"On a fait un constat simple et direct: l'aérien contribue à 2,8% des émissions de CO2. Cela fait des années qu'on s'attelle à réduire cette empreinte carbone. On le fait, mais il était temps de prendre la mesure supplémentaire: à partir de ce matin (mardi, ndlr), toutes les émissions des vols sur le réseau EasyJet seront compensées", annonce Thomas Haagensen, directeur commercial d'EasyJet pour l'Europe du Nord, interrogé mardi dans l'émission Forum.
Des émissions "pas complètement compensées"
Il reconnaît qu'auparavant, la compagnie faisait certains efforts, par exemple via "le modèle européen ETS", mais "ne compensait pas complètement" ses émissions de CO2.
EasyJet veut donc respecter le principe du "pollueur-payeur" et communique le coût de la mesure: 32 millions de francs. Mais n'est-ce pas un sacrifice minime, alors que le bénéfice de la compagnie oscille entre 400 et 500 millions de francs par an? "C'est quand même 5 à 6% de notre bénéfice, c'est considérable. Si considérable qu'aucune autre compagnie ne nous a emboîté le pas", se défend Thomas Haagensen.
>> Lire aussi : Economiser mais polluer plus, le choix de certaines compagnies aériennes
Un avion "hybride" dès 2035
Thomas Haagensen précise que cette mesure "s'inscrit dans la continuité". "Nous avons investi des milliards depuis quelques années dans une flotte moderne et des avions NEO, avec des émissions de CO2 qui sont 15% plus basses. "Nous avons aussi initié un partenariat avec Wright Electric, pour commencer à développer le but ultime que l'on recherche: la décarbonisation de l'aérien, avec le développement de moteurs hybrides et ensuite électriques", poursuit-il, assurant qu'il n'y a pour l'heure "aucune autre alternative" à cette mesure immédiate.
Le but ultime que l'on recherche est la décarbonisation de l'aérien, avec le développement de moteurs hybrides et ensuite électriques.
Lorsque l'on parle d'avion électrique, nombreux sont ceux qui évoquent un voeu pieu. Thomas Haagensen, lui, assure que Wright Electric, le partenaire d'EasyJet, devrait pouvoir faire voler un "avion de 200 places à l'orée de 2035", qui permettrait "avec des moteurs hybrides, une réduction de 50% des émissions de CO2". Un projet qu'il estime "particulièrement adapté" au réseau "court et moyen courrier" opéré par EasyJet. "Evidemment, pour le long-courrier, c'est une autre paire de manches", précise-t-il. Thomas Haagensen évoque aussi les projets d'autres constructeurs, qui s'attellent à passer "au tout électrique". "On parle de 2050", assure-t-il.
Réponse technologique
Un total de 4,3 milliards de passagers (+6,1%) ont été transportés en 2018 dans le monde, selon l'OACI, l'agence des Nations unies spécialisée dans le transport aérien, et le trafic aérien est appelé à doubler dans les 15 à 20 ans à venir. La solution pour réduire les émissions ne viendrait-elle pas d'une réduction du nombre de passagers? "La demande est là. Et notre rôle dans le ciel européen était de démocratiser l'aérien, de permettre aux Européens de voyager pour affaires, pour loisirs, pour aller voir leur famille... C'est dans la technologie que se trouve la réponse", répond Thomas Haagensen.
>> Lire aussi : "Honte de prendre l’avion", les compagnies contre-attaquent
Propos recueillis par Renaud Malik/jvia