Ethos avait déjà lancé il y a deux ans un indice qui regroupe la quasi-totalité des entreprises cotées à Zurich. Ce nouvel outil, lui, scrute les 20 plus grandes capitalisations boursières et met en valeur les sociétés qui respectent les bonnes pratiques en matière de gouvernance et de responsabilité environnementale.
Cette poignée d'entreprises, qui composent le fameux Swiss Market Index (SMI), représentent 80% de la capitalisation totale du marché suisse des actions. Schématiquement, ce nouvel indice va pondérer la performance de Roche, Nestlé ou Novartis en prenant en compte les risques extra-financiers ou la qualité de la gouvernance de ces poids-lourds.
La focalisation sur les 20 principaux titres était la demande d'un investisseur de taille, Vaudoise Assurance, qui compte utiliser cet outil pour gérer plus de 200 millions de francs d'actions.
Forcer les sociétés à s'améliorer
Pour Vincent Kaufmann, directeur d'Ethos, c'est un moyen supplémentaire pour forcer ces sociétés à s'améliorer. "On utilise plutôt comme moyen de pression, aujourd'hui, l'exercice du droit de vote ou l'engagement d'un dialogue actionnarial dans lequel on est mandaté par un grand nombre de caisses de pension", souligne-t-il dans le 12h30. "Mais plus l'appétit des investisseurs pour des stratégies de durabilité dans leur investissement augmente, plus cette pression-là va avoir un impact sur le comportement des entreprises."
Selon Vincent Kaufmann, la question de la responsabilité environnementale gagne en importance aujourd'hui comme cela avait été le cas il y a quelques années avec les rémunérations abusives ou les doubles casquettes.
La nouvelle sensibilité des conseils d'administration
"Le climat, aujourd'hui, est une préoccupation des investisseurs et notamment des caisses de pension qui investissent à très long terme", note le directeur d'Ethos. Les conseils d'administration des entreprises eux aussi s'intéressent de plus près au risque climatique "et c'est une bonne nouvelle", souligne Vincent Kaufmann. "On a des discussions par exemple avec LafargeHolcim, l'un des plus grands émetteurs de CO2, et son président le dit: le respect des objectifs de Paris est une question de survie. C'est quelque chose qu'on n'aurait jamais imaginé il y a cinq ans."
Le directeur de l'Association suisse des banquiers Jörg Gasser estime justement, lundi dans la presse alémanique, que les banques ne devraient plus financer les entreprises avec une forte emprunte carbone. Ce modèle d'affaire, selon lui, n'a plus d'avenir.
Romain Bardet/oang