Selon Public Eye, Syngenta a exporté 37 tonnes de profénofos au Brésil en 2018, une substance qui se retrouve ensuite dans l'eau potable de ce pays, dénonce l'association.
"Dans un échantillon sur dix, les valeurs de profénofos détectées sont telles que l'eau serait considérée comme impropre à la consommation en Suisse", assure Laurent Gaberell, de Public Eye, au micro de La Matinale de la RTS. "Sur le long terme, une exposition même à de faibles quantités de profénofos, notamment à travers l'eau potable, peut provoquer des dommages au cerveau." Les enfants, dont le cerveau est en développement, sont particulièrement exposés.
Motion classée à Berne
Cette substance nocive est ainsi bannie en Suisse, alors que son exportation demeure parfaitement légale. Et le cas du profénofos n'est pas unique: la Suisse exporte en effet en moyenne 145 tonnes de pesticides prohibés par année.
A Berne, certains tentent de réagir, mais une motion demandant d'interdire cette pratique a été classée au Parlement le mois dernier.
Le Conseil fédéral recommandait également son rejet, au nom de la liberté économique. Le gouvernement réfléchit plutôt à encadrer les ventes et propose d’obtenir le feu vert explicite du pays de destination.
Retour indirect dans les assiettes
Mais Public Eye doute que ces mesures envisagées par la Confédération soient suffisantes. Même à droite, certains élus soutiennent une mesure plus drastique, à l'image de Laurent Wehrli, conseiller national PLR vaudois: "Si des spécialistes disent que cette substance est nocive à tel point qu'il n'est pas possible de la vendre en Suisse, j'ose penser que du coup il serait mieux de ne pas la vendre à l'étranger."
Contactée par la RTS, Syngenta répond qu'elle respecte les lois et que ses produits sont surveillés à travers le monde.
L'ironie de cette histoire, c’est que le profénofos, interdit dans nos champs, se retrouve dans certaines denrées importées et finit tout de même dans nos assiettes.
Sandrine Hochstrasser/boi