"Je trouve qu'un Etat de droit ne peut pas utiliser des actes
qui ont été volés. C'est indigne [de le faire]. Si on compare à un
juge ou un procureur, lui ne peut pas se servir de tels documents
comme preuves contre un accusé", a réagi Moritz Leuenberger,
interrogé par la TSR.
De son côté, l'ancien informaticien d'HSBC Hervé Falciani s'est
exprimé pour la première fois dimanche soir. "Si vous découvrez que
toutes les strates des structures, trusts, off shore, permettent de
contourner les mises en place de prélèvements, de taxes, de TVA,
que la seule légitimité de ces structures, c'est ça, ou vous faites
l'autruche, ou vous essayez de comprendre", a-t-il déclaré.
Pas de paiement pour les données
"Non je
n'ai pas reçu d'argent (...) non je n'ai pas peur, non je ne me
cache pas", a-t-il ajouté. L'informaticien de 38 ans avait été
arrêté puis libéré en décembre 2008 par la police helvétique qui le
suspectait d'introduction frauduleuse dans un système
informatique.
Il avait ensuite quitté le pays pour la France, bien qu'il affirme
n'avoir "collecté que des données auxquelles on avait libre accès".
Il vit désormais dans la région de Nice, dans le sud de la
France.
Le procureur de la République de Nice, Eric de Montgolfier, a
ordonné l'ouverture d'une enquête pour blanchiment sur les comptes
communiqués à la justice française par cet ancien cadre de la HSBC.
Ceux-ci ont également été transmis à l'administration fiscale
française.
"Un rôle à jouer"
Le procureur avait confirmé vendredi les motivations de cet
ancien cadre de 38 ans. Elles "sont de type messianique", a confié
le magistrat. "Il redoute que les procédés utilisés par sa banque
aient pu contribuer à la crise financière. Il considère qu'il a un
rôle à jouer", a-t-il ajouté. Les données fournies par cet
informaticien et dérobées dans le système informatique de HSBC à
Genève ont permis d'alimenter une liste de contribuables français
détenteurs de comptes en Suisse, dont l'existence avait été révélée
durant l'été par le gouvernement français.
La banque HSBC avait assuré vendredi que la liste des données
piratées dans son système informatique "touchait moins de dix
clients", tandis que des chiffres compris entre 3000 et 4000 ont
été cités, selon différentes sources françaises.
afp/mej
Sarkozy renvoie l'affaire à la justice
Nicolas Sarkozy a jugé lundi que la lutte contre la fraude fiscale était "morale", mais a assuré que le gouvernement et la justice respecteraient les "règles" à propos de l'exploitation de fichiers volés par un employé de la banque HSBC en Suisse.
"Nous ne sommes pas là pour protéger les fraudeurs. Maintenant il y a des règles et elles doivent être respectées", a déclaré le président français lors d'une conférence de presse à Paris. Nicolas Sarkozy a aussi rappelé que la France était "un Etat de droit".
"C'est à la justice de dire ce qu'il en est. Mais imaginez aussi une administration qui reçoit des renseignements et qui les met à la poubelle", a ajouté Nicolas Sarkozy.
Le gouvernement français avait dû reconnaître la semaine dernière qu'une liste de Français, détenteurs de comptes bancaires en Suisse et fraudeurs potentiels, avait été constituée au moins en partie grâce à des données volées par un cadre de HSBC dans les bases informatiques de la banque britannique à Genève.