Un Forum de Davos marqué par la question climatique, mais les mesures tardent
- La 50e édition du Forum économique mondial (WEF), qui s'est terminée vendredi 24 janvier, a vu défiler à Davos plus de 2800 participants de quelque 90 pays, issus du monde économique, politique, scientifique et culturel.
- Donald Trump et Greta Thunberg étaient les têtes d'affiche cette année, même s'ils ne se sont pas parlés. Durant son discours, auquel assistait la jeune activiste, le président américain a fustigé les "prophètes de malheur" du climat. "La maison brûle" et "rien n'a été fait pour le climat", a répondu Greta Thunberg durant une autre intervention.
- Le réchauffement climatique est bel et bien au centre des préoccupations dans les Grisons. Le fondateur du WEF Klaus Schwab entendait d'ailleurs placer cette édition anniversaire sous le signe de l'action avec la prise de mesures concrètes. Des militants pour le climat ont eux effectué une marche pour rejoindre la station grisonne.
- Ce WEF a aussi été l'occasion pour les conseillers fédéraux de soigner les relations avec les dirigeants mondiaux. Simonetta Sommaruga s'est ainsi entretenue avec Donald Trump, évoquant un accord de libre-échange entre les deux pays. La veille, une rencontre jugée constructive mais sans grande annonce a aussi eu lieu à Davos entre trois conseillers fédéraux et des représentants européens, dont la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen.
Le bilan du WEF
"Difficile voire impossible à faire"
"Par définition, il est difficile voire impossible de faire le bilan du WEF car sa mission affichée, améliorer l'état du monde, est seulement la pointe de l'iceberg", a déclaré dans Forum Jean-Christophe Graz, professeur en relations internationales à l'Institut d'études politiques et internationales de l’Université de Lausanne.
"Le WEF est un club privé qui a pour mission principale d'offrir des services pour faire avancer les intérêts particuliers de ses membres. C'est aussi un énorme hôtel qui facilite des réunions privées entre toute sorte de personnes".
Greta Thunberg n'est pas satisfaite
Ses revendications "ignorées"
Greta Thunberg a estimé vendredi que ses revendications avaient été "complètement ignorées" par l'élite politique et économique rassemblée en Suisse.
"Nous avions quelques revendications (en arrivant). Evidemment elles ont été complètement ignorées. Mais nous nous y attendions", a dit à la presse la jeune Suédoise, qui demande un arrêt immédiat du financement des énergies fossiles.
Interrogée sur des déclarations la visant d'un ministre américain, elle a assuré qu'elles n'avaient "pas d'effet" sur elle. "Nous sommes constamment critiqués de cette manière. Si nous y faisions attention, nous ne pourrions pas faire ce que nous faisons. Nous nous mettons nous-mêmes sous le feu des projecteurs", a analysé la militante.
Le secrétaire américain au Trésor Steven Mnuchin avait conseillé à Greta Thunberg de "faire des études d'économie et d'aller à l'université".
La jeune Suédoise, qui a interrompu pour un an son cursus scolaire afin de se consacrer à la mobilisation climatique, avait répliqué sur Twitter qu'il n'y avait "pas besoin de diplôme universitaire" pour déterminer que les efforts de réduction des émissions de CO2 étaient insuffisants, graphique à l'appui.
Accord de libre-échange avec Washington
Il faut du "concret"
L'ensemble du Conseil fédéral s'est déplacé dans la station grisonne cette année, notamment pour parler d'accord de libre-échange avec les Etats-Unis.
L'ambassadeur américain en Suisse Edward McMullen a fait état de "vraies chances" d'aboutir et le chef du Département fédéral des affaires étrangères Ignazio Cassis estime "possible" un consensus avant le scrutin aux Etats-Unis.
Mais il faut désormais du "concret", a relevé Guy Parmelin, cnoseiller fédéral en charge du Département de l'Economie, de la Formation et de la Recherche . Les discussions pilotées par la secrétaire d'Etat à l'économie Marie-Gabrielle Ineichen-Fleisch et le représentant américain au commerce Robert Lightheizer ne sont toujours qu'exploratoires. La première a fait comprendre que les contours du contenu ne sont pas encore identifiés. Et la question agricole, incontournable pour les Etats-Unis, divise toujours.
L'heure du bilan a sonné
Le climat éclipsé par les tensions commerciales
Le monde peint par les élites économiques mondiales lors de leur rencontre s'approche-t-il de slogan du WEF cette année, "un monde plus inclusif et durable"?
Si les entreprises avaient soigneusement préparé leur communication face aux revendications climatiques, la réunion a également joué le rôle de baromètre des tensions commerciales. A l'instar des diverses attaques égrenées par le président américain Donald Trump lors de ses différentes interventions.
Christine Lagarde, Présidente de la Banque Centrale Européenne
"Avec Angela Merkel, Ursula von der Leyen et moi, ça va changer!"
La Présidente de la Banque Centrale Européenne (BCE), Christine Lagarde, estime que la présence de trois femmes au premier rang de l'Europe vont changer "l’inspiration" de l'Union européenne. Selon elle, "avec Lehman Sisters, la grande crise de 2008 aurait été différente qu'avec Lehman Brothers."
Christine Lagarde confie en particulier la complicité qui la lie avec Angela Merkel, pour la "stabilité de l'Europe" mais aussi à titre personnel: "Je lui offre mes confitures de framboises". La chancelière allemande entend se retirer de la politique une fois son quatrième mandat terminé en 2021.
Christine Lagarde s’exprime également sur les investissements massifs pour le climat, à l’heure où le loyer de l’argent est bas. Un plan Marshall vert tel que celui proposé par la nouvelle présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen, est-il possible ? "Oui!" répond Christine Lagarde, en détaillant les mécanismes qui le mettraient en œuvre.
Pour sa dernière prestation à Davos en tant que chancelière allemande, Angela Merkel s'en est pris à la position du président américain Donald Trump, sans le nommer, sur l'OMC. Jeudi au WEF, elle a aussi à nouveau appelé le monde à collaborer contre le changement climatique.
Mentionnant les tensions liées à l'Organisation mondiale du commerce (OMC), Angela Merkel s'est dite "d'accord avec le président américain" sur le besoin d'une réforme de l'institution. "Mais il faut la rendre opérationnelle".
Et de cibler le blocage du tribunal d'appel de l'OMC par les Etats-Unis depuis plus de deux ans qui a rendu celui-ci dysfonctionnel. "Cela nous complique la vie", a-t-elle insisté. Autre inquiétude, quelques jours après la conférence internationale sur la Libye, elle a mis en garde contre une répétition de la situation syrienne dans ce pays.
Angela Merkel a aussi évoqué le Brexit: à ses yeux, le Royaume-Uni n’a jamais été heureux au sein de l’Union européenne. Les Britanniques ont toujours boudé l’Europe et refusé de participer aux accords de Schengen, a-t-elle estimé, avant d'ajouter que la politique intérieure européenne ne les a jamais intéressés et le Royaume-Uni a toujours été hésitant avec le marché intérieur commun.
Sur le plan économique, Angela Merkel constate que l’Union européenne aura prochainement un nouveau concurrent sur le pas de sa porte. Pour la chancelière, cette situation devrait être un catalyseur d’intégration pour l’UE et les Etats membres.
Georges Soros veut contrer les dictateurs
Le milliardaire est prêt à investir
Le milliardaire américain George Soros a annoncé à Davos qu'il allait investir un milliard de dollars dans un projet de réseau d'universités. Ce dernier aura pour but de mobiliser contre les "dictateurs actuels et en devenir", et contre le réchauffement climatique.
"La survie des sociétés ouvertes est menacée et nous faisons face à une crise encore plus grande: le changement climatique", a-t-il dit lors du dîner qu'il donne chaque année en marge du WEF.
George Soros a qualifié ce projet (Open Society University Network) de "plus important de (sa) vie", expliquant que toutes les universités du monde pourraient y participer. Pour lui, ce réseau doit permettre d'atteindre "des endroits en manque d'éducation de qualité et des populations négligées".
Le financier devenu philanthrope a déploré que la Chine, les Etats-Unis et la Russie soient aux mains de "dictateurs actuels ou en devenir" tandis que "les rangs des dirigeants autoritaires grossissent."
Pour lui, "le plus grand et plus effrayant retour en arrière" concerne l'Inde, où George Soros a accusé le Premier ministre Narendra Modi de "créer un Etat nationaliste hindou".
Brune Poirson, secrétaire d'Etat française pour la transition écologique
"Il y a trop de yaka faukon chez les Verts"
La secrétaire d'Etat française pour la transition écologique, Brune Poirson, réagit aux déclarations d'intention écologiques qui se multiplient au World economic forum de Davos. Elle salue une "prise de conscience" mais s'inquiète d'un "populisme vert" qui pousse certains milieux à la surenchère.
"Un excès de catastrophisme chez les écologistes est dangereux", estime Brune Poirson, qui dénonce un "nouveau populisme": "C'est le cas de Jean-Luc Mélenchon en France qui a promis de tout résoudre comme par magie", juge la ministre dans l'entretien accordé à la RTS.
De même, Brune Poirson se distancie des slogans "anticapitalistes" d'une grande partie des militants du climat. "J'ai moi-même dénoncé le capitalisme vorace et l'excès de l'économie financière, mais la transition écologique se fera dans le cadre de l'une économie de marché responsable."
Bruno Le Maire, ministre français de l'Economie
"La France obtiendra encore plus dans la taxation numérique"
Le ministre français de l’Economie et des Finances Bruno Le Maire explique que la France espère en obtenir davantage en matière de taxation des GAFA dans le cadre de la négociation au sein de l’OCDE et de son bras de fer avec les Etats-Unis.
Optimisme sur un accord commercial avec les USA
"Possible", selon Ignazio Cassis
Ignazio Cassis estime "possible" un accord commercial avec les Etats-Unis avant la présidentielle américaine de novembre.
"Je pense que c'est possible si on identifie les pistes", a affirmé le conseiller fédéral au sujet des discussions avec les Etats-Unis sur un accord commercial, devant la presse en marge du WEF. "Nous n'avons pas discuté de délai. Personne ne veut se mettre sous pression", a-t-il toutefois ajouté.
De son côté, la délégation américaine, notamment le président Donald Trump, n'a pas caché son souhait d'aboutir à un accord avec la Suisse.
L'agriculture divise toujours
Dans un entretien à plusieurs médias alémaniques, l'ambassadeur Edward McMullen a admis que l'agriculture restait l'une des questions qui divisent.
"J'ai eu le sentiment clair que la volonté est très forte. Mais ce n'est pas en quelques minutes qu'on sort avec une promesse", a dit de son côté Ignazio Cassis. Pour la première fois, tous les acteurs de ces discussions des deux côtés étaient présents dans la même salle. Mais celles-ci restent encore exploratoires.
Trop de temps sur le climat?
La discussion sur le climat a pris un "certain temps" lors de la réunion avec la Suisse à Davos, a par ailleurs déclaré Edward McMullen dans ses entretiens. "Plus que ce qu'il aurait été nécessaire, mais c'était 'ok' pour nous".
Le fait que la présidente de la Confédération Simonetta Sommaruga ait mentionné l'accord de Paris sur le climat n'était "pas très productif", car "tout le monde sait comment se positionne le président Trump sur la question". L'ambassadeur relève encore que certains participants du côté suisse ont souhaité accorder plus de temps à la "discussion commerciale".
Ignazio Cassis n'a pas souhaité commenter jeudi les déclarations de l'ambassadeur. "Je lui ai parlé hier soir. Il était tout à fait content de la rencontre de mardi et a rapporté que le président Trump l'était aussi", a-t-il expliqué. Et d'estimer qu'"il avait un bon équilibre" entre les trois questions au menu des discussions qui étaient l'économie et le climat mais également la représentation suisse des intérêts américains en Iran.
Les activistes sont aussi présents
L'exemple de Greenpeac
Dans la station grisonne, il n'y a pas que des leaders politiques et économiques. Les activistes ont également peu à peu été intégrés à l’intérieur même du Forum, à l'image des syndicats et des ONG.
Parmi eux figure Jennifer Morgan, directrice exécutive de Greenpeace International, qui est présente pour la quatrième fois à Davos. Si sa participation suscite toujours une grande réflexion au sein de l'ONG, elle juge qu'il est utile de confronter ses idées à celles des gens qui sont vus comme la cause des problèmes.
Elle dit aussi avoir pu obtenir l’attention des médias sur le secteur financier, et avoir pu confronter certains patrons quant au rôle du secteur financier dans la crise climatique.
Le chef du gouvernement italien annule
Des tensions au pays
Le chef du gouvernement italien Giuseppe Conte a annulé sa venue jeudi à Davos. Cette décision intervient à quelques jours d'élections régionales cruciales, alors que la coalition au pouvoir à Rome est fragilisée.
Giuseppe Conte devait prononcer un discours jeudi à 16h. Selon des sources proches du gouvernement, citées par les agences italiennes, le président du conseil est retenu à Rome pour "des obligations gouvernementales urgentes". Il doit notamment préparer un conseil des ministres prévu dans la soirée et a des réunions sur des dossiers urgents.
La coalition gouvernementale de centre-gauche est fragilisée par la démission du chef du Mouvement Cinq Etoiles (M5S, anti-système) Luigi Di Maio de la tête de son parti. Ce dernier a annoncé cette décision mercredi, à quatre jours d'un scrutin régional crucial.
Un ministre américain dit à Greta Thunberg de faire des études
"Ensuite elle pourra revenir nous voir"
A Davos, le secrétaire américain au Trésor Steven Mnuchin a conseillé jeudi à Davos à Greta Thunberg de "faire des études d'économie et d'aller à l'université".
Interrogé sur la revendication de la jeune Suédoise, qui appelle à un arrêt immédiat des investissements dans les énergies fossiles, il a répondu lors d'une conférence de presse: "Qu'elle fasse d'abord des études d'économie et qu'elle aille à l'université, et ensuite elle pourra revenir nous voir".
L'administration Trump et Greta Thunberg se sont opposés depuis mardi à Davos mais jusqu'ici de manière plus voilée, et sans jamais se rencontrer physiquement.
Une conférence de presse surprise
Donald Trump bouscule l'agenda davosien
Le président américain Donald Trump a indiqué mercredi que Washington avait engagé des discussions pour réformer l'Organisation mondiale du commerce (OMC). Il a dénoncé une nouvelle fois le traitement jugé "inéquitable" des Etats-Unis par l'institution dans le règlement de conflits commerciaux.
"J'ai un différend avec eux (l'OMC) depuis assez longtemps parce que notre pays n'a pas été traité avec équité (...) Nous discutons d'une structure entièrement nouvelle pour se mettre d'accord (...) Nous devons faire quelque chose", a affirmé Donald Trump à Davos, aux côtés du directeur général de l'OMC Roberto Azevedo.
Nouveaux pays ajoutés à la liste controversée
Sur le front sécuritaire, Donald Trump a annoncé que son administration s'apprêtait à ajouter "quelques pays" à sa liste controversée d'Etats dont les ressortissants sont interdits de voyage ou soumis à d'importantes restrictions pour entrer aux Etats-Unis.
"Nous ajoutons quelques pays (à cette liste). Nous devons rester en sécurité. Notre pays doit être en sécurité", a-t-il martelé, précisant que les noms de ces pays seront annoncés "très prochainement". Le Wall Street Journal a rapporté plus tôt mercredi que l'administration Trump prévoyait d'ajouter sept Etats africains et asiatiques, dont le Nigeria.
Il aurait "adoré" rencontrer Greta
Le chef de la Maison Blanche a par ailleurs assuré qu'il "aurait adoré" rencontrer à Davos la jeune militante du climat Greta Thunberg, qu'il avait critiquée implicitement mardi par discours interposés.
"J'aurais adoré la voir, lui parler", a déclaré Donald Trump. Considère-t-il toujours le réchauffement climatique comme "un canular"? "Non, pas du tout, mais certains aspects le sont", a-t-il répondu, sans précisions, jugeant "irréalistes" les exigences de militants environnementaux.
Déçu de ne pas assister à son procès
Enfin, sur le front interne, le président américain a affirmé qu'il "adorerait" être présent à son procès en destitution, actuellement instruit au Sénat des Etats-Unis, mais a assuré que ses avocats le dissuadaient d'y assister.
"J'adorerais y aller. J'aurais en quelque sorte adoré m'asseoir au premier rang et contempler leurs visages corrompus", a-t-il déclaré, en référence aux sénateurs américains chargés de le juger. Néanmoins, "je pense que (mes avocats) pourraient trouver cela problématique", a-t-il ajouté.
Retour en voiture
La météo a empêché Donald Trump de quitter le WEF mercredi en hélicoptère, comme prévu. En raison du brouillard, le président américain a dû faire le trajet en voiture. Un convoi d'une vingtaine de véhicules a emprunté les 150 km entre Davos et l'aéroport de Zurich.
Commerce USA-Europe
Les Américains repartent à l'assaut de l'Europe
Les Etats-Unis ont relancé mercredi à Davos leur offensive commerciale contre l'Europe, menaçant de surtaxer les voitures européennes si les Européens n'abandonnent pas leurs projets de taxe numérique, ou ne signent pas avec Washington un accord commercial.
Après une première journée mardi dominée par le thème du climat, le président américain a bousculé mercredi l'agenda de l'élite économique et politique mondiale réunie dans les Alpes suisses pour imposer l'un de ses thèmes de prédilection: le rééquilibrage des relations commerciales américaines.
"Il est très très dur de traiter avec l'Europe. Ils tirent avantage de notre pays depuis des années (...) Si nous n'aboutissons pas à quelque chose (en terme de négociations commerciales), je prendrai des mesures, et ce sera des taxes très élevées sur leurs automobiles et autres produits (importés) dans notre pays", a dit Donald Trump dans un entretien accordé mercredi à la chaîne CNBC en marge du Forum économique mondial. Il a évoqué une taxe de 25% sur les véhicules européens.
Une première journée marquée par le choc de deux mondes
Climat et économie ne se sont pas rencontrés à Davos
Un choc entre deux mondes a eu lieu au premier jour du Forum économique mondial de Davos: celui du président américain Donald Trump, l'homme qui a sorti les Etats-Unis de l'accord de Paris sur le climat, et celui de l'icône de la lutte contre le réchauffement climatique, Greta Thunberg. Deux figures mondiales, mais pas de rencontre.
Lorsque Donald Trump s'est présenté à Davos il y a deux ans, il y a un peu débarqué comme un éléphant dans un magasin de porcelaine. Cette année, le changement de climat était radical: en venant célébrer la réussite de l'économie américaine, avec une bourse qui flambe et des chiffre du chômage qui baissent, le président américain semblait comme faire partie des meubles. "Le club l'a un peu adopté", a constaté Bernard Rappaz, rédacteur en chef de la rédaction TV, dans le 19h30.
Discussions Suisse-Etats-Unis
Donald Trump intéressé par un accord de libre-échange
A Davos, Donald Trump a montré son intérêt pour un accord de libre-échange avec la Suisse. "J'aimerais avoir un accord" sur le commerce, a relevé le président américain au début de la rencontre avec la présidente de la Confédération Simonetta Sommaruga à Davos. Les deux dirigeants étaient accompagnés de plusieurs membres des deux gouvernements.
"Voyons ce que nous pouvons faire", a-t-il dit, tout en relevant que les deux pays travaillaient sur d'autres dossiers.
Le président américain avait déjà donné des signaux positifs à l'ancien président de la Confédération Ueli Maurer, en mai dernier. Mais le président de l'Union suisse des paysans Markus Ritter avait douté ensuite de la conclusion rapide d'un accord, en raison de la question agricole.
Comme les discussions entre la secrétaire d'Etat Marie-Gabrielle Ineichen-Fleisch et le représentant au commerce américain Robert Lightheizer sont encore exploratoires, il est difficile de savoir quels seraient les contours d'un accord. "Ils ont beaucoup d'idées", a de son côté déclaré Simonetta Sommaruga après la rencontre. Tout est ouvert, notamment sur des thématiques comme le commerce électronique. Mais il faudra réconcilier certains points de vue, a admis de son côté la présidente.
Sommaruga évoque le réchauffement climatique
Par ailleurs, Donald Trump "a expressément remercié la Suisse" pour son mandat de représentation des intérêts américains en Iran, a fait savoir la présidente de la Confédération. "Il a constaté que cela a aidé à la désescalade récente" entre Washington et Téhéran après l'assassinat du général iranien Qassem Soleimani. "Nous avons confiance à 100% dans la Suisse", a aussi affirmé le président américain.
En revanche, les positions sont clairement divergentes sur le climat, même si des points communs peuvent être dégagés, selon la conseillère fédérale. Elle avait souhaité cette thématique au menu de la rencontre. Elle a déploré le retrait américain de l'Accord de Paris, une déclaration à laquelle Donald Trump a rétorqué ne pas être opposé au climat mais à cet arrangement.
Durant la rencontre, la socialiste a également expliqué au président américain la "diversité" de la Suisse, reflétée dans la composition linguistique du Conseil fédéral, ainsi que la présidence tournante qui revient à des "hommes et à des femmes". "Très bien", a alors répondu Donald Trump.
Sur Twitter, le conseiller fédéral Ignazio Cassis a jugé "productive" cette rencontre entre Suisse et Etats-Unis.
Contenu externe
Ce contenu externe ne peut pas être affiché car il est susceptible de collecter des données personnelles. Pour voir ce contenu vous devez autoriser la catégorie Réseaux sociaux.
AccepterPlus d'info
Une fondation pour des normes humaines du numérique
Lancée en marge du WEF
La fondation pour des normes humaines du numérique, la Swiss Digital Initiative, est formalisée. Dévoilée en septembre à Genève et présidée par Doris Leuthard, elle a été lancée en marge du WEF. Elle va développer un label de confiance.
"Les nouvelles technologies doivent contribuer au bien-être de la société" et des consommateurs, a dit l'ancienne présidente de la Confédération lors d'une discussion à la Maison suisse, en présence des conseillers fédéraux Ueli Maurer et Ignazio Cassis ainsi que des autorités genevoises. Selon elle, il faut établir des normes qui puissent être appliquées et maintenues.
Annoncé en marge du Forum économique mondial, le projet de label suisse de confiance numérique va être testé dans les prochains mois auprès de sept entreprises suisses et internationales. Celles-ci se sont engagées auprès de la fondation pour voir comment l'économie peut l'appliquer.
Greta Thunberg dénonce
"Notre maison brûle"
Peu après le discours de Donald Trump, Greta Thunberg a ouvert une session au titre sans équivoque: "Eviter l'apocalypse climatique".
Reprenant les expressions qui avaient impressionné Davos l'an dernier, elle a déclaré: "Notre maison brûle toujours. Votre inaction alimente les flammes heure par heure. Nous vous disons à nouveau qu'il faut paniquer, et agir pour l'amour de vos enfants."
Plus concrètement, Greta Thunberg a appelé à "cesser immédiatement tous les investissements dans l'exploration et l'extraction d'énergies fossiles", "cesser immédiatement toutes les subventions aux énergies fossiles", "pas en 2050, pas en 2030 ou même en 2021", mais "maintenant".
Un premier discours le matin
En matinée, la jeune militante avait déjà rappelé à l'ordre l'élite économique et politique rassemblée à Davos. Elle a estimé qu'"en pratique, rien n'a été fait" pour le climat, même après plusieurs mois de mobilisation massive des jeunes dans le monde.
"Le climat et l'environnement sont un sujet d'actualité aujourd'hui", mais "en pratique, rien n'a été fait", "les émissions de CO2 n'ont pas diminué", a-t-elle déclaré.
Discours de Donald Trump
Les "prophètes de malheur" du climat
Durant son discours à Davos, Donald Trump a fustigé les "prophètes de malheur" du climat, sous les yeux de la jeune militante Greta Thunberg. "Ce sont les héritiers des diseurs de bonne aventure de l'ancien temps", a-t-il estimé.
"Nous devons rejeter les éternels prophètes de malheur et leurs prédictions de l'apocalypse", a-t-il dit, sans mentionner explicitement la question du dérèglement climatique, peu après que la jeune Suédoise eut regretté que "rien n'ait été fait" pour enrayer le changement climatique.
Contenu externe
Ce contenu externe ne peut pas être affiché car il est susceptible de collecter des données personnelles. Pour voir ce contenu vous devez autoriser la catégorie Réseaux sociaux.
AccepterPlus d'info
Avec des propos clairement destinés à son électorat, Donald Trump a vanté l'abondante production d'hydrocarbures des Etats-Unis, "numéro un mondial du gaz et du pétrole", et leur indépendance énergétique. Sans jamais mentionner les énergies renouvelables.
Au terme de ce véritable discours de campagne, le milliardaire, qui brigue sa réélection et qui fait face à un procès pour destitution, a estimé que "la peur et le doute (n'étaient pas) de bons modes de pensée", louant l'innovation technologique plutôt que la régulation.
Réussites économiques
Le président américain s'est aussi auto-congratulé pour la réussite de sa politique économique: "Nous sommes au milieu d'un boom économique comme le monde n'en a jamais vu", a-t-il déclaré.
Baisse de la fiscalité, taux de chômage au plus bas, amélioration de la situation de la classe moyenne, lancement de sept millions de nouveaux emplois, il a salué l'ensemble du dispositif établi sous sa présidence depuis 2017.
L'accord avec la Chine salué
Donald Trump s'est en outre félicité de l'accord conclu récemment avec la Chine. "Malgré tout le cynisme, je n'avais jamais été aussi optimiste pour l'avenir des Etats-Unis", a-t-il affirmé, deux ans après son premier discours dans la station grisonne.
A ses yeux, l'accord avec Pékin doit constituer un "nouveau modèle" pour le 21e siècle. Il est revenu sur toutes les concessions faites par Pékin, des transferts forcés de technologies aux barrières commerciales en passant par l'agriculture et l'engagement d'investir 200 milliards de dollars en produits américains ces prochaines années.
"Un discours ridicule"
Invitée dans le 12h30, l'ancienne conseillère fédérale Ruth Dreifuss estime que le discours de Donald Trump au WEF est "ridicule". "Si on écoute le discours de Simonetta Sommaruga, on voit la différence entre une politique et un histrion, quelqu’un qui est un homme de TV plus qu’un gouverneur. Ce discours plaide pour détruire ce qui est justement la base du bien-être et du progrès économique que l’Amérique vit", explique-t-elle.
"Le risque de chômage est là pour tout le monde, y compris les Etats-Unis. Si les Etats-Unis vont bien maintenant, c’est aussi parce qu’il y a une lancée positive qui s’est produite déjà bien avant que monsieur Trump n’arrive. Encore une fois, sans infrastructures publiques, et d’ailleurs il reconnaît qu’elles sont misérables, la croissance économique est totalement compromise", ajoute Ruth Dreifuss.
Les anti-WEF se réunissent à Davos
Proche arrivée de la marche pour le climat
Une centaine d'activistes pacifistes, défenseurs du climat et opposants à la globalisation se sont réunis mardi après-midi au centre du village de Davos. Ils attendaient les participants à la marche en faveur du climat, éloignés encore de quelques kilomètres.
Les protestataires, déguisés en clowns McDonald's ou portant des masques de Donald Trump, ont dénoncé les dérives de la globalisation. Sur des pancartes, le président américain était décrit comme un "égoïste" ou un "menteur".
La manifestation était autorisée jusque vers 17h. Il n'était pas clair dans l'immédiat si une jonction allait s'effectuer entre les deux groupes.
Marche pour le climat
Les activistes du climat partis dimanche de Landquart, aux Grisons, sont arrivés mardi aux abords de Davos. Quelque 600 personnes s'étaient mises en route en matinée à Klosters pour la troisième et dernière étape de ce périple de 40 kilomètres.
Les activistes ont emprunté plusieurs itinéraires, surtout des chemins de randonnée. Mais certains ont finalement aussi pris le train, car cette marche en conditions hivernales était très exigeante, ont indiqué les organisateurs. Et quelque 40 personnes ont entamé le matin une randonnée à ski pour rejoindre la station.
Appel à l'abolition du WEF
Malgré la difficulté de la progression, l'alliance d'activistes du climat Strike-WEF a assuré que la motivation des participants était intacte.
Les activistes appellent à l'abolition du WEF, "qui ne peut pas faire partie de la solution". "Les membres du WEF ont conduit le monde dans un état catastrophique", a affirmé Payal Parekh, une porte-parole, citée dans le communiqué.
Les autorités grisonnes n'ont autorisé la marche que jusqu'à Klosters, interdisant aux activistes d'effectuer la dernière étape jusqu'à Davos. La raison invoquée est que la route cantonale doit pouvoir servir d'axe de secours.
Contenu externe
Ce contenu externe ne peut pas être affiché car il est susceptible de collecter des données personnelles. Pour voir ce contenu vous devez autoriser la catégorie Réseaux sociaux.
AccepterPlus d'info
Discours d'ouverture de Simonetta Sommaruga
La nature doit rester au-dessus de l'économie
Simonetta Sommaruga demande de ne pas placer l'économie au-dessus de la nature. "Le monde est en feu", a déclaré la présidente de la Confédération en ouvrant le 50e Forum économique mondial.
"Les conséquences pour les êtres humains et la nature sont désastreuses", a affirmé la présidente de la Confédération devant les participants, en référence notamment aux récents incendies en Amazonie et en Australie. Et d'appeler l'ensemble des acteurs de la société à se mobiliser pour ne pas laisser les pompiers seuls face à ces catastrophes. "Nous ne pouvons nous tenir de côté et regarder".
Pour illustrer son plaidoyer, la conseillère fédérale a fait diffuser devant une assemblée compacte une vidéo de deux minutes où l'on voit des abeilles mourir, aspergées d'insecticides. La disparition des insectes, des animaux, des plantes, ce sont selon elle des images fortes qui reflètent l'état actuel du monde.
Plus largement, "lorsque les intérêts économiques sont placés au-dessus de la nature", l'effet sur l'économie elle-même est négatif, a dit la présidente. "Nous avons besoin du secteur privé" pour préserver la biodiversité et des dirigeants politiques pour "stopper" les effets réchauffement climatique.
La Bernoise a aussi relayé cette vidéo sur son compte Twitter:
Contenu externe
Ce contenu externe ne peut pas être affiché car il est susceptible de collecter des données personnelles. Pour voir ce contenu vous devez autoriser la catégorie Réseaux sociaux.
AccepterPlus d'info
Autre "équilibre" à trouver, celui des sociétés. Certaines "émotions" utilisées pour des raisons politiques inquiètent Simonetta Sommaruga. Et de cibler les discours qui divisent.
Klaus Schwab remercie la Suisse
Le ranz des vaches aussi au menu
En lançant la manifestation, le fondateur du WEF Klaus Schwab a remercié la Suisse et les Suisses. "Sans votre soutien, ces 50 dernières années n'auraient pas été possibles". Davos reflète "la tradition suisse" d'établir des plateformes qui permettent de dialoguer, a-t-il encore dit.
En écho à ces propos, le ranz des vaches a été entonné en terres grisonnes.
Contenu externe
Ce contenu externe ne peut pas être affiché car il est susceptible de collecter des données personnelles. Pour voir ce contenu vous devez autoriser la catégorie Réseaux sociaux.
AccepterPlus d'info
Sécurité au Sahel
Conférence sur la détérioration sécuritaire
Dans le cadre des manifestations "off" du WEF se tiendra le 24 janvier une conférence sur la détérioration sécuritaire de la ceinture sahélienne.
L'objectif de cette conférence est de faire comprendre que le terrorisme qui prend de l'ampleur dans cette région du monde s'appuie sur la pauvreté, le manque de perspectives des jeunes, sur des Etats fragiles qui n'arrivent pas à contrôler leurs frontières, indique Ilia Djadi, l'un de ses orateurs.
"Il s’agit de faire comprendre aussi que l'Occident est concerné, puisque qui dit instabilité dit migration; et qui dit Sahel dit ressources naturelles convoitées. Le Niger, par exemple, est le premier pays producteur en Afrique d’uranium".
Le président américain Donald Trump est arrivé mardi à Davos où il doit participer au Forum économique mondial. Il rencontrera notamment la présidente de la Confédération Simonetta Sommaruga.
Arrivé à l'aéroport de Zurich, le chef de la Maison Blanche est monté dans la foulée sur un hélicoptère pour rejoindre Davos. Les appareils emmenant la délégation ont atterri peu avant 10h00 dans la station grisonne.
Donald Trump doit y tenir un discours en fin de matinée devant les participants à la 50e édition du WEF. La rencontre avec Mme Sommaruga est prévue dans l'après-midi.
Le président américain devrait séjourner en Suisse jusqu'à mercredi. Des entretiens sont prévus avec la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen, ainsi qu'avec le président irakien.
Interview de Fatoumata Bâ
"Davos, un lieu de rencontre sans précédent"
Sur les 2800 chefs d'Etat et entrepreneurs présents pour le WEF, 24% seulement sont des femmes. Parmi elles, Fatoumata Bâ, 33 ans et originaire du Sénégal. Sa start-up, Janngo, est basée à Abidjan en Côte-d'Ivoire et s'occupe de récolter des fonds pour aider d'autres start-up africaines à se lancer dans le domaine des nouvelles technologies.
Le Forum économique de Davos est l'occasion pour Fatoumata Bâ de prospecter pour trouver de nouvelles sources de financement: "C'est un lieu de rencontre sans précédent. Il y a des fonds souverains, des grandes fortunes. Au détour d'un couloir, vous pouvez croiser une personne qui pourrait avoir un rôle prépondérant pour le financement de nos initiatives. C'est donc important pour moi d'avoir une place à la table des discussions", avoue-t-elle.
Une opportunité pour l'Afrique
Selon Fatoumata Bâ, ces investissements dans les nouvelles technologies sont particulièrement importants pour le continent africain: "En Afrique, on génère actuellement trois millions d'emplois par année. Il en faudrait 20 ou 30 millions pour être sûr de proposer un emploi aux jeunes qui vont arriver sur le marché du travail. Il faut donc convaincre les acteurs globaux de jouer leur rôle, car ce n'est pas le secteur public qui va employer ces nouveaux travailleurs".
Janngo veut lever 60 millions d'euros pour soutenir les start-up en Afrique, mais la moitié doivent être fondées par des femmes ou leur bénéficier. Et pour convaincre, la directrice livre son secret: "Je viens avec un discours 'business'. Je leur dis: 'vous vous rendez compte que les entrepreneures sont 26% en Afrique, c'est le taux le plus élevé au monde. Il y a un défi de financement de 42 milliards de dollars qui peut en générer 150 milliards supplémentaires. Ce n'est pas une démarche de don ou de charité, mais de dignité qui permet de créer du profit. Je m'engage à ce qu'il y ait un impact social, mais aussi à leur retourner leur argent."
Donald Trump doit rencontrer quatre conseillers fédéraux
L'occasion de relancer un projet d'accord de libre-échange
Le président américain Donald Trump est arrivé mardi en Suisse. Les deux avions emmenant sa délégation ont atterri à l'aéroport de Zurich. Le chef de la Maison Blanche est attendu au Forum économique mondial (WEF) à Davos.
Le président américain a rejoint la station grisonne par hélicoptère. Il tiendra un discours en fin de matinée devant les participants à la 50e édition du WEF.
Un programme chargé
Des rencontres avec quatre des sept conseillers fédéraux sont prévues: un tête à tête avec la présidente de la Confédération Simonetta Sommaruga, mais aussi avec le ministre des finances Ueli Maurer, celui de l'économie Guy Parmelin et le chef des Affaires étrangères Ignazio Cassis.
Ces entretiens permettraient à la Suisse de relancer les discussions en vue d'un accord commercial avec les Etats-Unis. La question de la crise avec l'Iran devrait aussi être abordée, puisque la Suisse y représente les intérêts américains depuis 40 ans.
Rencontre Sommaruga-von der Leyen
Bruxelles "veut collaborer", selon la Bernoise
La première rencontre entre la présidente de la Confédération Simonetta Sommaruga et celle de la Commission européenne Ursula von der Leyen a eu lieu à Davos. Accord-cadre, migrations et climat ont notamment été abordés durant cette réunion très attendue pour réchauffer les relations entre Berne et l'UE.
Les conseillers fédéraux Ignazio Cassis et Karin Keller-Sutter ont aussi participé à la rencontre à la Maison suisse, qui a eu lieu à quelques mois de la votation sur l'initiative sur la libre circulation, prévue en mai prochain.
Contenu externe
Ce contenu externe ne peut pas être affiché car il est susceptible de collecter des données personnelles. Pour voir ce contenu vous devez autoriser la catégorie Réseaux sociaux.
AccepterPlus d'info
Atmosphère constructive
Concrètement, cette rencontre dans les Grisons n'a pas vraiment fait bouger les positions sur le front des relations bilatérales. Mais Simonetta Sommaruga a déclaré qu'elle sentait que Bruxelles "veut collaborer" et "est intéressée à des solutions".
"Nous n'avons pas marqué des positions. Nous nous sommes écoutées", a expliqué Simonetta Sommaruga devant la presse, au terme d'une discussion qui a duré plus longtemps que prévu. Pas de grande annonce mais une "atmosphère" constructive, selon elle.
Depuis un an, les échanges à haut niveau sont plus difficiles en raison du Brexit, qui doit entrer en vigueur à la fin du mois. Interrogé sur les effets de ce déblocage récent pour le dialogue entre la Suisse et l'UE, la présidente de la Confédération est restée prudente. "Le Brexit n'a pas été un thème dans la discussion" de Davos, s'est-elle contentée d'affirmer.
>> Ecouter le sujet de Forum consacré à cette rencontre et la réaction
dans Forum de Monika Rühl, directrice d'Economiesuisse
:
Discussions sur les appareils médicaux
Au menu des discussions figurait aussi la question des appareils médicaux, dont les exportations sont menacées par Bruxelles. Berne attend le nouveau règlement de l'UE visant à renforcer la sécurité des patients, qui sera mis en oeuvre le 25 mai prochain. Les exportations de dispositifs médicaux vers les Etats membres pourraient être affectées sans solution.
La Suisse a clairement affirmé à Ursula von der Leyen qu'elle souhaitait "au minimum" garantir le maintien des conditions actuelles. Il n'en va pas seulement de la sécurité juridique, mais aussi de celles des patients qui dépendent des produits suisses, a affirmé Simonetta Sommaruga.
Le climat aussi abordé
Thème important cette année au WEF, la question climatique, dont Simonetta Sommaruga a fait l'une de ses priorités pour son année présidentielle, a également été mentionnée par les deux présidentes. La Suisse n'est pas arrivée avec des offres financières pour alimenter le nouveau "Pacte vert" dévoilé par Mme von der Leyen il y a un mois.
Mais ces deux acteurs partagent notamment la volonté d'atteindre une neutralité carbone d'ici 2050. Tout le contraire du président américain Donald Trump que la conseillère fédérale rencontrera mardi à Davos. "Je peux vous assurer que nous parlerons aussi du climat", a-t-elle toutefois insisté.
Tidjane Thiam et la polémique Federer
"J'invite Greta Thunberg"
En marge du WEF, le patron du Credit Suisse Tidjane Thiam réagit pour la première fois personnellement et face à la caméra de la RTS aux mises en cause de Greta Thunberg et des activistes climatiques. "J’invite Greta Thunberg à dialoguer", dit-il, après la polémique sur le sponsoring de Roger Federer.
A travers la campagne #RogerWakeUp, les activistes demandaient à Roger Federer de rompre son lien avec la banque en raison des investissements fossiles. De son côté, Tidjane Thiam se dit prêt à écouter les recommandations que le tennisman lui fera en la matière, comme le champion suisse l’a annoncé en réponse à la controverse.
"Je l’écouterai comme je l’ai toujours écouté. C’est quelqu’un de très attentif. Il suit nos projets de très près , s’investit, il est aussi d’une très grande générosité personnelle dans l’aide aux enfants notamment via sa fondation", a déclaré le patron de Credit Suisse dans une interview à la RTS en marge du WEF de Davos.
Jamais les grands patrons suisses n'ont été aussi pessimistes. Au total, 54% estiment que la croissance économique mondiale va reculer en 2020. Un point de plus que leurs homologues mondiaux en moyenne, selon l'étude dévoilée à Davos par le cabinet PwC. En revanche, ces dirigeants sont plus optimistes pour l'économie suisse.
L'année dernière, les patrons suisses n'étaient que 47% à anticiper une baisse de la croissance économique mondiale dans cette même évaluation. Cette année, comme leurs homologues mondiaux, ils mentionnent trop de régulation et les tensions commerciales comme principales inquiétudes. Pour les patrons suisses, les cybermenaces arrivent en troisième position.
Malgré cet indicateur pessimiste, ceux-ci sont plus de 80% à prévoir de meilleures affaires pour leur entreprise. Bien davantage que la moyenne de 73% de leurs homologues.
Forces de l'ordre sur les dents
La sécurisation du WEF coûtera 12 millions de francs
L'armée et les forces de police sont mobilisées en nombre pour assurer la sécurité des participants du WEF.
Si le nombre de policiers et militaires présents reste secret, on connaît en revanche le prix de cette sécurité: 9 millions de francs pour la police et 3 millions pour l’armée, une ardoise que se répartissent la Confédération, le WEF, le canton des Grisons et la commune de Davos.
Un important dispositif est également déployé à l'aéroport de Zurich-Kloten, dont l'ampleur a été dévoilé par la police zurichoise. "Le World Economic Forum commence et se termine à Zurich", a rappelé le chef de la sécurité du canton Mario Fehr. La plupart des 130 invités nécessitant protection arrivent et repartent de Kloten, à commencer par un certain Donald Trump, attendu mardi dans la matinée.
Au total, entre 400 et 500 policiers zurichois sont mobilisés pour l'occasion, à l'aéroport, en ville ou à Davos. La police municipale de la ville de Zurich sera également en alerte. Elle devra gérer, entre autres, les manifestations anti-wef prévues cette semaine dans la ville.
Philipp Hildebrand sur le tournant écologique
"Ma propre fille a dit: Papa, des actes!"
Philipp Hildebrand, le vice-président de BlackRock, le plus grand gestionnaire d’actifs du monde, précise le tournant écologique que sa société et la finance sont prêtes à prendre selon lui.
"Des discussions que l'on n'a nulle part ailleurs", estime Nicolas Bideau
Un forum des élites améliore-t-il vraiment l'image de la Suisse, à l'heure où les inégalités se creusent? "Je pense que oui", répond Nicolas Bideau, directeur de Présence Suisse, invité lundi de La Matinale. Il souligne aussi que le WEF "a changé" en cinquante ans d'existence. "Le Klaus Schwaab d'il y a 50 ans est un Schwaab qui donnait des conseils aux entreprises, aux grands de ce monde. Aujourd'hui, il a envie d'un capitalisme à visage humain, à visage durable... Je pense qu'on a besoin de cette rencontre entre le public et le privé pour penser notre avenir", ajoute-t-il.
On tombe la veste, on tombe la cravate et on peut avoir des discussions que l'on a nulle part ailleurs.
Pour Nicolas Bideau, le WEF est n'est donc pas "juste une réunion d'égos", mais une plateforme essentielle de politique étrangère. Et de citer les poignées de main historiques qui s'y sont déroulées, "en marge des sommets internationaux", comme celle entre Yasser Arafat et Shimon Peres, ou celle entre Nelson Mandela et Frederik De Klerk. "On y a résolu des conflits", souligne-t-il.
"Le côté feutré du club"
Le directeur de Présence Suisse reconnaît toutefois que les individualités restent très présentes à Davos. "Lorsqu'on veut faire le club des élites mondiales, par essence, on a une rimbambelle d'egos qui est assez balèze". Mais à ses yeux, le "côté feutré du club" est particulièrement intéressant: "on tombe la veste, on tombe la cravate et on peut avoir des discussions que l'on a nulle part ailleurs".
Une édition anniversaire
Retour sur les 50 ans d'histoire du WEF
Klaus Schwab est âgé d'à peine 33 ans lorsqu'il crée et organise le premier Davos en 1971, qui est alors un symposium européen de management. Au fil des années, l'Allemand fait jouer le réseau académique et économique qu'il a su se construire avec la Business School d'Harvard et donne au forum une ampleur majeure.
L'économie se globalise et Davos prend petit à petit une dimension mondiale. Le forum incarne alors ce néolibéralisme, source d'injustice civile et sociale selon les altermondialistes. Davos intègre donc les ONG - tout comme les people - et affiche depuis l'ambition d'améliorer l'état du monde.
Nombreux contestataires
Anticapitalistes et activistes du climats font entendre leurs voix
Samedi déjà, le WEF a donné lieu à une manifestation à Berne. Près d'un millier de personnes ont protesté au cours d'un rassemblement non autorisé contre le forum économique.
Ces opposants au capitalisme ont qualifié le WEF, dans de brefs discours, de "Palais de glace de la froideur sociale". Au WEF, aucune solution aux conflits dans le monde n'est recherchée, mais des problèmes sont créés, selon eux, les principaux invités du forum étant ceux qui se trouvent à l'origine de l'oppression.
Une marche de trois jours
Par ailleurs, quelque 500 activistes ont entamé dimanche une marche de 40 km reliant Landquart à Davos pour demander au WEF de prendre ses responsabilités pour le climat et de se distancier de l'idéologie de la croissance aux dépens de l'environnement.
L'alliance d'activistes du climat Strike-WEF prévoit d'arriver à Davos mardi pour l'ouverture du forum. Les autorités grisonnes n'ont toutefois autorisé la marche que jusqu'à Klosters. Pour contourner cela, les activistes du climat ont l'intention d'emprunter différents chemins qui ne sont pas soumis à une autorisation, comme des sentiers de randonnée.
Les thématiques
L'environnement au centre des préoccupations
La semaine passée, le fondateur du WEF Klaus Schwab a expliqué devant la presse à Cologny (GE) que "le monde est en état d'urgence. La fenêtre pour agir est petite". Il veut que la population puisse dire dans 50 ans qu'elle a pu compter sur la société actuelle.
Cette édition jubilaire veut faire place à l'action. "Cette fois, ce ne sera pas un "talk shop", mais un "do shop", a expliqué Klaus Schwab qui entend marquer le coup.
L'économiste allemand a donné plusieurs exemples comme la création et le lancement durant le WEF d'une plateforme visant à planter des centaines de milliards d'arbres ou encore le remboursement de 50% des frais de transport de ceux qui viendront en train à Davos.
Conflits politiques
Les dangers liés aux conflits politiques seront aussi au rendez-vous annuel de la station des Alpes grisonnes.
Dans son rapport 2020 sur les risques mondiaux, le WEF dénonce les "confrontations économiques" et la "polarisation politique intérieure" comme étant "des risques importants" cette année. Mercredi passé, Washington et Pékin ont justement signé un accord commercial devant mettre fin à un bras de fer entamé il y a près de deux ans à coups de droits de douane punitifs.
Egalité homme-femme, grande absente
A l'accoutumée, le Forum de Davos est considéré comme la caisse de résonance du monde. Pourtant, cette édition a mis de côté la question de l'égalité homme-femme.
D'ailleurs, pour l'anecdote, seuls 24% des participants sont des femmes.
Les participants
Trump et Thunberg en vedettes
Présent à Davos, Donald Trump ne croisera aucun représentant iranien, le chef de la diplomatie de Téhéran Mohammad Javad Zarif ayant renoncé en raison de la crise avec Washington et celle liée au crash de l'avion ukrainien. Il aura en revanche une nouvelle occasion d'entamer un dialogue avec la jeune activiste pour le climat Greta Thunberg qu'il a jusqu'à présent boudée, notamment en septembre à l'ONU à New York.
Egalement présente pour la seconde fois à Davos, la Suédoise, arrivée vendredi à Lausanne, a déjà promis d'appeler dirigeants et entreprises à s'engager à renoncer à financer toute énergie non renouvelable. Et elle soutient aussi la marche prévue par Strike WEF de dimanche à mardi entre Landquart et Davos.
Une quarantaine de chefs d'Etat
Parmi les plus de 40 chefs d'Etat et de gouvernement attendus cette année à Davos, la chancelière allemande Angela Merkel ou le président du gouvernement espagnol Pedro Sanchez, fraîchement reconduit, seront notamment de la partie. Au total, plus de 2800 personnes doivent participer à la réunion.
En revanche, ni Emmanuel Macron, ni Boris Johnson ne feront le déplacement. Le premier nommé doit faire face aux tracas que lui causent la réforme des retraites et le mouvement social associé. Le second n'a jamais caché son désamour pour le WEF qu'il considérait en 2013 comme "une constellation d'egos impliquant de gigantesques orgies mutuelles d'adulation".