L'opération se double d'une OPA amicale de GermanCapital sur Leclanché.
«Cette acquisition est une opportunité à saisir pour Leclanché»,
a estimé mardi lors d'une conférence téléphonique Raoul Sautebin,
administrateur-délégué de Leclanché. Elle vient parachever le
virage stratégique pris dès 2003 par la société basée à
Yverdon-les-Bains (VD).
Cette quasi-fusion s'est faite «naturellement», a insisté M.
Sautebin. Bullith et Leclanché sont complémentaires: l'allemand
amène sa technologie et son savoir-faire, le vaudois est à même de
l'intégrer dans des systèmes complets et dispose d'une expérience
industrielle ainsi que d'une force de vente et de marketing.
L'acquisition de Bullith permettra à Leclanché de regagner un
leadership technologique et de se profiler dans des marchés de
niches à haute valeur ajoutée. Le groupe vaudois espère ainsi
renouer avec la croissance. Sa perte opérationnelle 2005 s'est
inscrite à 2,1 millions de francs (2,2 millions en 2004) pour 25,6
millions de chiffre d'affaires (31,1 millions en 2004).
Leclanché n'est toutefois pas aux abois: malgré le remboursement
d'un prêt de 4,5 millions de francs, la société possède encore 2,8
millions de liquidités et de titres. La structure de son bilan est
saine, avec plus de 80% de fonds propres.
OPA amicale
L'opération présentée mardi permet au groupe vaudois de nouer
des liens étroits avec GermanCapital GmbH. Cette société munichoise
spécialisée dans les investissements dans les PME industrielles
européennes était un des actionnaires de Bullith.
Intéressée au redéploiement stratégique de la société
yverdonnoise, GermanCapital lancera fin mars une offre publique
d'acquisition par l'intermédiaire de sa filiale EnergyGroup Holding
à St-Gall (ex-GC-2 AG).
150 francs par action
Cette OPA amicale concerne l'ensemble des actions Leclanché
détenues par le public. Le prix offert est de 150 francs par
action. GermanCapital a déjà pris une option sur les 20 000 titres
détenus par la caisse de pension Leclanché, qui souhaitait s'en
défaire.
Techniquement, l'assemblée générale des actionnaires de Leclanché
se verra proposer le 16 mars une augmentation de capital d'un
montant nominal de 2,1 millions de francs. Ces nouvelles actions
seront réservées aux actionnaires actuels de Bullith. GermanCapital
lancera son OPA le 27 mars.
Mini-batteries
Le groupe vaudois cherchait depuis 2003 à acquérir un
savoir-faire dans le domaine de la miniaturisation. Bullith, créée
en 2000 à Ismaning, au nord de Munich, est issue du
Fraunhofer-Institut, un des grands centres européens de recherche
et développement. Elle a réalisé un chiffre d'affaires de 0,4
million de francs en 2005.
Les mini-batteries flexibles et rechargeables qu'elle fabrique
sont basées sur la technologie «lithium-ion polymère», protégée par
une dizaine de brevets avec une couverture mondiale. Bullith
utilise le titanate au lieu du graphite traditionnel, ce qui permet
un nombre de cycles «charge/décharge» jusqu'à cinq à six fois
supérieur à ce qui se trouve actuellement sur le marché.
De plus ces mini-batteries peuvent être fabriquées dans les formes
les plus diverses, selon les besoins des clients. Ces avantages
sont décisifs sur les marchés très exigeants que Leclanché vise à
l'avenir, comme le médical ou le militaire.
ATS/sch
Activités abandonnées
Une partie de la production pourrait être transférée à Yverdon d'ici trois à cinq ans, a estimé M. Sautebin. Mais elle sera dans un premier temps développée en Bavière, ce qui constitue la solution «la moins risquée».
Ancien fleuron industriel vaudois, Leclanché revient de loin. Depuis 2003, le groupe a abandonné ses activités non rentables. La production de piles à été arrêtée. Les participations au développement de cellules solaires et aux condensateurs ont été cédées. Les effectifs ont été réduits à 126 postes à plein temps. La société espère que cet achat lui donnera un nouvel élan.