Le contexte international ne laisse actuellement planer aucun
doute sur la poursuite du mouvement, estime jeudi le seco dans ses
dernières prévisions conjoncturelles. Le rythme de l'expansion ne
se tassera qu'en 2007, avec une progression du produit intérieur
brut (PIB) attendue à 1,5 % (estimation inchangée).
Avec ces chiffres, les services du conseiller fédéral Joseph Deiss
rejoignent les conjectures de la Banque nationale suisse (BNS), qui
table sur une expansion du PIB «légèrement supérieure à 2 %» cette
année, ainsi que celles des grandes banques (+ 2,3 % attendu par
l'UBS; + 2,1 % par le Credit Suisse).
Emplois au rendez-vous
Exit le paradoxe de la croissance sans création d'emplois, qui a
caractérisé les années 2004 (hausse du PIB de 2,1 %) et 2005 (+ 1,9
%). «Les signes annonciateurs d'un renversement de tendance sur le
marché du travail se précisent», affirme le seco.
Le chômage moyen devrait par conséquent régresser à 3,4 % cette
année, puis à 3,1 % en 2007, contre 3,8 % en 2005. Le groupe
d'experts de la Confédération s'attend à ce que le nombre
d'emplois, en équivalents plein-temps, progresse de 0,5 % lors de
de l'exercice en cours, puis de 0,3 % l'année prochaine.
La peur de perdre son job s'estompant peu à peu, le seco pense que
la consommation privée, qui compte pour plus de 60 % dans le PIB,
pourrait même être un véritable soutien à la croissance en fin
d'année et en 2007.
Consommation des ménages
Le comportement futur des ménages reste toutefois difficile à
cerner. Les consommateurs devront en effet composer avec des taux
d'intérêt en hausse, ce qui renchérira à terme tant les petits
crédits que les hypothèques ou le loyer des appartements, ainsi
qu'avec des prix de l'énergie toujours élevés.
Le resserrement de la politique monétaire opéré par la BNS se fera
toutefois «en douceur», prédit l'administration fédérale.
L'économie continuera par conséquent à surfer cette année sur la
vague de «conditions monétaires très avantageuses». D'autant que la
conjoncture reste «vigoureuse» aux Etats-Unis et au Japon, alors
que la zone euro est dans une phase de «consolidation du
redressement».
Normalisation en 2007
L'année 2007 sera ensuite celle d'un retour à la normale, a dit
à l'ATS Aymo Brunetti, économiste en chef au seco, qui considère
une croissance de 1,5 % comme le potentiel de croissance à long
terme du pays. Le ralentissement sera notamment perceptible dans la
construction, mais aussi pour les exportations.
ats/nr
Regards tournés vers les Etats-Unis
Côté risques, les éléments négatifs et positifs sont plutôt équilibrés, affirment les experts. L'évolution de la situation économique aux Etats-Unis sera au centre de toutes les attentions.
Le scénario négatif est suspendu aux marchés financiers et à l'évolution des changes, en particulier avec le dollar.
L'impact des quinze hausses successives des taux de la Réserve fédérale américaine (Fed) laisse planer «une incertitude importante», tant sur le comportement des consommateurs américains, très endettés, que sur les investissements des entreprises.
Des ménages américains tout à coup moins enclins à dépenser ainsi que des bénéfices d'entreprises en dessous des attentes des marchés constitueraient un cocktail menant immanquablement à une correction des valeurs boursières.
Pour la Suisse, qui a tout particulièrement profité de son secteur financier l'an dernier, comme en attestent les bénéfices record des banques helvétiques, les répercussions seraient inévitables.