Pour la première fois, les maisons de jeu sont entrées dans une
période de rentabilité. La situation est toutefois plus facile pour
les établissements de plaine que pour ceux de montagne, a noté
devant la presse le président de la Commission fédérale des maisons
de jeu (CFMJ), Benno Schneider.
La hausse du produit brut est en premier lieu due aux machines à
sous qui ont rapporté 676,6 millions. La part des jeux de table a
quant à elle reculé de 24,9% en 2004 à 22,6%. Grâce à ces gains, la
CFMJ a perçu 443,1 millions de francs d'impôts en 2005. Sur ce
montant, 373,8 millions sont allés à l'AVS et 69,3 millions aux
cantons d'implantation de casinos B.
6000 machines à sous retirées
La CFMJ a traité, examiné et approuvé 48 demandes de
qualification de machines à sous (entre jeux de hasard - interdits
hors casinos - et jeux d'adresse). Depuis le 31 mars 2005, les
appareils à sous servant aux jeux de hasard sont formellement
interdits dans les bars, restaurants et salons de jeux. Quelque
6000 machines en service dans 13 cantons ont donc été retirées à
l'issue de ce délai transitoire.
La commission observe que, depuis, les fabricants ne sont que
partiellement parvenus à construire de véritables appareils de jeux
d'adresse, capables de séduire à la fois le public et l'exploitant.
Elle a rejeté les demandes d'admission d'appareils contenant un
plus grand nombre de composants aléatoires.
Plus de 80 procédures pénales ouvertes
Concernant les jeux d'argent illégaux, 81 procédures pénales ont
été ouvertes. La CFMJ a rendu 440 décisions pénales et liquidé 146
litiges. 291 procédures pénales étaient encore pendantes à la fin
de l'année, dont 46 en phase d'instruction judiciaire. Les justices
cantonales ont infirmé 4 des 18 décisions qui leur ont été
déférées.
La commission a infligé plusieurs amendes pour établissement
illicite de liens vers des casinos virtuels sis à l'étranger,
pratique équivalant à l'organisation illicite de jeux de hasard. La
publicité par fax ou courriel pour ces cybercasinos est toutefois
en nette régression.
Appel à la lutte contre la dépendance
La CFMJ en appelle à un effort plus soutenu contre la dépendance
au jeu. Elle note que plusieurs établissements ont réduit de
manière drastique leurs dépenses de formation. Le nombre de joueurs
exclus de jeu (13'500 au total) a certes continué de s'accroître:
3700 cas en 2005, dont 2800 à la demande du joueur lui-même. Mais
seule une minorité d'entre eux a été repérée à un stade
précoce.
Pour la commission, la phase d'apprentissage dans la protection
sociale est désormais terminée et doit faire place à une changement
d'état d'esprit là où cela s'avère nécessaire. La seule application
des standards élaborés par la Fédération suisse des casinos ne
suffit pas.
La CFMJ exige des maisons de jeu qu'elles mettent l'accent sur
l'observation des joueurs réguliers, l'expérience prouvant que les
personnes à problèmes se trouvent généralement dans ce groupe.
Chaque casino est appelé à définir les critères permettant de
repérer les personnes potentiellement dépendantes et de préciser
quelle prise en charge serait mise en oeuvre.
ats/ap/suh
Les résultats dans le détail
Voici le produit brut des jeux par casino pour les années 2005 et 2004 (en millions de francs):
Casinos A:
- Baden (AG) 100,3 (2005) 100,1 (2004)
- Bâle 89,8 81,3
- Montreux (VD) 86,5 76,4
- Lugano (TI) 102,0 80,7
- Berne 52,9 49,2
- Lucerne 43,2 41,2
- St. Gall 43,4 37,8
Total 518,1 466,7
Casinos B:
- Bad Ragaz (SG) 21,9 20,4
- Courrendlin (JU) 9,7 8,9
- Crans (VS) 16,4 14,2
- Davos (GR) 3,2 2,8
- Granges-Paccot (FR) 18,4 13,7
- Interlaken (BE) 11,2 10,0
- Mendrisio (TI) 121,7 99,1
- Meyrin (GE) 64,6 52,7
- Locarno (TI) 33,4 30,6
- Pfäffikon (SZ) 34,7 31,9
- Schaffhouse 17,0 14,1
- St. Moritz (GR) 4,1 3,8
Total 356,3 302,2
Total A et B 874,4 768,9
L'exception fribourgeoise
Les salons de jeu fribourgeois pourront exploiter cinq machines à sous alors que les cafés, bars et restaurants devront se contenter de deux. Le Grand Conseil n'est pas revenu lundi soir sur sa décision de favoriser les locaux de jeu, au grand dam de la gauche.
Le Parlement fribourgeois a en revanche confirmé sans débat la limitation de la mise à 2 francs par partie et par appareil et celle des gains à 50 francs. La taxe d'exploitation a été fixée à 7 pour mille, dont 2 pour mille iront à des projets de prévention et de lutte contre la dépendance au jeu.
Le canton de Fribourg reste ainsi le seul canton romand à autoriser les machines hors casino. La révision adoptée par 67 voix contre 21 maintient le statu quo, si ce n'est que la loi s'applique désormais aux machines à sous d'adresse et non plus de hasard, ces dernières étant interdites depuis mars 2005 par la législation fédérale.