Les consommateurs imaginent que l'argent en plus qu'ils déboursent pour le bio va directement dans la poche des producteurs pour compenser les frais supplémentaires liés à cette culture particulière. Or, une enquête menée conjointement par l'émission On en parle et la Fédération romande des consommateurs (FRC) révèle que ça n'est pas vraiment le cas.
Trois produits différents - bio et non-bio - ont été retenus pour l'enquête. Pour chacun d’eux, on a recherché et trouvé le prix moyen de vente, donc ce que le consommateur doit payer ainsi que la part qui va au producteur.
En connaissant ces deux montants et en faisant la différence entre les deux, on obtient ce que touchent les intermédiaires, donc ceux qui transforment les produits, les emballent, les transportent et les vendent.
La part des intermédiaires
Or, si on achète six œufs conventionnels, on paie en moyenne 2,50 francs. A peu près la moitié de ce prix va aller au producteur et l’autre moitié aux intermédiaires.
Mais lorsqu'on passe au bio, on dépense en moyenne 4,85 francs. Logiquement donc, la part qui revient aux producteurs est plus importante, puisqu'ils vont toucher 2,50 francs. Mais les intermédiaires eux aussi vont toucher davantage, soit 2,35 francs, alors qu'a priori le coût du conditionnement, de l’emballage, du transport et de la vente de six œufs est le même, que les oeufs soient bio ou pas.
Distributeurs discrets
Interrogés, les distributeurs ont tendance à botter en touche: selon eux, les chiffres relevés dans l'enquête ne s’appliquent pas à leurs enseignes et en même temps, ils refusent de communiquer les marges qu’ils touchent. Lidl avance notamment des conditions de culture et de productions plus chères pour le bio, Aldi ne se prononce pas, Coop parle de coûts nettement supérieurs pour le bio et assure ne pas gagner plus avec ces produits. Manor répond que les marges pour le bio ne sont pas plus élevées et rappelle néanmoins que le bio engendre des coûts supplémentaires notamment pour la certification, les contrôles, le marketing et la présentation des marchandises.
Enfin, du côté de Migros, on reconnaît que les marges des intermédiaires pour les produits bio sont effectivement plus élevées. Avec, comme raisons avancées, des coûts plus importants non seulement à la production, mais aussi pour la transformation et la vente. Tristan Cerf, le porte-parole du géant orange, précise que les produits bio exigent un emballage spécial, et que le distributeur doit aussi verser des redevances à des organismes comme Bio Suisse, la Fédération des entreprises agricoles biologique.
Marie Tschumi/pym