Unia réclame des actes concrets pour relancer la production
devenue chaotique et doute que la direction souhaite réellement
maintenir le site. «Nous attendons avec impatience le rapport de
l'expert indépendant, car ici la situation est intenable», a dit
mercredi à l'ATS Fabienne Blanc-Kühn, porte-parole d'Unia.
Encadrement déficient
En l'absence de matières premières, de stocks et d'installations
en état de marche correct, les employés présents en sont réduits à
tourner en rond. D'autant que l'encadrement par les chefs est
déficient, se résumant à quelques heures hebdomadaires de visite
depuis Dornach (SO), souligne le syndicat.
Sans compter la dégradation des rapports de travail due aux
accusations que se lancent réciproquement les employés et la
direction. Cette dernière se plaint de quelque 60 arrêts de travail
pour maladie, mais la commission du personnel n'en a comptabilisés
qu'une vingtaine, soit «un taux d'absentéisme inférieur à la
moyenne dans l'entreprise», relève la porte-parole d'Unia.
Réinsertion freinée
La collaboration n'est pas non plus au beau fixe pour la
réinsertion des employés licenciés. Une partie d'entre eux seront
au chômage dès le 1er juin et ne recevront pourtant leur certificat
de travail que la semaine prochaine. De plus, la direction refuse
de les libérer trois jours pour des cours payés par l'Office
régional de placement.
Quant aux 30 employés - sur 111 licenciements prévus -
que Swissmetal annonçait vouloir réintégrer le 25 avril dernier,
leur liste se fait toujours attendre.
Pour l'heure, seule une douzaine de collaborateurs se sont vu
présenter de nouveaux contrats, mais qui ne respectent pas la
convention collective de travail et seraient jugés non convenables
à l'aune de la loi sur l'assurance-chômage, note
Mme Blanc-Kühn. «Ils visent notamment à flexibiliser le
salaire en fonction du temps de travail effectué.»
Swissmetal n'a pas encore réagi
Du côté de Swissmetal, le porte-parole interrogé par l'ATS a
pris connaissance des reproches formulés par Unia. Une réponse sera
apportée aux affirmations du syndicat.
Pendant ce temps, les clients de la Boillat s'impatientent. Il y a
une semaine, plusieurs ont exprimé leur inquiétude face aux
problèmes de livraison auxquels ils sont confrontés.
ats/sn
Rappel des faits
Le 16 novembre 2004, le personnel de Swissmetal-Boillat débraie durant dix jours pour protester contre le licenciement du directeur du site.
Le 25 janvier 2006, le personnel reprend la grève. Il s'oppose aux restructurations annoncées fin 2005 par la direction.
Le 9 février, le ministre de l'économie Joseph Deiss nomme un médiateur pour résoudre le conflit: Rolf Bloch.
Le 23 février, le personnel vote la suspension de la grève.
Le 2 mars, le travail reprend officiellement à Reconvilier. La production ne fonctionne toutefois pas à 100%.
Le 24 mars, un jour après la troisième ronde de négociations, Swissmetal annonce sans surprise le licenciement de 112 employés à Reconvilier.
Le 30 mars, Swissmetal assure que "La Boillat" ne sera pas vendue. Un nouvel administrateur allemand est nommé.
Le 4 avril, Rolf Bloch décide de nommer un expert qui sera chargé de soumettre des propositions afin que l'usine de Reconvilier tourne à plein régime avec 200 collaborateurs.
Le 8 avril, plusieurs milliers de personnes expriment à Berne leur solidarité aux employés de la «Boillat».