Modifié

L'union des géants sidérurgiques consommée

Football, asile et Gothard
Fusion gargantuesque dans la sidérurgie entre Arcelor et Mittal Steel
Après cinq mois de bataille acharnée, le groupe sidérurgique Arcelor a accepté une offre de mariage de son rival indien Mittal Steel. Il s'agit d'une union de géant: ces groupes sont les no1 et no2 de la sidérurgie mondiale.

Le conseil d'administration d'Arcelor, réuni à Luxembourg
pendant neuf heures, a approuvé l'offre de Mittal Steel à
l'unanimité, après avoir lutté contre le raid de l'homme d'affaires
indien Lakshmi Mittal. Il l'avait auparavant rejeté à deux
reprises. Le géant européen renonce ainsi à la fusion avec le russe
Severstal qu'il appelait de ses voeux il y a un mois encore.



Cette fusion, si elle est effective, donnera naissance à un
mastodonte qui comptera, avant restructurations, 320'000 salariés,
et produira 116 millions de tonnes annuelles, soit trois fois plus
que n'importe lequel de ses concurrents.

"Le conseil d'Arcelor a approuvé l'offre relevée de Mittal
Steel", a déclaré à l'AFP une porte-parole de Mittal Steel. "Le
siège et le centre décisionnel du futur groupe fusionné resteront à
Luxembourg, a précisé le ministre luxembourgeois de l'Economie,
Jeannot Krecké.



La nouvelle offre de Mittal Steel est supérieure de 10% à la
précédente, soit 40,40 euros par action. Par rapport aux 25,8
milliards d´euros offerts précédemment, la nouvelle offre
valoriserait Arcelor à 28,38 milliards d´euros, selon le calcul de
l´AFP, soit 2,58 milliards supplémentaires.

Séance marathon

L'offre a été examinée dimanche par les administrateurs
d'Arcelor, réunis pendant neuf heures pour trancher entre un
mariage proposé par le russe Severstal et l'offre de Mittal.



Selon un communiqué d'Arcelor publié dimanche à minuit, la famille
Mittal détiendra environ 43% du nouvel ensemble, et sera soumise à
des obligations de blocage de 5 ans et de limitation à 45% du
capital. Le siège social et opérationnel sera localisé au
Luxembourg.



La direction générale du groupe, baptisé Arcelor-Mittal, sera
composée de 7 personnes: 4 membres de la direction générale
d'Arcelor, comprenant le poste de responsable exécutif actuellement
occupé par Guy Dollé, et 3 membres du management de Mittal
Steel.

Pas de plan social

Dans son communiqué, Arcelor précise également que son projet de
fusion avec le groupe Mittal exclut un plan social sur les sites
d'Arcelor en Europe et prévoit que le groupe fusionné
"Arcelor-Mittal" sera détenu à 50,6% par les actionnaires d'Arcelor
et à 49,4% par ceux de Mittal.



La nouvelle offre de Mittal, relevée de 10%, prévoit un projet de
fusion, avec au final une "absorption de Mittal par Arcelor". Le
nouveau groupe Arcelor-Mittal sera coté à New York, Paris, Madrid,
Amsterdam, Bruxelles et Luxembourg.

Volte-face

Arcelor a fait une véritable volte-face alors qu'il s'employait
depuis des mois à échapper au raid de ce qu'il considérait comme
son ennemi juré. Pour faire front, Arcelor avait proposé fin mai un
mariage avec le russe Severstal, contrôlé par Alexeï
Mordachov.



Erreur stratégique car c'était sans compter sur le rejet que
susciterait un tel projet de la part des actionnaires et
administrateurs d'Arcelor, contraignant la direction à revoir sa
position et à engager des discussions avec son rival.



La CGT d'Arcelor, premier syndicat du groupe en France, a déclaré
dimanche qu'il était "hors de question de cautionner" la "fusion
purement financière" avec Mittal, et craint des "fermetures de
sites", du côté d'Arcelor comme de Mittal, un sentiment partagé par
la CFDT qui craint des restructurations aussi en France.

Les actionnaires décideront

Ce sont les actionnaires d'Arcelor, grands gagnants de cette
guerre (le titre a bondi à la bourse), qui décideront au final en
acceptant d'apporter ou non leurs titres à l'offre de Mittal. Une
réponse positive est soutenue à l'unanimité par le conseil
d'administration, a précisé Arcelor dans son communiqué diffusé
dimanche à minuit.



Le gouvernement indien aussi était satisfait: à Delhi, le ministre
du Commerce, Kamal Nath, a déclaré dimanche qu'un tel accord
"démontrait les capacités entrepreneuriales de l'Inde".



Agences/sn/suh

Publié Modifié

Portrait des géants

Mittal Steel: Chiffre d'affaires: 28,1 milliards de dollars en 2005, bénéfice net de 3,365 milliards et production de 49,2 millions de tonnes d'acier en 2005, plus 16,1 mio de tonnes pour l'américain ISG.

Le groupe compte 225'000 employés dans le monde, avec 49 nationalités représentées au sein de 22 sites de production dans 14 pays, et des bureaux de vente dans 11 pays.

Marchés principaux: automobile, construction, électronique, mécanique. Secteurs-clés: aciers plats (baguettes et tiges), aciers longs (plaques et feuilles de carbone, produits enduits).

Arcelor: Chiffre d'affaires: 32,6 milliards d'euros en 2005, dont 71% en Europe, bénéfice net de 3,9 milliards d'euros en 2005. Production: 46,6 millions de tonnes d'acier brut, plus 5,4 mio de tonnes du canadien Dofasco, racheté.

Le groupe compte 96'000 employés dans plus de 60 pays. 77% des effectifs se trouvent en Europe. Marchés principaux: automobile (où Arcelor détient 15% du marché), construction, électroménager, emballage (notamment canettes), industrie.

Secteurs-clés: aciers plats carbone (55% du chiffre d'affaires), aciers longs carbone (20%), aciers inoxydables (12%).

La presse française tire à boulets rouges

La presse hexagonale juge sévèrement lundi la «volte-face» d'Arcelor. Les journaux insistent sur l'échec de la défense organisée par Guy Dollé et l'impuissance des pouvoirs publics.

Pour les éditorialistes, ce sont les actionnaires qui bénéficient de cette «guerre de l'acier» et Lashki Mittal apparaît comme le grand gagnant.

Le groupe sidérurgique européen Arcelor a rusé habilement en utilisant une proposition concurrente du Russe Severstal pour forcer Mittal Steel à améliorer son offre, estiment de leurs côtés plusieurs quotidiens russes.