Avec l'annonce de plusieurs cas de coronavirus en Suisse depuis mardi, les entreprises doivent se positionner et prendre des mesures. Certaines pratiquent la mise en quarantaine d'employés à leur retour de l'étranger, d'autres offrent la possibilité de faire du télétravail, notamment.
"Les entreprises n'ont pas d'autre choix que de se préparer", commente Stéphane Garelli, professeur d'économie à l'IMD à Lausanne. La prévention se décline sur deux plans: le premier est la sécurité au travail, vis-à-vis des autres collègues. "C'est relativement facile: on peut imposer un certain nombre de normes, comme se laver les mains, ne pas venir au travail si on a des problèmes de santé", décrit-il.
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La prévention se complique en revanche dans la relation aux clients. "On contrôle beaucoup moins qui on rencontre, dans quelles circonstances, d'où ils viennent", explique l'économiste, citant l'exemple de l'enseignement. "Quand on est professeur, comment savoir qui est dans la salle, d'où ils viennent, s'ils ont respecté les normes de sécurité? C'est très difficile pour les gens qui rencontrent des centaines de personnes par jour."
Pas de mot d'ordre de Berne
Les autorités fédérales ne donnent pour l'instant aucune consigne aux entreprises, écoles et universités, laissant libre champ, dans le domaine privé, aux initiatives du management. "Des chefs d'entreprises critiquent le fait qu'on n'est pas venu leur dire ce qu'ils devaient faire. Peut-être que le relais pourrait être pris par les associations patronales", avance Stéphane Garelli.
Si - à l'instar de la situation en Italie - les entreprises vont être impactées par les mesures prises par l'Etat, elles vont l'être davantage encore par la situation de leurs fournisseurs. "C'est là que la Chine est un gros problème: il y a disruption de la chaîne de production, à la fois pour l'importation et pour les marchés. En Suisse, les marchés de l'horlogerie, de l'événementiel, du tourisme, vont être fortement attaqués", souligne Stéphane Garelli.
Risque de récession
L'économie suisse et mondiale doivent dès lors s'attendre à un premier trimestre "épouvantable", avec un impact réel sur la croissance économique, "et peut-être même une mini-récession", analyse-t-il. Avec le mouvement - habituel en cas de crise - de se rabattre sur la valeur refuge du franc suisse, qui devrait encore se réévaluer.
Après un impact négatif certain sur l'économie au premier trimestre, l'évolution de la crise liée au coronavirus est plus incertaine, selon l'expert. "Si ça dure six mois, on entrera en récession."
Propos recueillis par Romaine Morard
Adaptation web: Katharina Kubicek