"A la lumière de ces risques en constante évolution", la Réserve fédérale américaine (Fed) "décide aujourd'hui d'abaisser ses taux d'un demi-point de pourcentage", a-t-elle annoncé dans un communiqué publié peu après une réunion des ministres des Finances et banquiers centraux du G7, dont aucune annonce concrète n'est sortie.
Les taux de la Fed se situent désormais dans une fourchette comprise entre 1% et 1,25%. Cette décision, qui intervient en-dehors du calendrier habituel des réunions monétaires et qui vise surtout à rassurer les marchés, a été prise à l'unanimité. C'est une première depuis la crise financière de 2008.
Les incertitudes autour du Covid-19
La décision d'abaisser en urgence les taux d'intérêt pour contrer les effets de la propagation du coronavirus va donner "un coup de fouet significatif à l'économie" américaine, a estimé le président de la Banque centrale américaine, tout en soulignant l'incertitude sur "l'ampleur et la persistance" de l'impact de l'épidémie.
"Personne ne sait combien de temps cela va durer", "nous ne pensons pas avoir la réponse à toutes les questions. Mais nous pensons que notre action va apporter un coup de fouet significatif à l'économie", a déclaré Jerome Powell lors d'une conférence de presse.
Attentisme des banquiers centraux du G7
Le communiqué de la Fed ne fait aucune allusion à une action concertée. Une réunion téléphonique des ministres des Finances et des banquiers centraux du G7, mardi matin, a déçu, car aucune annonce concrète n'en est sortie. Ces derniers ont simplement promis d'utiliser "tous les instruments" nécessaires pour soutenir une économie mondiale paralysée par le nouveau coronavirus.
La Banque mondiale au secours des pays pauvres
La Banque mondiale a annoncé de son côté un plan d'urgence de plus de 12 milliards de francs pour aider les pays à "prendre des mesures efficaces" afin de contenir l'épidémie de coronavirus, épargner des vies et atténuer l'impact économique.
"L'objectif est de fournir une action rapide et efficace qui réponde aux besoins des pays", a déclaré le président de l'institution David Malpass lors d'une conférence téléphonique. Il a en outre souligné la nécessité de "reconnaître" que le virus faisait peser une charge supplémentaire sur les pays pauvres.
Les Bourses européennes ont terminé en hausse mardi, mais ont considérablement réduit leurs gains du début de séance après l'annonce surprise de la Fed. A Paris, le CAC 40 a pris 1,12% à 5.393,17 points, le Footsie britannique a gagné 0,95% et le Dax allemand a pris 1,08%. L'indice vedette de la Bourse de New York, lui, a fortement fluctué, bondissant avant de reperdre du terrain.
Croissance mondiale revue à la baisse
Selon l'OCDE, la croissance mondiale ne devrait pas dépasser 2,4% cette année alors que l'organisation internationale tablait encore sur 2,9% avant l'épidémie, ce qui était déjà le plus faible niveau depuis la crise financière de 2008-2009.
Economie suisse aussi sous pression
L'épidémie de coronavirus ne devrait pas non plus laisser l'économie suisse indemne. La croissance du produit intérieur brut (PIB) sera ralentie considérablement au cours du premier semestre en raison de la crise sanitaire, ont affirmé mardi les économistes de l'institut BAK, qui ont raboté leurs prévisions de croissance à 1,3% pour 2020, contre 1,5% jusqu'ici.
Cette année, la crise sanitaire devrait coûter moins de 0,3 point de croissance à la Suisse, selon leurs calculs. Au premier trimestre, le PIB devrait progresser de 0,2% et une stagnation est attendue pour le deuxième.
>> Lire aussi : L'économie suisse a affiché un faible taux de croissance l'an passé
L'Opep au chevet d'un pétrole en chute libre
Les membres de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) et leurs partenaires vont tenter jeudi et vendredi à Vienne d'enrayer le plongeon des cours de l'or noir face à l'épidémie du nouveau coronavirus, qui plombe la demande mondiale de brut.
Le secteur pétrolier est l'un des plus touchés et la situation va aussi affecter les conditions même d'organisation de la réunion, qui sera fermée aux journalistes. Cette mesure exceptionnelle est rendue "nécessaire en raison du risque de santé publique que fait courir la présence d'un tel nombre de personnes dans un seul endroit", a annoncé l'Opep mardi.
Agences/oang
UBS voit "des opportunités" pour les investisseurs
Sous la pression du Covid-19, les marchés financiers viennent de vivre leur pire semaine depuis 2008. Mais cette situation crée des opportunités pour les investisseurs, estime UBS.
La semaine dernière a été marquée notamment par l'effondrement des actions mondiales et un bond de la volatilité, le marché intégrant dans les cours les effets négatifs de la propagation du coronavirus, rappelle Mark Haefele, directeur des investissements en gestion de fortune pour le numéro un bancaire suisse, dans une note publiée mardi. "Nous pensons maintenant que la dislocation du marché crée des opportunités pour les investisseurs", écrit-il.
Les marchés paraissent exagérer les risques baissiers alors qu'une réponse monétaire et politique forte se dessine et que des signes d'un retour à la normale apparaissent en Chine, souligne encore Mark Haefele
Le pire encore à venir pour le transport aérien
Face à la crise du nouveau coronavirus, le pire est encore à avenir pour l'industrie du transport aérien ont averti mardi les PDG de plusieurs compagnies européennes, même s'ils s'attendent à une stabilisation de la demande dans les prochaines semaines. L'épidémie a dominé les conversations lors d'une conférence annuelle du secteur aérien à Bruxelles.
Les transporteurs aériens ont été contraints de modifier ou suspendre leurs liaisons à travers le monde pour éviter une propagation du nouveau virus Covid-19 apparu en décembre dans le centre de la Chine.
Willie Walsh, directeur général d'IAG, a noté une "baisse très importante de la demande" la semaine dernière en Italie, premier foyer de contamination en Europe. Il estime cependant que la demande va se stabiliser dans les semaines à venir au regard de ce qui s'est produit en Asie