Le feuilleton Saurer, l'un des fleurons de l'histoire
industrielle suisse, connaît ainsi un dénouement à même de
surprendre plus d'un non initié. Alors que Laxey vient de lancer
une nouvelle fronde en exigeant une assemblée générale
extraordinaire, Oerlikon est sorti du bois et a racheté les actions
des Britanniques mardi.
Tout s'est passé à la veille de l'annonce de l'offre publique
d'achat (OPA) mercredi. La société de participations autrichienne
Victory, qui contrôle Oerlikon depuis 2005, a acquis le paquet de
Laxey, environ 25% de Saurer, dans une opération qui peut être
évaluée à plus de 400 millions de francs sur la base du cours de
clôture (114,20 francs) de mardi.
Victory virtuellement majoritaire
De plus, les Autrichiens possèdent des options sur près de 21%,
faisant d'eux virtuellement les actionnaires majoritaires de
Saurer, célèbre jadis pour ses camions mais aujourd'hui spécialisé
dans la machine textile et les systèmes de transmission pour
l'automobile.
Oerlikon vise le contrôle de 50,01% du capital. Le prix offert par
Oerlikon apparaît plutôt dans le bas de la fourchette du cours de
l'action Saurer des douze derniers mois (plus haut à 114 francs,
plus bas à 78). Le groupe technologique, anciennement
Oerlikon-Bührle, propose pour les actions disséminées dans le
public 93,42 francs par titre, le montant minimal au regard de la
loi.
Peu de détails mais des perspectives
L'OPA d'Oerlikon sera financée à la fois par les liquidités
disponibles et par des capitaux extérieurs. Les détails de la
transaction ne seront dévoilés que dans quelques jours à l'occasion
d'une conférence de presse, a précisé le groupe établi à Pfäffikon
(SZ).
L'initiative d'Oerlikon a été saluée dès mardi soir par le conseil
d'administration de Saurer. Son président, Giorgio Behr, voit dans
l'arrivée de ce partenaire industriel la confirmation de sa
stratégie de croissance.
Du côté de l'acquéreur, on évoque également le potentiel contenu
dans la réunion des forces. L'ex-Unaxis est notamment présent dans
le revêtement d'outils et les semi-conducteurs. Son patron Thomas
Limberger ne cache toutefois pas l'existence de doublons.
ats/sun/cab
Une bonne opération pour Laxey
Le projet de nouvelle entité industrielle devrait entraîner la création d'un groupe affichant un chiffre d'affaires cumulé de 4 milliards de francs et employant plus de 18'000 personnes.
L'annonce de l'opération, qui doit recevoir l'aval des autorités de la concurrence, a fait reculer l'action Saurer qui perdait plus de 4% à l'ouverture mercredi.
En ce qui concerne Laxey, il apparaît d'ores et déjà que le fonds d'investissement a réalisé une bonne affaire en sortant du capital de la société basée à Arbon (TG) un an après y être entré.
Selon des sources proches du marché, il pourrait avoir dégagé une plus-value de 40% sur son paquet d'actions.
La sortie implique l'abandon par Preston Rabl, président de Laxey, de son mandat d'administrateur de Saurer, conquis de haute lutte lors de l'assemblée générale de mai.