Fin janvier 2019, la France, l'Allemagne et le Royaume-Uni créaient Instex (acronyme pour "Instrument in Support of Trade Exchanges"), une société de troc pour assurer les échanges commerciaux avec l'Iran, sans passer par les banques exposées aux sanctions américaines.
Mais les volumes d'échanges avec l'Union européenne ont chuté de 75% entre 2018 et 2019, sur les dix premiers mois de l'année. Les menaces de Washington dissuadent les entreprises européennes de recourir à la chambre de compensation. Ainsi, le mécanisme de troc n'aurait jamais fonctionné, selon des sources européennes.
L'absence de pétrole limite l'intérêt d'Instex
Instex devait notamment servir de facilitateur dans le domaine des médicaments, en pénurie en Iran, et devait également favoriser les exportations de la République islamique vers l'Europe. L'échec est douloureux, d'autant plus qu'il intervient au moment où les besoins du pays sont plus criants que jamais.
"Si l'économie iranienne s'est effondrée, c'est parce que le pays n'arrive plus à vendre du pétrole", résume Thierry Coville, économiste et chercheur à l'IRIS, l'Institut des Relations Internationales et Stratégiques à Paris. "Or, Instex ne va pas répondre à ce problème puisque les entreprises, comme Total, ont toujours peur d'en acheter à l'Iran."
La Suisse essaie, elle aussi, de lancer un canal de paiement avec l'Iran centré sur la nourriture et l'alimentation. A ce jour, l'essai ne porte pas ses fruits.
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Guillaume Meyer/ani