Le très prisé Salon de l'horlogerie, BaselWorld ouvre ses portes
jeudi alors que l'horlogerie suisse est en plein boom. Croissance,
problèmes d'embauche: écoutez les interviews ci-dessous (interviews
réalisées avec Nokia N90).
2'127 exposants du secteur de l'horlogerie et de la bijouterie
en provenance de 45 pays présenteront leurs derniers modèles et
leurs nouvelles collections. Quelque 90'000 visiteurs sont attendus
pour l'occasion, dont beaucoup d'étrangers.
Victime de son succès
Les montres de luxe, suisses ou étrangères connaissent un
engouement sans précédent. Revers de la médaille: les contrefaçons
foisonnent, rendant accessible à tous, ce qui, jusqu'à présent,
n'était réservé qu'à un cercle très restreint. Jacques Duchêne,
président du Comité des exposants s'inquiète de l'ampleur que prend
la contrefaçon (cf interview ci-dessous sous Archives).
"Les copies de montres de luxe représentent 10% du commerce
mondial. Contrairement aux copies faites artisanalement il y a
quelques années, les contrefaçons se font actuellement de façon
industrielle. On peut chiffrer à 800 millions de francs les
bénéfices de ce commerce l'an dernier. Internet rend encore plus
difficile la lutte contre la contrefaçon."
Le moyen de gamme aussi touché
Les copies touchent l'ensemble de la profession. Franz Linder,
président de Mido, une marque de Swatch Group, atteste que même le
moyen de gamme est touché par le phénomène de la copie (interview
ci-dessous sous Archives). Dans le cas de sa marque, où les pièces
valent entre 500 et 2'000 francs suisses, les contrefaçons
intéressent surtout des pays comme le Mexique, le Brésil, la
Thaïlande et la Chine.
La branche se porte bien
"Chopard a connu en 2005 la meilleure année de tous les temps"
affirme Karl-Friedrich Scheufele, co-président de la marque dont le
siège est à Genève. Il se félicite des 100 postes créés l'année
passée et du regain d'intérêt pour la profession d'horloger porté
par les jeunes.
Même constat pour Tissot qui, en dix ans, est passé de 840'000
montres vendues à près de 2 millions. Avec une croissance à deux
chiffre depuis 1996, le chiffre d'affaire a triplé. Le directeur
général, François Thiébaud, accueille aussi avec bonheur la relève
des apprentis horlogers en se réjouissant du nouvel attrait que
suscite une profession qui demande autant de précision.
Cultiver l'exclusivité
Claude Peny, directeur général de Patek Philippe a fait le pari
de l'exclusivité. Cela fait des années que Patek Philippe travaille
avec le même nombre de détaillants, même s'ils accusent d'une
croissance maximale de 5% par an. Ils vendent tout ce qu'ils
produisent. Rien de plus, car ce qui est rare est cher.
Le marketing de Patek Philippe repose uniquement sur le bouche à
oreille. Il n'y a aucune star dans leur publicité: la star, c'est
la montre. Une philosophie qui prend le contre-courant de la
majorité des marques haut de gamme qui achètent des fortunes le
droit d'utiliser l'image d'une personnalité ou de voitures de
luxe.
Pour Patek comme pour Chopard, 2005 est la meilleure année de tous
les temps. L'entreprise compte 970 employés dont 60 embauchés
l'année passée. Comme d'autres marques haut de gamme, Patek
Philippe cherche à contrôler l'ensemble de la chaîne de production.
Ainsi, en 2005, Patek a racheté le fabricant de cadrans "Flückiger"
de St Imier au bord de la faillite. Près de 3 millions ont été
investis pour moderniser l'appareil de production du cadranier qui
emploie aujourd'hui 65 personnes.
Sarah Chevalier, tsrinfo
Images: Nicolas Rossé, tsrinfo
Welcome to Switzerland
La Suisse, consciente de l'attrait que représente le Salon à
l'étranger a d'ailleurs décidé d'offrir le visa aux visiteurs venus
de loin. Sont tous particulièrement concernés, les commerçants
venus de Chine, d'Inde mais également des Etats-Unis. Le visa coûte
près d'une centaine de francs suisses. La gratuité dépend cependant
de l'obligation d'avoir reçu une invitation préalable, en bonne et
due forme.
Les diamants de la guerre
Amnesty International tiendra un stand au Salon pour dénoncer "les diamants de la guerre".
Selon AI, la vente de ces pierres permet de financer des guerres civiles telles qu'en Angola, en République démocratique du Congo, au Libéria et en Sierra Leone. Des pierres sont vendues par les rebelles et se retouvent sur le marché.
Pour lutter contre ce problème, il existe un système de certification prévu par le processus de Kimberley visant à bloquer le commerce de diamants en provenance des zones de conflit.
Mais le processus présente des faiblesses. Bon nombre de fournisseurs ignorent d'où proviennent les diamants. Amnesty demande qu'en plus de la vigilance des fabricants et des vendeurs, ce le consommateur prenne l'habitude de demander la provenance des diamants.
Le Panel du BaselWorld
Les contrefaçons sont également au coeur des préoccupations du Salon qui a mis sur pied un Panel composé d'experts de l'industrie horlogère et de la bijouterie ainsi que des juristes spécialisés dans la protection de la propriété intellectuelle.
Depuis sa création en 1984, plus de 600 cas ont été soumis à l'arbitrage du Panel. Réputé pour sa fiabilité, les conclusions formulées par ce groupement servent de base à la formation de jugements des tribunaux suisses et étrangers.