La Basler Zeitung est un des derniers grands journaux
alémaniques qui n'appartient pas à un éditeur supra-régional.
Depuis que la famille Hagemann a pris la décision l'automne dernier
de vendre le groupe Basler Zeitung Medien (BZM) et son titre phare,
divers éditeurs suisses et étrangers ont fait des offres, a indiqué
Matthias Hagemann lundi devant les médias.
Le choix s'est porté sur Tito Tettamanti, car "il veut et il est
en mesure de maintenir un quotidien fort dans la région bâloise", a
déclaré Matthias Hagemann, qui présidait l'entreprise jusqu'ici. Sa
famille avait racheté le journal il y a 59 ans et avait construit
sur cette base un groupe de presse qui compte aujourd'hui 14
entreprises.
Elle a décidé de s'en séparer car les actionnaires familiaux ne
disposaient pas du capital nécessaire pour financer le changement
structurel nécessaire, a expliqué Matthias Hagemann, qui n'a pas
caché ses regrets. La récession et la migration de la publicité sur
internet ont aussi été décisives.
Un Bâlois à la tête du groupe
Tito Tettamanti, qui aura 80 ans cette année, sera désormais
l'actionnaire majoritaire des BZM avec une participation de 75%. Le
Bâlois Martin Wagner - un proche du groupe - détiendra les 25%
restants. Cet avocat spécialisé dans les médias, qui préside déjà
le magazine de droite Weltwoche, sera aussi à la tête du conseil
d'administration des BZM, où Matthias Hagemann continuera à siéger
même sans actions.
Les parties ont convenu de ne pas publier le montant de la
transaction. La famille Hagemann détenait jusqu'ici 63% de la
société. Le groupe d'annonces vaudois PubliGroupe en possédait lui
37%. Son directeur général, Hans-Peter Rohner, a expliqué que
PubliGroupe se désengageait actuellement de toutes les
participations considérées comme non stratégiques.
Le président des éditeurs alémaniques, Hans-Peter Lebrument,
interprète la vente comme un signe positif contre une concentration
encore plus forte des médias en Suisse. L'éditeur de la
Südostschweiz est soulagé que le groupe bâlois n'ait pas été repris
par Tamedia ou le groupe NZZ, a-t-il confié à l'ATS.
Selon lui, Tito Tettamanti est un propriétaire qui ne cherche pas
à influencer les médias qu'il détient. Le journaliste spécialisé
Karl Lüond ne se fait pas non plus de souci pour l'avenir immédiat
des BZM, le multi-millionnaire lui amène une solide base
financière. .
Aucun nouveau licenciement
Tito Tettamanti, qui ne siégera pas au conseil d'administration,
n'est pas apparu lundi devant les médias pour expliquer ses
intentions. Le nouvel actionnaire minoritaire, Martin Wagner, a
toutefois assuré qu'il ne supprimerait pas de nouveaux
postes.
Selon lui, le groupe a quasi terminé sa restructuration. Durement
touchés par la crise, les BZM avaient enregistré une perte de 12,2
millions de francs durant l'exercice 2008/2009. Pour faire face,
l'éditeur avait supprimé une vingtaine de postes l'année dernière.
Il avait en outre vendu la radio locale Basel 1 et s'était retiré
du journal gratuit News.
Navire amiral des BZM, la Basler Zeitung tire à 88'000
exemplaires. Le groupe emploie 1200 personnes et a réalisé un
chiffre d'affaires de 263 millions de francs lors de son exercice
2008/09.
agences/sbo
Tito Tettamanti, une carrière fulgurante
Nouvel actionnaire principal de la Basler Zeitung, le Tessinois Tito Tettamanti, 80 ans, n'est pas un inconnu dans le monde des médias. Juriste de formation, il a acquis sa renommée en investissant dans des sociétés en Suisse et à l'étranger.
A 25 ans il est devenu le plus jeune élu au Grand Conseil tessinois, dans les rangs du Parti démocrate-chrétien. A 29 ans, il devient en 1959, le plus jeune conseiller d'Etat de son canton.
En 1960 déjà, il doit démissionner pour avoir réduit, de 90'000 à 10'000 francs, une amende pour évasion fiscale infligée à un entrepreneur de ses amis.
Quelques semaines après sa démission du gouvernement, Tito Tettamanti fonde avec son confrère, l'avocat luganais Giangiorgio Spiess, l'étude Tettamanti&Spiess. Quatre mois plus tard, il constitue la société d'investissement Fidinam SA, dotée d'un capital d'un million de francs, un montant élevé à cette époque.
Dès les années 80, le financier tessinois se lance dans la restructuration d'entreprises: aux Etats-Unis, il investit dans United Airlines et Gillette. En Suisse, il devient actionnaire de Sulzer, Saurer et Rieter.
En 2001, il rachète le groupe Jean Frey, éditeur de l'hebdomadaire Weltwoche. Il le revend en 2006. Entretemps, en 2005, Tito Tettamanti fait son entrée dans les sociétés Ascom et SIG.
Selon diverses sources, sa fortune est estimée à près de 600 millions de francs. L'octogénaire vit entre ses résidences de Lugano, Londres et Monte-Carlo.