C'est la réforme des rémunérations pour les lettres ou les petits colis internationaux qui doit être au centre des discussions entre les membres de l'Union postale universelle (UPU), dont le siège se trouve à Berne.
Selon le système actuel, le pays d'envoi doit compenser financièrement les frais de distribution auprès du pays destinataire. Le montant de cette rémunération est fixé par l'UPU au cas par cas, en fonction du développement économique de chaque membre. Et c'est ce qui explique la colère américaine.
Aujourd'hui, les pays développés ne peuvent facturer qu'une partie minime des frais de distribution à la Chine, considérée par l'UPU comme un pays émergent jusqu'en 2017. Conséquence: il coûte moins cher d'envoyer un colis dans une ville américaine depuis la Chine que depuis une autre ville américaine.
"Le dispositif actuel coûte près d'un demi-milliard de dollars par année à la poste américaine et des dizaines de milliers d'emplois à mon pays. De plus, il aide la Chine dans ses exportations, même de contrefaçons et des drogues dangereuse comme le fentanyl", dénonce Peter Navarro, conseiller économique de Donald Trump et chef de la délégation américaine à Genève.
Les ventes chinoises explosent en Suisse
L'enjeu commercial du réajustement de ces taxes est gigantesque, tant le commerce en ligne chinois est devenu un mastodonte. Rien qu'en Suisse, 23,2 millions de petits colis de moins de 2kg ont été acheminés en provenance d'Asie - essentiellement de Chine - l'an dernier. Un chiffre qui représente 71% de l'ensemble des colis venus de l'étranger. En 2013, l'Asie ne représentait que 18% du volume total des paquets acheminés dans le pays, selon les statistiques de La Poste.
Parmi les sites chinois qui ont conquis les clients suisses figure Aliexpress, propriété du groupe Alibaba. Ce site fonctionne comme un marché qui propose des accessoires électroniques, des vêtements ou des bijoux. Le tout à un prix et à des frais de port chinois.
Entre 2017 et 2018, la volume des ventes d'Aliexpress en Suisse a explosé, passant de 280 millions à 475 millions de francs, selon une estimation de l'institut de conseil en commerce électronique Carpathia.
Le commerce en ligne mondial chahuté?
Sans nouvel accord d'ici au 20 octobre, les Etats-Unis quitteront l'UPU, avec pour conséquence une déstabilisation du commerce en ligne dans le monde entier. "C'est un problème global qui n'impacterait pas seulement la Chine mais tous les services et toutes les plateformes de commerce en ligne dans le monde", prévient Hongtao Gao, le responsable de la délégation chinoise.
Trois scénarios doivent être discutés à Genève jusqu'à jeudi: une augmentation des tarifs avec une uniformisation en 2020, des taux libres plafonnés, comme le demandent les Etats-Unis, ou une solution intermédiaire.
Faute de compromis, les Américains devraient alors négocier des accords bilatéraux avec chacun des autres pays de l'UPU. Les conséquences seraient non-négligeables pour les consommateurs: les prix pour l'envoi et la réception de courrier vers les Etats-Unis augmenteraient à coup sûr.
Kevin Gertsch, Nicolas Rossé