La faillite va donner lieu à une gigantesque opération de rapatriement de quelque 600'000 clients en vacances. Environ 22'000 employés du groupe vont perdre leur emploi, dont 9000 au Royaume-Uni.
Le pionnier des tour-opérateurs, très lourdement endetté, a vu son horizon s'assombrir ces dernières années à cause de la concurrence acharnée des sites internet de voyage à bas prix et de la frilosité de touristes inquiets du Brexit notamment.
Perte abyssale
Il avait annoncé une perte abyssale de 1,5 milliard de livres (1,86 milliard de francs) pour le premier semestre, pour un chiffre d'affaires de quelque 10 milliards.
Son destin s'est joué en quelques jours: des créanciers lui ont demandé la semaine dernière de trouver 200 millions de livres de financements supplémentaires pour qu'un plan de sauvetage déjà accepté de 900 millions de livres et mené par Fosun, premier actionnaire, soit validé.
Les réunions se sont enchaînées tout le week-end pour tenter de trouver un investisseur privé auprès de fonds spéculatifs ou d'investissements, ou auprès du gouvernement, en vain.
"Opération Matterhorn"
Les autorités britanniques notamment vont devoir organiser le retour de 150'000 de leurs ressortissants, deux fois plus que lors de la faillite de la compagnie aérienne Monarch il y a deux ans. Elles ont activé un plan d'urgence baptisé "Opération Matterhorn", du nom d'une campagne de bombardement américaine lors de la Deuxième Guerre mondiale.
De son côté, l'Autorité britannique de l'aviation civile (CAA) dit avoir sécurisé des avions spéciaux pour cette opération colossale qui devrait durer jusqu'au 6 octobre, même si certains touristes pourront rentrer par des vols commerciaux. Elle rappelle que les voyages organisés bénéficient de la garantie ATOL, qui découle d'une directive européenne.
Cette législation s'applique aux autres membres de l'UE, notamment la France et l'Allemagne qui ont de gros contingents de clients de Thomas Cook, et ces derniers devraient bénéficier de fonds de garantie locaux.
La CAA relève que les clients ayant acheté un séjour qu'ils n'ont pas encore utilisé auront droit à "un remboursement complet", et que ceux qui sont coincés à l'étranger pourront aussi recouvrer les frais encourus sur place si leur retour est retardé.
agences /pym
L'impact en Suisse devrait être limité
Parmi les 600'000 personnes concernées, environ 90 membres du TCS ont contacté lundi le livret ETI pour demander une assistance. Un impact relativement minime car Thomas Cook était très peu présent en Suisse et encore moins en Suisse romande. Reste que certaines agences suisses vendaient des voyages Thomas Cook: plusieurs dizaines de clients de Kuoni sont par exemple concernés, dont un peu plus de la moitié sont actuellement en vacances. Interrogée par la RTS, l'agence suisse a dit évaluer la situation et décidera de la procédure qui leur convient le mieux. Kuoni a aussi affirmé qu'elle assurerait l'hébergement et le transport retour de ces clients, et qu'elle contacterait rapidement les voyageurs devant partir bientôt pour leur proposer une alternative si nécessaire.
D'autre part, vraisemblablement très peu de clients étrangers de Thomas Cook se trouveraient actuellement en Suisse, notre pays étant loin d'être une destination phare pour le groupe. Ses compagnies aériennes Thomas Cook et Condor ne desservaient aucun aéroport en Suisse. Aucune destination helvétique ne figurait au catalogue du site thomascook.com (désormais fermé).
Et du côté du site francophone de Thomas Cook, encore fonctionnel lundi, l'offre touristique du groupe pour 2019 en Suisse se bornait à une croisière sur le Rhin reliant Amsterdam à Bâle et à trois locations en Valais appartenant au groupe AlpVision.
Contactée par la RTS, la responsable commerciale d'AlpVision Angèle Bennett s'est dite dans l'expectative. Elle a indiqué que ses derniers clients Thomas Cook étaient partis dimanche mais que des séjours étaient déjà réservés pour les prochaines vacances scolaires d'automne et d'hiver. Elle a précisé qu'AlpVision travaillait principalement avec les filiales belge et néerlandaise du groupe, qui ne sont elles pas en faillite à ce jour. Mais Thomas Cook est un partenaire important pour AlpVision, qui espère obtenir des clarifications sur son avenir dans les jours qui viennent. (ptur)
Une opération "Matterhorn" qui passe mal à Zermatt
Le plan d'urgence des autorités britanniques pour rapatrier les touristes lésés suite à la faillite du voyagiste Thomas Cook fait réagir la station de Zermatt. Le village valaisan n'apprécie guère que cette opération ait été appelée "Matterhorn", le nom allemand du Cervin.
Pour le gouvernement britannique, l'opération Matterhorn fait référence à une campagne américaine de bombardements durant la Seconde Guerre mondiale. Zermatt estime en revanche que le nom de ce plan d'urgence fait davantage penser à son emblématique sommet.
"Le gouvernement britannique ne sait sans doute pas que Matterhorn est une marque internationale protégée, un symbole de vacances paisibles et de qualité", écrit lundi l'Office du tourisme de Zermatt sur son site internet. Il souligne que la station haut-valaisanne n'a "aucun lien" avec la retentissante faillite de Thomas Cook.
Les responsables du tourisme zermattois n'en perdent toutefois pas leur humour. "Le gouvernement britannique voulait peut-être donner un conseil aux voyageurs affectés par la faillite sur un endroit où ils pourraient passer des vacances sans souci dans le futur", concluent-ils.