Plombé par d'énormes provisions destinées à régler le litige
concernant des pratiques illégales de promotion de son médicament
Serostim (traitement du sida) aux Etats-Unis, le groupe
biotechnologique genevois avait essuyé une perte nette de 391,9
millions de dollars entre janvier et juin 2005.
La locomotive Rebif
Le chiffre d'affaires semestriel, royalties comprises, est
ressorti à 1,37 milliard de dollars, soit en hausse de 6,9%, a
indiqué Serono mercredi soir. Les ventes du Rebif, contre la
sclérose en plaques, ont crû de 11,2 % à 688,5 millions, soit 56,3%
des ventes de médicaments de la multinationale.
«Tant le bénéfice net que les ventes du Rebif dépassent les
attentes du marché», a dit jeudi à l'ATS Sébastien Martel,
vice-président des relations avec les investisseurs. Il se réjouit
tout particulièrement la performance réalisée aux Etats-Unis.
Croissance par acquisitions
Reste que le groupe manque toujours de médicaments en phase de
développement capables de prendre la relève, du moins à moyenne
échéance. Partant de ce constat, le propriétaire et patron de
Serono, Ernesto Bertarelli, a cherché à vendre sa firme l'hiver
dernier.
Faute d'acheteur au prix voulu, le détenteur de la Coupe de
l'America et patron d'Alinghi a décidé de mener une stratégie de
croissance externe. «On est en train d'évaluer un certain nombre de
sociétés à racheter», a commenté Sébastien Martel.
Serono procède même actuellement à l'analyse comptable approfondie
(due diligence) d'une entreprise. Sébastien Martel s'est refusé à
donner des échéances précises, rappelant que Serono a pour objectif
de réaliser sa politique de reprises d'ici à la fin 2007.
Dix milliards de dollars sur la table
La multinationale peut compter sur une augmentation de capital
de 5 milliards de dollars, acceptée par les actionnaires à la fin
avril. Elle entend cependant «d'abord privilégier le recours aux
liquidités ainsi qu'à l'endettement», a souligné le vice-président
des relations avec les investisseurs.
Fin juin, Serono disposait d'une trésorerie de 1,8 milliard de
dollars. La compagnie pourrait en plus accroître ses dettes «à
quelque 3 milliards de dollars, contre quelques centaines de
millions aujourd'hui», a poursuivi Sébastien Martel. En tout, ce
sont donc près de 10 milliards de dollars qui peuvent être posés
sur la table.
Parallèlement, la multinationale continue à miser sur ses propres
forces. Elle souligne à ce titre les «résultats favorables» du
développement (en phase I) de l'atacicept, contre la polyarthrite
rhumatoïde. Le marché du ou des médicaments potentiels se chiffre
en milliards de dollars.
agences/het/ruc
Sur la lancée du 1er trimestre
Serono avait renoué avec les chiffres noirs au premier trimestre 2006, en dégageant un bénéfice net de 179,9 millions de dollars (234 millions de francs), contre une perte nette de 567,7 millions de dollars lors de la même période de l'exercice précédent.
La croissance des ventes de Rebif s'élevait déjà à 11,7%.
Affaire Serostim : Serono confiant
Interrogé sur l'évolution du dossier Serostim aux Etats-Unis, objet de nouvelles plaintes collectives, Sébastien Martel a déclaré que l'affaire, «peu avancée», ne devrait pas avoir l'ampleur des 704 millions de dollars d'amendes infligées en 2005 par le Département américain de la justice.
Deux raisons poussent Serono à rester confiant. «D'abord, nous sommes en mesure de nous défendre vigoureusement et deuxièmement les plaintes portent sur des volumes de ventes nettement inférieurs à ceux précédemment incriminés», a dit Sébastien Martel, sans pouvoir dire cependant si d'éventuelles nouvelles provisions seront nécessaires.