Même si ce niveau reste élevé comparé aux années (avant 2018) où la tonne de carbone s'échangeait parfois à moins de 7 euros, son prix est insuffisamment élevé pour être réellement efficace et encourager une vraie transition énergétique.
Les entreprises qui veulent émettre plus de carbone que leur quota alloué gratuitement s'acquittent aujourd'hui de factures plus salées. La production de charbon a par exemple baissé en Europe, un mouvement qui reste insuffisant.
Et sur le marché suisse, les prix sont encore plus bas que dans l'Union européenne. Mais augmenter le carbone, c'est aussi jouer avec le feu. "Cela va mécaniquement augmenter les coûts des entreprises européennes", explique David Czupryna, responsable des portefeuilles d'investissements durables chez Candriam, dans La Matinale. Et de citer l'exemple du cimentier européen Lafarge Holcim, grand émetteur de CO2, qui va voir sa compétitivité au niveau mondial baisser par rapport au cimentier mexicain Cemex. Les entreprises sont tentées de délocaliser leurs activités polluantes pour échapper à ces coûts. C'est ce que l'on appelle les fuites de carbone.
Vers une taxe carbone à l'importation?
Pour tenter de mettre toutes les entreprises sur un pied d'égalité, l'Europe projette de mettre en place une taxe carbone à l'importation. La Suisse aussi y réfléchit. Mais l'idée ne plaît guère aux Etats-Unis. Une telle taxe est en effet un "sujet extrêmement politique", souligne David Czupryna, pour qui cela va se faire "progressivement, étape par étape, secteur par secteur. Ce n'est pas quelque chose qui pourra être mis en place du jour au lendemain".
Et il rappelle l'importance de faire des concessions réciproques. "Cela va être du donnant-donnant. Les Européens vont devoir lâcher certaines choses pour pouvoir imposer une taxe carbone à l'importation sur certains autres sujets. Le risque, c'est que les Etats-Unis répondent eux-mêmes avec une nouvelle taxe à l'importation sur les produits européens."
Le graal, aux yeux de David Czupryna, ce serait une taxe carbone au niveau mondial. Ce qui semble pour l'instant impossible.
Cléa Favre/ebz