Les écoles, hôpitaux, perceptions des impôts et représentations
ministérielles en région étaient en grève mercredi, de même que
plusieurs milliers de contrôleurs aériens, douaniers, médecins
hospitaliers et enseignants. Le trafic des trains était fortement
perturbé sur les lignes nationales, mais les transports en commun
circulaient normalement.
Dès le début de la matinée, des centaines de retraités et de
grévistes se sont rassemblés place Syntagma, dans le centre
d'Athènes, en attendant le départ des manifestations. Mais la
participation a finalement été faible et la météo pluvieuse.
Quelque 7000 personnes ont défilé, ce qui est peu par rapport à
d'autres. A Thessalonique, deuxième ville du pays, 3000 personnes
se sont aussi rassemblées.
Déficit abyssal
"C'est une guerre contre les
travailleurs. Nous répondrons par la guerre, jusqu'à ce que la
politique ait changé de voie", a expliqué Christos Katsiotis,
membre d'un syndicat ouvrier affilié au Parti communiste. Pour
Alexandros Potamitis, 57 ans, retraité, "ce ne sont pas les
employés qui ont pris tout l'argent, c'est la 'ploutocratie'. C'est
donc à elle de le rendre".
Le plan d'austérité du gouvernement de centre-gauche (Parti
socialiste, PASOK), qui a succédé aux conservateurs en octobre
dernier, prévoit notamment un recul de deux ans de l'âge du départ
à la retraite, à 63 ans d'ici 2015, le gel des salaires des
fonctionnaires, des coupes budgétaires, une diminution des dépenses
publiques, la mise en place d'impôts supplémentaires et un
renforcement de la lutte contre l'évasion fiscale.
En 2009, le déficit de l'Etat grec a atteint 12,7% du PIB, soit
plus de quatre fois la limite autorisée par les critères de
Maastricht. La dette publique a, elle, dépassé les 113%. Le Premier
ministre Georges Papandréou, qui était reçu Nicolas Sarkozy à Paris
mercredi, a promis de "prendre toutes les mesures nécessaires (pour
atteindre) (son) objectif de réduction du déficit de 4% en 2010,
pour arriver à 8,7% du PIB".
Vers une aide européenne
Les regards se tournent désormais vers Bruxelles, où les
dirigeants de l'Union européenne étudieront jeudi les réponses à
apporter à la crise grecque. Les marchés financiers ont réagi
positivement mercredi à ce qu'ils considèrent comme des indices
d'une probable aide européenne à Athènes. La rare participation du
président de la Banque centrale européenne (BCE), Jean-Claude
Trichet, à la réunion de jeudi ne leur a notamment pas
échappé.
Certains analystes estiment que la BCE pourrait proposer une aide
qui ne passe pas par un véritable plan de sauvetage, comme des
garanties de prêt par exemple. Autre possibilité : les grandes
économies européennes, l'Allemagne et la France, pourraient
apporter une aide. Des experts évoquent aussi des garanties de prêt
ou une aide financière bilatérales.
La position de la première économie de la zone euro, l'Allemagne,
sera déterminante. Berlin semble accepter de plus en plus que son
intervention soit nécessaire pour éviter la contagion de la crise
grecque à toute la zone euro. Mais un soutien européen à la Grèce
pourrait se révéler très problématique si d'autres pays en
difficulté, comme l'Espagne, le Portugal ou l'Irlande, exigeaient
le même traitement, met en garde un analyste.
ap/dk
L'Europe croule sous les déficits
La Grèce, que les Européens envisagent d'aider face à la crise budgétaire qu'elle traverse, est loin d'être le seul pays confronté à des déficits élevés: 20 des 27 pays de l'UE sont sous le coup d'une procédure pour déficit excessif de la part de Bruxelles.
Ces trous budgétaires se sont creusés notamment à la suite de la crise financière qui a obligé les Etats à voler au secours des banques. Le pacte de stabilité européen fixe en principe la limite annuelle des déficits publics à 3% du produit intérieur brut, pour chaque pays. Et la dette publique ne doit pas dépasser 60% du PIB.
Les sept pays de l'Union européenne qui échappent encore au rappel à l'ordre sont la Finlande, le Luxembourg, Chypre, le Danemark, la Suède, l'Estonie et la Bulgarie. Seuls les trois premiers sont membres de la zone euro.
Voici un tableau des déficits et de la dette publique dans plusieurs pays de la zone euro, selon les dernières statistiques de la Commission européenne.
GRECE - En 2009, le déficit public est ressorti à 12,7% du PIB et la dette publique représentait 112,6%. Bruxelles table sur un déficit public de 12,2% et une dette représentant 124,9% du PIB en 2010. Le programme du gouvernement grec vise à réduire le déficit public à moins de 3% du produit intérieur brut en 2012.
ESPAGNE - Déficit public estimé pour 2009 à 11,2% du PIB et dette publique représentant 54,3% du PIB. Pour 2010, la Commission table sur un déficit à 10,1% et une dette représentant 66,3% du PIB.
PORTUGAL - Déficit public estimé pour 2009 à 8% du PIB et dette publique représentant 77,4% du PIB. Pour 2010, la Commission table sur un déficit à 8% et une dette représentant 84,6% du PIB.
IRLANDE - Déficit public estimé pour 2009 à 12,5% du PIB et dette publique représentant 65,8% du PIB. Pour 2010, la Commission table sur un déficit à 14,7% et une dette représentant 82,9% du PIB.
ITALIE - Déficit public estimé pour 2009 à 5,3% du PIB et dette publique représentant 53,2% du PIB. Pour 2010, la Commission table sur un déficit à 5,3% et une dette représentant 58,6% du PIB.
FRANCE - Déficit public estimé pour 2009 à 8,3% du PIB et dette publique représentant 76,1% du PIB. Pour 2010, la Commission table sur un déficit à 8,2% et une dette représentant 82,5% du PIB.
ALLEMAGNE - Déficit public estimé pour 2009 à 3,4% du PIB et dette publique représentant 73,1% du PIB. Pour 2010, la Commission table sur un déficit à 5% et une dette représentant 76,7% du PIB.