L'Union syndicale suisse (USS) rappelle que les salaires réels
stagnent depuis deux ans, et même qu'ils n'ont presque pas augmenté
depuis 1993 dans certains secteurs. Selon les chiffres de l'Office
fédéral de la statistique, les salaires réels ont même reculé de
0,2% en 2005, puisque la hausse nominale moyenne (1%) a été plus
qu'effacée par l'inflation (1,2%).
Vigueur de l'économie suisse
Pour montrer l'opportunité de ses revendications, l'USS ne
manque pas de souligner la vigueur actuelle de l'économie
helvétique. «L'économie suisse est parvenue à se libérer de
l'influence de la morosité conjoncturelle de la zone euro», a noté
le premier secrétaire de l'USS Serge Gaillard. Elle a même atteint
une croissance plus forte que celle de l'Allemagne, pour la
première fois depuis les années 1970. L'USS relève aussi les
bénéfices engrangés par les entreprises ces 24 derniers mois.
De plus, la productivité devrait continuer à progresser l'an
prochain, prédit l'USS. La hausse devrait s'inscrire à 1,5% et
l'inflation à 1%, explique l'organisation pour justifier sa demande
globale de 4%. Pour le solde, elle invoque un fort besoin de
rattrapage, au vu du retard accumulé en termes de pouvoir
d'achat.
Vers une confrontation avec les patrons
Les syndicats poursuivent cette année un triple objectif, a
indiqué l'USS. A savoir une hausse généralisée des salaires réels,
une diminution de l'inégalité salariale et un rattrapage des
revenus des femmes. «Comme cela n'avait plus été le cas depuis
longtemps, ce qui sera économiquement déterminant pour la Suisse
ces prochains mois ne sera pas l'évolution des bourses mais celle
des salaires», a affirmé Paul Rechsteiner, président de la centrale
syndicale.
Pour éviter que le scénario de l'an dernier se répète, Unia a
décidé de «chauffer le moteur un peu plus tôt», a dit son
coprésident Vasco Pedrina. Malgré l'évolution conjoncturelle
favorable, les lamentations patronales pleuvaient à la table des
négociations, se souvient-il. «Nous nous attendons à entendre
encore cette musique au moment d'entamer les discussions.»
Une musique qui n'a pas tardé à siffler dans les oreilles des
syndicats: l'Union patronale suisse repousse d'ores et déjà ces
revendications. «De telles exigences salariales généralisées sont
douteuses», a dit à l'ATS Thomas Daum, directeur de l'organisation.
Il préfère opter pour des solutions adaptées à chaque
secteur.
ats/suh
Revendications tous azimuts
Parmi les branches représentées par Unia, alors que l'industrie demande une hausse de 4%, plusieurs autres ont détaillé leurs propres objectifs.
L'hôtellerie-restauration réclame le 13e salaire. Pour la construction, le syndicat demande une hausse de 220 francs. Dans le commerce de détail, il réclame 120 à 150 francs, plus une hausse équivalente pour les femmes.
Le syndicat des médias Comedia pour sa part demande 100 francs pour tous - 200 francs pour les femmes - et continue d'exiger un contrat collectif de travail avec le salaire minimum. L'association d'éditeurs Presse Suisse refuse de négocier depuis deux ans.
Du côté des transports, le syndicat SEV suit le fil rouge des 4% en se concentrant sur les branches de l'aérien et du tourisme. Enfin, le Syndicat suisse des services publics (SSP) demande la pleine compensation du renchérissement et 3% d'augmentation des salaires réels.