C'est pratiquement l'ensemble de l'économie mondiale qui fait
désormais face au même cocktail porteur de dérapages potentiels aux
yeux des responsables monétaires: une croissance vigoureuse et une
inflation qui, après avoir fait profil bas pendant plusieurs
années, progresse à nouveau, dopée par l'envolée des cours du
pétrole et des matières premières.
Empêcher la surchauffe
La hausse des prix a atteint en moyenne 3,3% en juin dans les 30
pays développés de la zone OCDE, alors qu'elle n'était que de 2,1%
un an plus tôt, selon les chiffres de l'Organisation de coopération
et de développement économiques.
De son côté, l'activité mondiale affiche et continuera d'afficher
l'an prochain un rythme de croissance très soutenu, de l'ordre de
5%, selon les prévisions du Fonds monétaire international
(FMI).
C'est la concordance de ces deux facteurs qui tracasse les
banquiers centraux, soucieux de ne pas relâcher leur emprise sur
les prix. Les taux sont leur meilleure arme en la matière puisque
toute hausse ou baisse se répercute sur la demande, et peut donc
théoriquement empêcher une surchauffe inflationniste.
Hausse attendue à la BCE
Sauf surprise majeure, la Banque centrale européenne (BCE)
devrait procéder jeudi à son 4ème tour de vis monétaire en moins
d'un an, relevant son principal taux d'intérêt à 3%.
La semaine dernière, l'Inde, la Hongrie, la Turquie et la
Slovaquie avaient elles aussi relevé leurs taux d'intérêt. La
Banque d'Angleterre y songerait également pour la rentrée.
Pour autant, tous les pays n'en sont pas au même stade. L'un des
plus avancés est sans conteste celui qui joue aussi depuis des
années le rôle de locomotive mondiale, les Etats-Unis.
Ralentissement de la croissance US
Dans son cas, une des questions qui préoccupe le plus les
marchés est de savoir si la Réserve fédérale, après 17 hausses de
taux consécutives, va mettre un terme à ce cycle restrictif à
présent qu'il est avéré que la croissance américaine a nettement
décéléré au deuxième trimestre. La plupart des économistes parient
effectivement que la Fed va désormais s'en tenir à son taux actuel
de 5,25%.
Rien de tel dans le reste du monde, en particulier dans les deux
grandes autres zones monétaires, Europe et Japon, où le cycle
conjoncturel accuse un net décalage par rapport aux Etats-Unis: une
désynchronisation qui remonte «à l'époque de l'éclatement de la
bulle internet», souligne Hélène Baudchon, économiste du Crédit
Agricole.
Déflation vaincue au Japon
A l'époque, les Etats-Unis avaient opté pour une politique de
stimulation monétaire et budgétaire bien plus active que la zone
euro, qui lui a permis de se sortir de la crise beaucoup plus tôt,
explique-t-elle. Les économistes estiment que la BCE, avec 3 et
bientôt 4 hausses de taux à son actif, est à peu près «au milieu du
gué». Ils ne la voient pas aller au-delà de 3,50%.
La Banque du Japon (BoJ) a été la toute dernière du G7 à agir
lorsqu'elle a mis fin mi-juillet à plus de cinq ans de politique de
taux d'intérêt zéro en relevant le loyer de l'argent d'un quart de
point, proclamant ainsi la victoire de l'économie nippone sur la
déflation qui la rongeait depuis 1998.
ats/ruc
Le rôle de la BNS
La banque nationale suisse (BNS) est la banque centrale de la Suisse.
Indépendante du gouvernement, elle fixe les taux d'intérêt de manière autonome pour atteindre la stabilité des prix, condition importante à la croissance économique.
La BNS base sa politique monétaire sur une prévision d'inflation à moyen terme, son taux de référence étant le Libor à trois mois (London Interbank Offered Rate).
Elle a également pour tâche d'émettre les billets de banque et de distribuer la monnaie.
Ses bénéfices sont redistribués aux cantons (deux tiers) et à la Confédération (un tiers).
D'autres objectifs dans le tiers-monde
Dans les pays émergents, bien qu'ils soient soumis à la même problématique de croissance et d'inflation, une hausse de taux peut aussi être destinée à répondre au souci de défendre la parité de leur monnaie.