Le futur de l'économie suisse vu par chacun des cinq plus grands partis
Quels sont les programmes économiques des cinq grands partis engagés dans les élections fédérales? Dans quelle mesure sont-ils impactés par la pression citoyenne en faveur d'une transition écologique? Une économie plus verte signifie-t-elle forcément une décroissance? Et comment ces partis perçoivent-ils l'emploi à l'heure du numérique ou la question sociale?
Dans sa rubrique Alter Eco (La Matinale), Frédéric Mamaïs a passé en revue leurs visions et les thèmes que chacun d'entre eux a mis en avant lors de la campagne.
LE PLR
L'avenir du travail en question
Le Parti libéral-radical s’est toujours considéré comme "LE" parti de l’économie. Est-ce encore le cas? Cette année, il s’intéresse entre autres à l’avenir du travail à l’heure de la numérisation et propose des réformes littéralement radicales: supprimer l’enregistrement du temps de travail, favoriser le télétravail et le coworking, délivrer des visas aux entreprises innovantes pour soutenir l’investissement ou repenser la frontière entre vie privée et vie professionnelle.
Le PLR surfe ainsi sur des sujets populaires car les Suisses soutiennent le télétravail, même s'ils sont encore moins d’un tiers à le pratiquer.
LE PS
Un "Plan Marshall", en forme de ‘’Green New Deal’’ à la suisse
Les socialistes ont un plan pour l'économie suisse: le "Plan Marshall" du général Roger Nordmann, qui prévoit douze milliards de francs pour financer la transition énergétique du pays. La Suisse avait réalisé les grands travaux routiers et énergétiques au siècle passé, elle doit désormais investir pour mettre fin à ses émissions carbone.
Ce "plan Marshall" du PS résonne avec un autre grand projet, de l’autre côté de l’Atlantique: c’est le "Green New Deal" de certains démocrates, qui veulent de leur côté taxer la fortune pour financer une transition énergétique devisée à plusieurs centaines de milliards de dollars. Mais ces références historiques au plan du général Marshall ou au "New Deal" du président Roosvelt renvoient à deux conceptions différentes d’une économie de transition.
L'UDC
Le paradoxe Magdalena Martullo-Blocher
Parti qui tient les départements fédéraux de l’Economie et des Finances, l’UDC est en première ligne. Et qui incarne le mieux la réussite politique et économique à la fois? La famille Blocher. Magdalena Martullo-Blocher, conseillère nationale, est pressentie pour succéder à Ueli Maurer au gouvernement si celui-ci part en fin d’année présidentielle.
Elle est pourtant un paradoxe: présidente de l’entreprise familiale Ems-Chemie, elle a multiplié par six la valeur boursière de la société. Cheffe d’entreprise bien plus performante que son père, elle est pourtant plus menacée que jamais en politique et doit se battre pour sa réélection dans les Grisons.
LE PDC
Parti de l'économie familiale
Le mot "économie" vient du grec ancien oïkos (la maison) et nomos (la gestion.) L’économie signifie donc gérer sa maison et le parti de la famille serait donc tout naturellement celui de l’économie - que le PDC veut durable, socialement responsable, avec une liberté aux entreprises.
Le programme économique du parti ratisse large, de l’écologie au libéralisme, en passant par du socialisme et de l’éthique. Mais si le PDC reste conservateur sur la fiscalité des entreprises, il se montre plus social sur le mariage et la famille.
LES VERTS
L’économie verte, décroissance ou décompression?
Grand chantier du parti, l’économie verte doit-elle rimer avec décroissance, ce gros mot brandi comme un épouvantail par les opposants de gauche comme de droite? Face au productivisme socialiste fidèle au culte de la croissance, face aux thuriféraires de Greta Thunberg et aux conservatismes de l’économie de marché, les Verts peuvent-ils avancer un programme économique pragmatique? C’est leur ambition.
Depuis le rejet massif de leur initiative populaire sur l’économie verte en 2016, ils ont repris leur bâton de pèlerin cette année. Réduction des emballages plastiques, économie circulaire: les nouvelles composantes de leur programme collent avec les aspirations de la société. L’économie verte sera-t-elle galvanisée par les manifestants du climat? Pas encore sûr. Pourtant, il serait peut-être temps de "décompresser" notre modèle de croissance, comme le suggérait l’économiste français Philippe Dessertine en 2011. Les Verts doivent encore convaincre les électeurs que l’on peut "décompresser" sans décliner.