"Les Etats de la zone euro prendront des mesures déterminées et
coordonnées si nécessaire pour préserver la stabilité financière de
la zone euro dans son ensemble", ébranlée par les attaques
spéculatives dont est victime la Grèce en raison de l'ampleur de
ses déficits, ont annoncé dans une déclaration les chefs d'Etat et
de gouvernement.
Déclaration de principe
Il s'agit pour l'heure d'une déclaration de soutien de principe
à Athènes, visant d'une part à mettre fin à l'agitation sur les
marchés, qui spéculent sur une faillite de la Grèce, et d'autre
part à éviter une contagion au reste de la zone euro. Il y a "un
engagement politique de solidarité au cas où cela serait
nécessaire", a insisté le président de l'Union européenne, Herman
Van Rompuy, "la volonté politique est tout à fait claire".
Mais pour autant dans l'immédiat, la question d'une incapacité
d'Athènes à rembourser ses dettes "ne se pose pas", a-t-il assuré,
pour justifier l'absence de mesures urgentes. Le chef de file des
ministres des Finances de la zone euro, Jean-Claude Juncker, a
également écarté le risque d'une faillite du pays, une hypothèse
"qui ne doit pas être envisagée".
Les modalités pas dévoilées
Il n'empêche que les pays de la zone euro se sont déjà mis
d'accord sur les modalités d'une éventuelle aide financière à
Athènes au cas où la situation empirerait, a-t-il ajouté, sans
vouloir révéler de détails. Les grands argentiers de la zone euro
doivent en discuter au cours d'une autre réunion lundi à
Bruxelles.
Parmi les options envisagées, figurent des prêts bilatéraux, des
garanties sur des émissions obligataires ou des achats d'emprunts
d'Etat lancés par Athènes, selon des sources diplomatiques.
Jean-Claude Juncker a dans le même temps reconnu qu'il faudrait
"affiner" les détails.
Selon une source diplomatique, il y a des "réticences allemandes"
sur certains points, même si la chancelière Angela Merkel a assuré
que l'Europe n'allait pas "laisser tomber la Grèce". L'idée d'un
sauvetage financier de la Grèce, un pays reconnu coupable d'avoir
truqué à plusieurs reprises les chiffres de ses déficits pour les
minimiser, n'est pas facile à faire passer aux yeux de l'opinion
publique allemande.
L'absence de détails du plan d'aide a suscité une certaine
déception des marchés financiers, qui étaient censés être apaisés.
Les places boursières restaient nerveuses jeudi et l'euro a dans un
premier temps baissé.
Athènes sous tutelle budgétaire
En échange de leur soutien de principe, les pays européens ont
exigé de la Grèce qu'elle respecte scrupuleusement son engagement à
réduire son déficit de quatre points cette année par rapport à
2009, où il avait dépassé 12%, en prenant s'il le faut "des mesures
supplémentaires" d'économies. Athènes fera l'objet d'une
surveillance "mensuelle", a précisé le président français Nicolas
Sarkozy. Un premier point sera fait en mars.
Ainsi placé sous tutelle budgétaire, Athènes sera contrôlé non
seulement par Bruxelles, mais aussi par la Banque centrale
européenne et le Fonds monétaire international. En revanche,
l'option d'un appel aux prêts du FMI pour la Grèce a été dans
l'immédiat écartée car elle serait vécue comme une humiliation
politique pour la zone euro.
Enfin, le Premier ministre grec Georges Papandréou s'est dit prêt
à prendre des mesures "supplémentaires" d'économies budgétaires.
Son pays fera cet effort, si nécessaire, afin de tenir ses
engagements de réduction de déficit cette année.
agences/cer
La zone euro pourrait payer le prix
L'annonce d'un accord sur une aide européenne à la Grèce devrait calmer, à court terme, les attaques spéculatives contre Athènes et d'autres pays de la zone euro, mais l'euro pourrait tout de même en payer le prix à moyen terme, selon des analystes.
L'annonce de l'UE a été anticipée par les marchés financiers, où les attaques spéculatives ont marqué le pas contre la Grèce, mais également contre d'autres pays de la zone euro partageant les mêmes problèmes financiers, comme le Portugal ou l'Espagne, selon des analystes interrogés.
"Visiblement depuis hier, tout le monde dit que ça va aller mieux. Les taux grecs continuent à baisser sensiblement. On revient dans un contexte où il semble que les attaques veuillent s'interrompre", explique un expert.
Reste que tout dépend des mesures concrètes que l'Union européenne est prête à prendre pour soutenir la Grèce. Le problème, c'est que "cette solidarité européenne peut se retourner contre l'euro", juge un analyste. Car toute la difficulté est de rassurer les marchés sur la volonté des pays européens de soutenir un pays en difficulté sans donner l'impression que cela se fera au détriment de la zone euro.
"Le marché peut aussi estimer que le fait de soutenir un canard boiteux va pénaliser tout le monde et donc l'euro", ce qui pourrait déclencher de nouvelles attaques spéculatives sur la monnaie européenne, juge-t-il.
"A moyen terme, il est difficile d'imaginer que toute cette affaire soit autre chose que négative pour l'euro", renchérit un économiste.
En 2009, le déficit public grec est ressorti à 12,7% du PIB et la dette publique représentait 112,6%. Bruxelles table sur un déficit public de 12,2% et une dette représentant 124,9% du PIB en 2010.