Dans son communiqué diffusé jeudi, la BNS rappelle sa disposition à intervenir au besoin sur le marché des changes pour tenir compte de la situation pour l'ensemble des monnaies. Selon la banque centrale, la situation sur le marché des changes demeure fragile, et le franc s'est apprécié. Il s'inscrit toujours à un niveau élevé.
Pour la BNS, il reste nécessaire de mener une politique monétaire expansionniste (des taux bas favorisent l'activité économique) en raison des développements intervenus récemment sur le plan international et des perspectives d'inflation en Suisse. Pour rappel, des taux bas risquent de trop stimuler la demande et si la demande augmente plus vite que l'offre, cela peut entraîner une hausse du niveau des prix.
"Un peu otage de ce qui se passe à l'étranger"
Interrogé dans La Matinale de la RTS, le professeur d'économie à l'IMD Stéphane Garelli souligne le dilemme de la BNS. "D’un côté on ne veut pas baisser les taux d’intérêt car l'économie suisse n'est pas en récession", mais "quelque part on est un peu l'otage de ce qui se passe à l’étranger". La Banque centrale européenne et la Réserve fédérale ont en effet récemment abaissé leur taux.
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Le professeur rappelle que ces taux négatifs sont problématiques pour les épargnants, qui perdent de l'argent, mais surtout pour les caisses de pension, qui gèrent des sommes énomes et "les économies de toute une vie".
Stéphane Garelli rappelle que la Suisse a des taux négatifs depuis 2015 pour éviter que "les gens soient attirés par le franc suisse et investissent trop dans notre monnaie, qui est déjà forte". La force du franc pèse sur l'économie d'exportation, mais la BNS combat ce phénomène en achetant des devises étrangères.
Cette politique de taux bas va probablement durer encore les 5 prochaines années, estime le professeur.
cab avec ats
La Réserve fédérale américaine baisses ses taux
Pour rappel, la Réserve fédérale américaine (Fed) a annoncé mercredi une modeste baisse des taux d'intérêt, la deuxième en deux mois. Les taux d'intérêt au jour le jour sont fixés dans la fourchette de 1,75% à 2%, après une baisse d'un quart de point de pourcentage (0,25%).
Le président Donald Trump, qui milite pour des taux à zéro voire négatifs pour l'aider à faire baisser le dollar et relancer les exportations, a immédiatement critiqué la décision du patron de la Fed.
"Jay (Jerome) Powell et la Réserve fédérale ont échoué une nouvelle fois", a-t-il tancé sur Twitter. "Aucun 'cran', aucun bon sens, aucune vision! Un communicant déplorable !", a-t-il ajouté.
Mercredi, la Fed a également relevé légèrement sa prévision de croissance américaine à 2,2% cette année (+0,1 point). Pour 2020, elle table sur +2% et une inflation à 1,9%.
Prévisions de croissance revues à la baisse
La Banque nationale suisse (BNS) a aussi révisé à la baisse ses prévisions de produit intérieur brut (PIB) et d'inflation pour l'année en cours. A moyen terme, la banque centrale s'attend toutefois à une reprise de la conjoncture mondiale et à ce que le renchérissement progresse peu à peu.
L'institut d'émission table désormais sur une croissance suisse entre 0,5% et 1% cette année, contre "environ" 1,5% en juin. Il y a deux jours, le Secrétariat d'Etat à l'économie (Seco) a lui aussi revu à la baisse ses attentes concernant la conjoncture suisse, tablant sur +0,8% pour 2019, au lieu de +1,2%.
La nouvelle prévision d'inflation conditionnelle est elle aussi plus basse que celle de juin, en raison de l'affaiblissement des perspectives de croissance et d'inflation à l'étranger et de l'affermissement du franc. Pour l'année en cours, elle s'inscrit à 0,4%, contre 0,6% anticipé au trimestre précédent.