Cet effondrement est masqué par les chiffres d'affaires présentés par le secteur. Au niveau de l'argent engrangé, les marques horlogères se portent bien, puisqu'elles enregistrent une hausse des ventes de 1,5% pour le mois d'octobre, passant la barre symbolique des 2 milliards de ventes. Concrètement, les horlogers suisses vendent de plus en plus cher mais de moins en moins de montres.
Cette situation est difficile pour de nombreux sous-traitants, les commandes de pièces ne cessant de diminuer. Certaines entreprises se mettent à supprimer des postes et même à licencier, comme l'explique au 19h30 Joris Engisch, président de Jean Singer & Cie SA, manufacture de cadrans à La Chaux-de-Fonds: "Le chiffre d'affaires est une chose mais ce dont nous avons besoin, c'est de volume pour occuper nos gens, pour occuper nos moyens de production. Nous pouvons travailler sur des marchés de niche, sur du très haut de gamme mais ce n'est pas ça qui emploie le bassin de population de l'Arc jurassien. Il nous faut du volume pour pouvoir tourner et finalement pour gagner de l'argent pour investir dans les années à venir".
Conséquence: l'entreprise vient de supprimer 40 postes, dont 20 par licenciement, sur 310.
Pour 2020, la manufacture table sur une baisse des affaires de 15%. Yannick Chettouh, directeur des opérations Jean Singer & Cie SA, confirme: "2020 va être une année compliquée. Sur les signes que l'on voit aujourd'hui, on n'en voit aucun qui soit positif". Les récents licenciements devraient permettre à ce sous-traitant de passer l'année prochaine sans nouvelle restructuration.
Nombreux sous-traitants touchés
Selon une enquête de la Chambre neuchâteloise du commerce et de l'industrie (CNCI), cette situation touche de nombreux sous-traitants de l'Arc jurassien, explique Matthieu Aubert, membre de la Direction de la CNCI: "La visibilité est de plus en plus courte sur la marge des affaires, les sous-traitants ont de plus en plus de peine à anticiper les entrées de commandes des donneurs d'ordres."
La crise politique de Hong Kong serait une des causes de la chute des ventes. Une montre sur 10 serait toujours achetée dans l'ancienne colonie britannique. Par contre, le haut de gamme n'est pas concerné, les ventes des montres de plus de 3000 francs ne cessant de croître.
Miroslav Mares/lan