Quatre semaines d'attente pour l'ouverture d'un compte: c'est l'avertissement donné aux clients qui souhaiteraient déposer aujourd'hui leur argent à la Banque alternative suisse (BAS). La conséquence du succès rencontré par cet établissement spécialisé dans la finance verte, durable et éthique coïncide avec la critique toujours plus vive des investissements dans les énergies fossiles.
L'an dernier, la BAS a ouvert 5000 comptes, un record, avec un nombre de nouveaux clients en progression de 8%. Parmi eux, beaucoup de jeunes de moins de 40 ans.
Pour Martin Rohner, président de la Direction générale de la Banque alternative suisse, interrogé lundi dans La Matinale, "c'est sûrement la grève du climat qui nous a amené ces nouveaux clients. Dans l'histoire de la Banque alternative, nous avons toujours eu des moments où il y avait des hausses d'ouverture de compte, mais l'année passée c'était vraiment exceptionnel. Ces nouveaux clients qui s'inquiètent de l'environnement et qui se soucient de l'évolution économique de notre société se tournent vers une banque qui leur donne une solution."
"La Banque alternative est connue pour sa transparence, son éthique et pour ses prestations bancaires qui sont équitables. C'est cela qui attire les clients, qui sont issus de toutes les couches de la population, des personnes âgées comme des jeunes", précise encore Martin Rohner.
"Savoir à quoi sert leur argent"
En ce début d'année, les nouvelles demandes continuent d'affluer. A en croire Nicole Bardet, responsable de la représentation romande de la BAS, c'est parce que l'éthique de la banque correspond aux revendications d'une partie croissante de la population. "Les gens qui ouvrent un compte chez nous veulent savoir à quoi sert leur argent, et être sûrs que la banque va vraiment faire ce qu'elle dit. Et ils peuvent nous faire confiance: nous sommes verts de A à Z, et nous avons trente ans d'expérience dans ce domaine", affirme-t-elle dans La Matinale de lundi.
La Banque alternative a lancé son premier fonds de placement en 2019. Conformément à sa ligne, la BAS ne consent aucun investissement dans les énergies fossiles. De telles exigences sont en train de gagner d'autres banques également, sur la pression des clients.
Pression sur les autres institutions
"La pratique de désinvestissement du charbon s'observe depuis longtemps déjà dans les fonds durables, mais plus récemment, également le désinvestissement de toutes les énergies fossiles", relève dans La Matinale Jean Laville, associé chez Consert Invest à Genève. "La Banque alternative a été pionnière, mais la demande s'élargit et touche aujourd'hui aussi les autres institutions qui offrent des placements durables."
La BAS, qui compte une centaine de collaborateurs, veut aujourd'hui peser davantage sur la place financière suisse. Au début du mois, elle a emménagé dans des locaux plus vastes à Genève, avec une équipe plus importante, spécialisée dans le conseil en placement.
Céline Fontannaz/kkub