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Lourde perte pour Serono en 2005

Le 2e trimestre 2006 est un bon cru pour la biotech genevoise
Serono enregistre une lourde perte en 2005
Serono a essuyé une perte nette de 106,1 millions de dollars (137,2 millions de francs) l'an dernier, suite à une grosse amende payée aux Etats-Unis.

Le groupe biotechnologique genevois avait enregistré un bénéfice net de 494,2 millions de dollars en 2004. Le chiffre d'affaires a augmenté de 5,2% à 2,59 milliards de dollars.

Sans tenir compte des problèmes liés à la sanction
outre-Atlantique, le résultat net a bondi de 28,4% à 565,3 millions
de dollars, a précisé le groupe genevois lundi dans un
communiqué.



«La croissance et l'expansion de nos activités se sont poursuivies
en 2005», a commenté Ernesto Bertarelli, directeur général du
groupe. L'amélioration de la rentabilité opérationnelle et le
dynamisme de la stratégie d'accords de licences a permis «de
renforcer le portefeuille de recherche et développement de la
société.»

Ventes globales en hausse

Les ventes globales ont augmenté de 7,4% à 2,3 milliards de
dollars. En monnaies locales, la hausse a été de 6,7% sur l'année.
En Europe occidentale, elles ont gagné 11,4% à 1,3 milliard de
dollars. Sur le marché nord-américain, les ventes n'ont progressé
que de 1,2% à 848,2 millions de dollars. Dans le reste du monde,
leur croissance a atteint 10,8% à 452,4 millions.

Rebif en tête aux Etats-Unis

Le chiffre d'affaires du Rebif, principal produit de Serono
(54,3% du total), a progressé de 16,4% à 1,27 milliard de dollars.
Aux Etats-Unis, ce produit a enregistré la plus forte croissance du
marché, en hausse de 31,8% à 389,5 millions de dollars.



Concernant le reste du portefeuille de produits, Serono relève la
baisse de 4,5% des ventes de son second produit, le Gonal-F (23,4%
du total), sous la pression persistante de la concurrence aux
Etats-Unis. Elles ont atteint 547 millions de dollars. «En
décembre, le cap d'un million de stylos Gonal-f vendus a été
franchi», souligne toutefois le groupe.



A l'inverse, les ventes du Saizen (8,8% du total), destiné au
traitement du déficit en hormone de croissance, ont augmenté de
13,4% à 206,5 millions de dollars. Ce médicament a été homologué
aux Etats-Unis chez l'adulte. Une procédure de reconnaissance
mutuelle dans quinze pays de l'Union européenne pour une mise sur
le marché de ce produit pour l'enfant a pris fin avec succès.

Discrétion toujours de mise

Pour 2006, Serono table sur une poursuite de la vente de ses
médicaments, "dans la fourchette haute d'un taux de croissance à un
chiffre". Le groupe mise aussi sur un bénéfice par action de 42 à
43,40 dollars, mais précise que "cette estimation ne tient pas
compte des dépenses liées à de nouveaux accords ou à d'autres
éléments exceptionnels".



Lors de l'assemblée générale le 25 avril, le conseil
d'administration proposera le paiement d'un dividende de 10 francs
par action au porteur, de 4 francs par action nominative et de 0,25
franc par ADS, soit une hausse de 11,1% par rapport à 2004.



A la Bourse, l'action Serono a reculé dans la matinée, soit de
2,3% à 937 francs. Par la suite, elle a refait une bonne partie du
terrain perdu, s'inscrivant à 954 francs (-0,6%) en milieu
d'après-midi

Pas de précision sur une vente éventuelle

La multinationale ne donne pas d'indication précise sur le
processus d'analyse stratégique en cours, qui pourrait conduire à
une vente de la société appartenant à la famille Bertarelli à un
concurrent. Elle indique simplement qu'il "n'y a pas de certitude
qu'une transaction soit conclue".



Le 8 novembre 2005, le groupe avait annoncé avoir mandaté Goldman
Sachs pour "explorer" plusieurs solutions. "Le processus est en
cours", dit toujours Serono.



Selon la presse financière, plusieurs candidats, dont
GlaxoSmithKline, le dernier en date, auraient dévoilé leur intérêt
à la famille Bertarelli, premier actionnaire du groupe. Mais les
parties ne se seraient pas entendues sur le prix souhaité, soit 15
milliards de dollars.



Pour certains analystes, les tractations ne sont pas pour autant
terminées. Au vu de la faiblesse des résultats 2005, "l'actionnaire
principal pourrait reconsidérer des offres plus basses", estime
Olav Zilian de Helvea (Pictet & Cie) dans une note.



ats/ml

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Des accusations qui pèsent lourd

Selon des responsables américains, Serono avait comploté avec le fabricant d'un appareil médical non homologué, pour obtenir des résultats plus favorables. Le groupe était aussi accusé d'avoir offert à des médecins de participer tous frais payés à un congrès médical à Cannes à condition de prescrire au moins 30 ordonnances de Serostim chacun.

Le groupe genevois avait plaidé coupable en décembre dernier devant un tribunal de Boston. Serono était parvenu à un accord avec la justice sur le montant des amendes à payer, soit 704 millions de dollars (908 millions de francs).

Le jugement prévoit aussi, conformément à l'accord passé avec Serono et ses filiales américaines, l'exclusion du groupe suisse de tous les programmes de santé fédéraux américains pour une période de cinq ans.

Cet accord serait le troisième en importance dans les cas de fraudes de médicaments aux Etats-Unis. Il vise à récupérer les sommes payées par les services de santé publiques américains de 1996 à 2004.

Serostim, un produit convoité

La Serostim est une hormone de croissance humaine recombinante, la première à avoir bénéficié d'une homologation de la Federal Drug Administration (FDA) aux Etats-Unis en 1996. Elle est prescrite pour traiter la perte de poids, souvent fatale, des patients atteints du sida.

Très coûteux et généralement administré sur douze semaines, ce traitement revient à 27'000 francs et aurait rapporté, selon le procureur général, plus de 116 millions de francs à Serono.