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La maison mère d'Airbus s'effondre en Bourse

L'Airbus A380, le plus gros avion civil jamais conçu
L'Airbus A380, le plus gros avion civil jamais conçu
Le titre d'EADS, qui détient Airbus, s'effondrait en Bourse mercredi à Paris après l'annonce d'un nouveau retard de livraison de l'A380. EADS a chuté de 26% en une journée.

L'action du groupe européen d'aéronautique et de défense a
clôturé mercredi en baisse de 26%, à 18,80 euros. Euronext a
suspendu brièvement par deux fois la cotation au cours de la
première heure d'échanges dans la matinée, la baisse ayant dépassé
la limite autorisée. A New York, l'action de l'avionneur américain
Boeing a gagné 5% à 80,88 dollars (64,3 euros).



L'annonce la veille d'un nouveau retard de livraisons de l'avion
géant A380 de sa filiale Airbus a fait plonger le titre. C'est «une
déception importante» pour la Deutsche Bank, «une très mauvaise
nouvelle» pour le courtier Cheuvreux, pour qui «l'annonce de ces
retards a affolé les investisseurs et a provoqué une chute libre du
titre».

Suspendu de la cote

Face à l'affolement général, l'opérateur de la Bourse de Paris,
Euronext, a suspendu à plusieurs reprises les échanges sur les
actions EADS, pour tenter d'endiguer leur chute. En vain.



La veille, Airbus informait ses clients d'«un recalage des
livraisons prévues» de son avion géant «de six à sept mois», pour
des raisons industrielles. Des retards qui limiteront à neuf le
nombre d'A380 livrés en 2007, contre vingt prévus initialement. Si
ces retards ne devraient pas avoir d'impact sur le bénéfice
d'exploitation (Ebit) du géant européen en 2006, ils devraient
cependant l'amputer de quelque 500 millions d'euros par an sur la
période 2007-2010, a précisé le groupe.

Crédibilité fragilisée

Résultat, selon les analystes, ses marges devraient fondre et
ses comptes se dégrader, certains envisageant même la nécessité de
céder certaines activités d'ici peu. Côté clients, l'annonce «est
très dommageable pour la crédibilité de la direction d'EADS et la
réputation d'Airbus en matière de gestion de programmes» de mise au
point de nouveaux appareils, soulignent les analystes de Goldman
Sachs.



Le directeur commercial d'Airbus, John Leahy, a souligné qu'Airbus
verserait des compensations financières aux clients de l'A380. Et
la compagnie Singapore Airlines et Quantas Airways sont d'ores et
déjà en pourparlers avec l'avionneur pour d'éventuelles
indemnisations.



La compagnie Emirates Airlines a, quant à elle, fait savoir la
veille qu'elle allait réexaminer sa commande d'A380, accentuant la
pression sur le groupe.

Réactions en chaîne

Selon les analystes, ces déboires vont forcément rejaillir sur
les commandes d'A350, le nouveau biréacteur long courrier d'Airbus
pour lequel l'avionneur a déjà dû revoir sa copie face aux
critiques de ses clients.



Airbus devrait annoncer dans les prochaines semaines les modalités
de la refonte du programme A350, censé concurrencer le Boeing 787
américain.



«Mais les compagnies qui ont commandé des A380 et pourraient être
tentées par des A350 (Emirates, Singapore Airlines, Lufthansa)
pourraient désormais hésiter à acheter leurs appareils auprès
d'EADS», avance Olivier Esnou, d'Exane BNP Paribas. Airbus a
conservé en 2005 le titre de numéro un mondial de l'aviation en
termes de livraisons et de commandes devant son grand rival
américain Boeing.



agences/sch

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Airbus, une histoire européenne

Né en 1970, le consortium Airbus Industrie est d'abord franco-allemand, avant l'arrivée de nouveaux partenaires, espagnol en 1971 et britannique en 1979.

Société privée depuis 2001, Airbus était jusqu'ici détenu à 80% par le groupe européen EADS et à 20% par le britannique BAE Systems, mais ce dernier vient de décider de revendre ses parts à EADS et de quitter Airbus.