Il s'agit de la sixième hausse consécutive du taux directeur de
la BNS et de la quatrième en neuf mois. Il retrouve son niveau d'il
y a quatre ans et demi.
Décision attendue
La BNS, qui explique vouloir veiller à ce que les perspectives
en matière d'inflation restent favorables, répond ainsi à
l'accélération de la croissance et à la faiblesse du franc
La décision annoncée jeudi par la BNS était prévue. Les
observateurs s'attendaient à ce que l'institut d'émission monétaire
réagisse en premier lieu pour contrer la dévalorisation du franc
face à l'euro, la monnaie helvétique évoluant actuellement à son
plus bas niveau depuis six ans.
Les importations souffrent
«Cet élément constitue à court terme le principal facteur de
décision», explique Bernard Lambert, économiste à la Banque Pictet
& Cie. Bien que favorable aux exportations, il pourrait
entraîner s'il s'accentue un décrochage technique de la monnaie
suisse vis-à-vis de celle de la zone euro.
Un franc faible favorise certes l'industrie d'exportation
helvétique (comme les machines, le pharma ou l'horlogerie), mais le
phénomène renchérit le prix des importations.
Manque de clarté
«On attendait un message sur le franc», constate Janwillem
Acket, chef économiste chez Julius Bär. «En n'affirmant pas
clairement dans son communiqué que la BNS souhaite une devise
forte, elle donne un mauvais signal au marché», a-t-il
poursuivi.
Cet expert en veut pour preuve qu'immédiatement après la
divulgation de la nouvelle orientation de politique monétaire de la
banque centrale, le franc a décroché contre l'euro: peu après
15h00, l'euro coûtait près de 1,591 franc, contre 1,583 une heure
et demie plus tôt.
Vers une nouvelle hausse?
Pour Janwillem Acket, la poursuite de l'affaiblissement du franc
pourrait obliger la BNS à devoir augmenter ses taux d'un quart de
point en décembre prochain, pour redonner des couleurs à sa
monnaie. D'autant plus que la Banque centrale européenne (BCE)
entend continuer à se montrer toujours plus restrictive et que la
Réserve fédérale américaine (Fed) elle-même pourrait poursuivre le
mouvement haussier.
Ce n'est toutefois pas son scénario privilégié. L'institut
d'émission devrait en principe serrer la vis d'un quart de point
dans trois mois puis à nouveau d'un quart en mars.
agences/swissinfo/het
La croissance en chiffres
La BNS revoit ses prévisions de croissance économique à la hausse pour 2006.
Elle anticipe une hausse du produit intérieur brut (PIB) de 3%, contre 2,5% précédemment.
L'inflation devrait atteindre 1,3% cette année, la dernière prévision chiffrant la hausse des prix à 1,2%.
En 2007, la croissance économique devrait ralentir tout en restant élevée à l'échelle suisse.
Et l'inflation atteindre 1,1%, contre 1,2% attendus jusque-là.
La croissance continue, mais...
La BNS a aussi livré, lors de son appréciation trimestrielle de la situation économique et monétaire en Suisse, ses dernières prévisions conjoncturelles. Elle table désormais sur une croissance du produit intérieur brut (PIB) de presque 3% cette année, contre un pronostic de 2,5% encore en juin.
Le dynamisme s'affaiblit toutefois avec une hausse du PIB pour 2007 un peu inférieure à celle de 2006. Les exportations devraient augmenter, tout en perdant en rythme.
Côté investissements, la progression sera toujours au rendez-vous dans les biens d'équipement grâce à une utilisation élevée des capacités. En revanche, les dépenses dans la construction devraient faiblir, estime la BNS.