En avalant Corus et en se hissant au rang de 5e ou 6e producteur
mondial d'acier, Tata Steel réussit la plus grosse acquisition
opérée par une société indienne à l'étranger.
Tata va débourser 5,1 milliards de livres (7,62 milliards d'euros)
pour Corus : 4,3 milliards pour le capital et le reste pour la
dette. Il versera en outre 126 millions de livres dans un des fonds
de retraite du groupe.
Appétit indien insatiable
«Cela montre clairement que les entreprises indiennes sont
maintenant intégrées à la mondialisation et sont sur l'écran radar
en tant qu'acheteurs», estime Deepak Lalwani, directeur du courtier
Astaire and Partners à Londres.
Rien qu'au cours des neuf premiers mois de 2006, les sociétés de
la quatrième économie d'Asie se sont emparées de concurrents
étrangers pour un montant de 7,2 milliards de dollars (9 milliards
de francs) contre 4,5 milliards en 2005, selon le cabinet
britannique Dealogic.
76 sociétés rachetées en 6 mois
Entre janvier et juin 2006, elles ont acheté 76 sociétés
asiatiques, européennes ou américaines pour 5,2 milliards de
dollars, selon la fédération indienne des chambres de commerce et
d'industrie (FICCI).
Et le rythme des acquisitions s'accélère. En cinq ans, de 2000 à
2005, les achats indiens à l'étranger avaient atteint au total 10
milliards de dollars.
Les groupes de Bombay, de Bangalore ou de New Delhi ont doublé sur
un an le nombre de projets d'investissements en Europe pour le
premier semestre 2006, selon le cabinet de conseil Ernst and
Young.
Fierté indienne
De manière générale, les groupes des pays émergents sont
maintenant des prédateurs à l'assault de l'Occident, même si ces
rachats peuvent se heurter à de fortes résistances, a souligné
cette semaine la Conférence des Nations Unies pour le commerce et
le développement (CNUCED).
Les industriels indiens ont salué samedi le mariage "historique"
entre l'européen Corus et le sidérurgiste indien Tata Steel.
"L'accord entre Tata Steel et Corus est un signe de confiance
envers l'industrie indienne, reconnue comme un partenaire
significatif dans l'économie mondiale", s'est félicité R.
Seshasayee, le président de la Confédération des industries
indiennes à New Delhi.
afp/cab
Une longue série de rachats
En Inde, les annonces de succès à l'international sont quasiment hebdomadaires.
Dans la sidérurgie, le géant Mittal Steel - société néerlandaise, cotée à Londres mais dirigée par le milliardaire indien Lakshmi Mittal - avait mis la main sur l'européen Arcelor pour plus de 25 milliards d'euros (près de 40 milliards de francs).
Tata Tea a pris en septembre 30% de l'américain Glaceau (eaux minérales) pour 677 millions de dollars, le plus gros achat indien aux Etats-Unis.
Dans la pharmacie, le fabricant de médicaments génériques Dr Reddy's s'est offert en février l'allemand Betapharm pour 570 millions de dollars.
Tata: un géant omniprésent
Le premier coup d'éclat de Tata, fondé en 1896, remonte à 2000 lorqu'il s'empare du fabricant de thé britannique Tetley Tea pour 407 millions de dollars.
Depuis 2000, Tata a dépensé 3 milliards de dollars pour rafler des sociétés partout dans le monde, du fabricant de café américain Eight O'clock Coffee au sud-coréen Daewoo Commercial Vehicle.
En Inde, Tata est un colosse industriel avec 96 filiales, qui vont du thé à la construction de camions en passant par la sidérurgie, la chimie, les télécommunications, l'informatique ou les services financiers.
Le groupe réalise un chiffre d'affaires annuel de 17,5 milliards d'euros et emploie 222'000 personnes. A lui seul Tata produit 3% de la richesse nationale de l'Inde.