Avec un virus qui secoue le monde entier, la nécessité de trouver un traitement et un vaccin se fait plus pressante. Dans un tel contexte, les millions de francs publics se débloquent facilement pour la recherche, en Europe et dans le monde.
Le Fonds national suisse (FNS) a pour sa part lancé un appel à projets, avec 6 millions de francs à la clé. Cet argent public s'adresse notamment à des laboratoires publics, cela pourrait être le cas de celui du virologue Volcker Thiel, de l'Université de Berne.
Ce laboratoire ultra-sécurisé vient de faire une percée dans la recherche sur le Covid-19: la création de clones synthétiques du virus. "Nous pouvons désormais changer spécifiquement le virus. Nous pouvons retirer un gène et voir si le virus se reproduit en empirant, ou au contraire, en s'améliorant. Nous pourrons ainsi déterminer l'impact des gènes individuels sur la multiplication du virus", indique-t-il à SRF.
Collaboration mondiale
Cette découverte majeure a été partagée avec d'autres laboratoires dans le monde entier. Pour la première fois, une collaboration mondiale s'organise en étant coordonnée par l'OMS.
L'information s'échange entre laboratoires qui se font d'habitude concurrence. Cette fois-ci, l'enjeu surpasse les rivalités dans l'espoir de prendre de vitesse l'épidémie qui menace. Après le Sras, Ebola ou Zika, quelques leçons ont été retenues.
Les grandes entreprises pharmaceutiques sont aussi dans la course, financées par des fonds publics. Le laboratoire Sanofi a été sélectionné et est désormais financé par les Etats-Unis pour trouver un vaccin.
Partenariat public-privé
Pour Jean Lang, vice-président associé de la recherche et développement chez Sanofi Pasteur, "le mot clé c'est partenariat public-privé. Nous apportons notre spécificité avec la technologie que nous maîtrisons."
Dans cette course mondiale, des résultats pour un premier traitement devraient tomber dans quelques semaines. Quant au vaccin, certains spécialistes tablent sur un délai de 12 à 18 mois.
"D'habitude il faut 10 à 15 ans pour développer un vaccin", souligne Thomas B. Cueni, directeur général de la Fédération internationale de l'industrie du médicament (FIIM).
Cette fois-ci, le développement sera beaucoup plus rapide, grâce notamment aux travaux préparatoires qui ont déjà été entrepris notamment pour le Srar. "On profite des technologies existantes et on profite, dans des cas d'urgence, que les autorités sont prêtes à accélérer et donner le feu vert pour des essais cliniques sur la base de données brutes", poursuit le directeur de la FIIM.
Un marché de plusieurs milliards de francs
Pour l'instant, on ne parle que de priorité pour la santé publique, mais pas encore des retombées économiques.
"Quand la réponse se développera et que l'on saura quels sont les vaccins et les patentes technologiques qui en sortirons, on verra quelles sont les conséquences ultérieures", dit Jean Lang, de Sanofi.
Les conséquences sont pourtant de taille, car il s'agit de tirer partie d'un marché de plusieurs milliards de francs.
Le dossier consacré à l'épidémie de coronavirus
Delphine Gianora