"Si l'entreprise était une personne, ce serait un jeune adulte de 21 ans et il serait temps de quitter le nid. (...) Nous pensons qu'il est temps d'assumer le rôle de parents fiers, qui offrent des conseils et de l'amour, mais pas une surveillance quotidienne lancinante!", ont écrit les deux fondateurs, Sergey Brin et Larry Page, qui restent actionnaires et membres du conseil d'administration d'Alphabet.
Le moteur de recherche et sa plateforme de vidéos YouTube représentent l'écrasante majorité des revenus du groupe, grâce aux recettes publicitaires.
Des paris "perdants"
Alphabet a été fondé en 2015 pour englober Google et toutes les activités non centrales du groupe, des voitures autonomes de Waymo à la filiale Sidewalk Labs consacrée aux "villes intelligentes", ou encore Calico, spécialiste des biotechnologies.
La plupart de ces "paris" perdent de l'argent malgré les ressources de Google, parce qu'ils "n'ont pas la mentalité 'réussir ou mourir' des start-up indépendantes", analyse Roger Kay, du cabinet Endpoint Technologies.
La nomination de Sundar Pichai est donc "complètement logique", selon Bob O'Donnell, de Technalysis. "Il est évident que ça va très bien pour Google, donc pourquoi ne pas donner aussi à son dirigeant les rênes de tout le groupe?".
Un colosse
Sundar Pichai, 47 ans, prend les rênes d'un colosse qui emploie plus de 100'000 personnes dans le monde, et se trouve aujourd'hui empêtré dans de nombreuses controverses liées à sa position dominante sur internet et dans les technologies en général.
Né dans un milieu modeste à Chennai, en Inde, il a étudié à l'Indian Institute of Technology (IIT) de Kharagpur avant de partir aux Etats-Unis pour continuer ses études (notamment à l'université de Stanford) et lancer sa carrière.
"Sundar apporte de l'humilité et une grande passion pour la technologie à nos utilisateurs, à nos partenaires et à nos employés au quotidien. (...) Nous n'aurions pas pu trouver mieux pour mener Google et Alphabet vers l'avenir", ont déclaré Larry Page et Sergey Brin, peu présents depuis plusieurs années, mais qui conservent cependant une part majoritaire des votes dans l'entreprise.
agences/jfe
Plusieurs controverses
Le groupe californien se trouve aujourd'hui empêtré dans de nombreuses controverses liées à sa position dominante sur internet et dans les technologies en général. Plusieurs gouvernements et régulateurs l'accusent de mauvaises pratiques en termes de protection de la vie privée et de gestion des données personnelles.
L'Europe reproche régulièrement à Google et aux autres géants numériques de ne pas payer leur juste part d'impôt, grâce à des montages d'optimisation qui leur permettent de transférer leurs bénéfices vers des Etats à faible fiscalité. Aux Etats-Unis, le moteur de recherche fait face à plusieurs enquêtes antitrust pour déterminer s'il a abusé de sa position dominante sur certains marchés.
En interne enfin, le groupe est régulièrement critiqué pour avoir largement dévié des idéaux gravés dans le code de conduite des débuts, qui comprenaient la formule "don't be evil", c'est-à-dire "ne soyez pas malveillants".
Les reproches de salariés ou d'ex-employés portent sur des sujets divers, des relations de l'entreprise avec les gouvernements américains ou chinois aux accusations d'avoir étouffé des cas de harcèlement sexuel.