Il est capable de travailler 10 heures par jour, de manière irréprochable. Il ne prend jamais de vacances et ne tombe jamais malade.
Ce collègue "parfait" est un robot humanoïde: il a une tête, deux bras et peut remplacer les employés pour réaliser des tâches complexes mais répétitives. Dans 10 ans, ils seront toujours plus nombreux dans les usines suisses. Mais certaines ont déjà "embauché" des robots.
"Aliena" est le petit nom que lui a donné l'entreprise Jean Gallay SA, une société genevoise spécialisée dans la fabrication de pièces pour l'aéronautique.
Aliena est arrivée il y a une année et demie, en provenance du Japon. Imaginez un robot monté sur un axe de 85 cm, surmonté d'une tête ovale, équipée de caméras et surtout de deux grands bras articulés.
D'apparence humaine, il ne parle pas mais est capable de finaliser des pièces de réacteurs pour des Airbus.
Christophe Vesin partage désormais son atelier avec Aliena. "Le matin, il se réinitialise. Il prend le pistolet de pointage. Met la douille, et rapidement il peut commencer à travailler seul. On regarde juste les deux premières minutes. Le mouvement est très répétitif, il est très précis."
Un collègue
Ce travail était auparavant effectué par un homme. "On continue toujours. C'est une assistance. Il nous libère du temps pour faire autre chose. Quand il est arrivé, au début, on s'est beaucoup interrogé. Est-ce qu'il va nous remplacer? Ce n'était pas évident à vivre."
Aujourd'hui, Christophe Vesin se dit rassuré. Il n'y a pas eu de licenciements, et il voit Aliena comme un collaborateur. "On est plus réactif sur les commandes. Il y a aussi moins de fatigue. Pour nous, c'est positif."
Aliena n'a pas eu d'incidences sur l'emploi. Il augmente la rentabilité. Comment cette entreprise voit le travail dans 10 ans? Pour l'instant, Jean Gallay SA compte 185 employés et n'a qu'un seul robot humanoïde.
Pour son directeur général, Nicolas Lavarini, leur présence va se renforcer et changer peu à peu le travail des collaborateurs. "Ça reste une machine qui tombe en panne. Il faut faire de la maintenance, la piloter, la programmer. Et pour ça, il faut des hommes. L'idée est de faire évoluer les opérateurs vers des postes plus techniques. Si on n'innove pas en Suisse, à terme, on ne va plus être présent sur le marché."
Un robot de ce type coûte entre 100'000 et 200'000 francs. Pour une société comme Jean Gallay SA, il est rentable après 3 à 5 ans.
Ce robot a intégré une trentaine d'industries, essentiellement romandes. Mais son expansion est en marche: la société neuchâteloise Rollomatic, qui le commercialise, cherche à s'imposer en Suisse alémanique.