiment d'argent ainsi que d'autres risques", avertissait Sigal Mandelker, la numéro deux du Trésor américain.
Kevin Gertsch, avec agences