C'est une revendication politique écologiste: réduire les investissements dans les énergies fossiles. Elle peut désormais s'appuyer sur un nouvel avis juridique de la Confédération. Il affirme que les acteurs des marchés financiers doivent tenir compte des risques climatiques. Mais il s'agit bien des risques pour l'argent des clients et pas de l'impact des placements financiers sur l'environnement. Une canicule qui fait chuter la valeur d'un titre, par exemple, ou des inondations qui affectent un bien.
Selon le droit suisse, les institutions de prévoyance doivent gérer leur fortune de manière à garantir la sécurité des placements, un rendement raisonnable et une répartition appropriée des risques. Le nouveau rapport commandé par l'Office fédéral de l'environnement (OFEV) stipule que la gestion classique des risques dans la politique de placement doit être étendue aux risques climatiques.
Mais le droit suisse n'oblige pas les acteurs financiers à tenir compte de l'impact de leurs placements sur le climat, selon la juriste Cornelia Stengel, qui a rédigé l'avis de droit pour l'Office fédéral de l'environnement. Elle précise qu'il n'est donc pas obligatoire de prendre en compte l'impact sur le climat en amont dans les consultations ou les investissements.
Une étape tout de même
Mais cet avis de droit met quand même la pression sur les acteurs financiers, selon l'Alliance climatique, parce qu'ils doivent tenir compte du risque économique pour leur client.
C'est donc une étape vers des placements plus verts, même s'il est difficile de prouver le risque climatique avec le droit actuel. Le Conseil fédéral pourrait le clarifier. Un rapport est attendu au printemps sur la finance durable. Ces éléments pourraient être intégrés dans la révision de la loi sur le CO2 en discussion au Parlement.
Alexandra Richard/ddup
Pratiques contradictoires
Des études ont montré que le choix des investissements faits par les fonds de pension et les compagnies d'assurances suisses entraîne un réchauffement climatique de l'ordre de 4 à 6 degrés. D'un point de vue scientifique, la hausse des températures devrait être limitée à 1,5 degré par rapport au niveau pré-industriel.
Simonetta Sommaruga avait relevé les incohérences helvétiques dans ce domaine dans une interview: "Il est contradictoire que nous renforcions la protection du climat en Suisse et qu'en même temps, nous investissions dans le secteur pétrolier via nos fonds de pension et nos prêts bancaires." (ats)