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Ouïgours en Suisse: Pékin met Berne en garde

La Suisse pourrait accueillir jusqu'à trois ex-détenus de Guantanamo.
La Suisse pourrait accueillir jusqu'à trois ex-détenus de Guantanamo.
La Chine demande à la Suisse de ne pas accueillir des ex-détenus ouïgours de Guantanamo. Les relations entre les deux pays pourraient être mises à mal, menace l'ambassade de Chine à Berne.

Dans une lettre adressée le 18 décembre aux autorités helvétiques, publiée jeudi dans une version raccourcie sur le site du Matin et confirmée à l'ATS par l'ambassade, la Chine dit espérer que la Suisse, «en partant de l'intérêt général des relations d'amitié sino-suisses et de la sécurité des peuples de nos deux pays (...) pourra refuser de façon claire et nette la réception de ces personnes».

La Suisse étudie actuellement le possible transfert sur son territoire de deux frères ouïgours détenus à Guantanamo. Ils pourraient être placés dans le canton du Jura, qui, à l'instar de Genève, s'est déclaré favorable à l'accueil d'ex-prisonniers.

Accueillis dans le Jura?

«Nous devons à présent nous pencher sur la question de manière approfondie», a déclaré dimanche à l'ATS le ministre jurassien de la justice Charles Juillard. Alors que le Jura avait initialement prévu d'accueillir un seul ex-détenu, il devrait «apparemment» désormais en accepter «deux ou pas du tout». Une rencontre est prévue à la fin du mois avec la conseillère fédérale Eveline Widmer-Schlumpf.

La cheffe du Département fédéral de justice et police à répondu à l'ambassade de Chine en lui rappelant que pour l'heure, le Conseil fédéral n'a décidé que de l'accueil humanitaire d'un détenu originaire d'Ouzbékistan, a indiqué son porte-parole Guido Balmer. «Aucune autre décision n'a été prise».

Des "terroristes" à rapatrier

Mais pour la Chine, il est exclu que des «terroristes présumés de nationalité chinoise» soient accueillis en Suisse ou dans un pays tiers. «Quelles que soient leurs ethnies, ils doivent être rapatriés en Chine», écrit l'ambassade à Berne.

A la question de savoir si la pression chinoise aura une influence sur la décision suisse, Guido Balmer souligne que «le Conseil fédéral n'a pas attendu cette lettre pour être conscient de l'aspect international de la question». «Tous les éléments seront pris en compte» lors de la discussion avec les autorités jurassiennes, a-til ajouté.

ats/cab

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Vingt-deux anciens détenus ouïgours

La base de Guantanamo à Cuba a détenu 22 Chinois de l'ethnie ouïgoure, une minorité turcophone et musulmane du nord-ouest de la Chine, qui avaient été capturés en Afghanistan.

Ils ont tous été innocentés et peuvent être libérés. Washington refuse de les renvoyer en Chine où ils pourraient être persécutés.

Cinq ont été accueillis par l'Albanie en 2006, quatre par les Bermudes en juin et six par l'archipel de Palau, dans l'océan Pacifique, en octobre.

Originaires de Mongolie, les Ouïgours sont un peuple turcophone de confession musulmane. C'est l'ethnie majoritaire dans la province chinoise du Xinjiang, en conflit depuis des siècles avec les Hans, les Chinois de souche.

Ouzbek bientôt à Genève

La suspension du transfert de certains prisonniers de Guantanamo décidée par les Etats-Unis pour raisons de sécurité n'a pas de conséquence sur le projet de la Suisse d'accueillir un troisième prisonnier, originaire d'Ouzbékistan. L'homme pourrait rejoindre Genève dans les prochaines semaines.

Rien n'est encore décidé mais ce qui est certain c'est qu'il n'y a pas de changement par rapport à l'évaluation du cas effectuée par un groupe interdépartemental en collaboration avec les cantons, a indiqué le porte-parole du Département fédéral de justice et police Guido Balmer, revenant sur une information de la Neue Luzerner Zeitung.

Il n'y aucun nouvel indice selon lequel cet Ouzbek serait en relation avec des terroristes, a-t-il précisé.