Publié

Croissance ralentie, emploi en hausse: une économie suisse en trompe-l'oeil

Une conseillère de l'ORP à Genève. [Keystone - Gaëtan Bally]
Croissance ralentie, emploi en hausse: une économie suisse en trompe-l'oeil / La Matinale / 1 min. / le 9 mars 2020
Baisse de l’import-export, investissements en berne: la conjoncture ralentit en Suisse, alors que l'emploi continue de progresser. C’est l’image contradictoire qui ressort des chiffres de la Confédération, mais qui cache une situation inquiétante, comme l'expliquent des experts à la RTS.

Selon les chiffres communiqués la semaine dernière, le Produit intérieur brut (PIB) a à peine progressé au quatrième trimestre de 0,3% par rapport au trimestre précédent. Pourtant, l’emploi progresse en Suisse, sans interruption depuis dix ans.

À la fin de l’année dernière, le pays dénombrait ainsi 3700 places vacantes de plus qu’un an auparavant. Entre octobre et décembre, le nombre de places de travail a augmenté dans l’industrie et dans les services. Alors l'économie est-elle vraiment en train de ralentir?

"C’est vrai qu’il y a eu un ralentissement, mais heureusement, l’économie suisse a continué à croître. Les entreprises ont créé plus de valeur, et du coup, au moins dans quelques branches, elles ont réussi à créer des emplois. Mais à l’heure qu’il est, en ce début d’année, on peut vraiment partir du principe que ça passe ou ça casse. On va peut-être vers une baisse de l’emploi, à cause de l’incertitude créée par le coronavirus", estime dans La Matinale lundi Michael Siegenthaler, économiste au KOF, le centre de recherches conjoncturelles de l’EPF Zurich.

"Il y aura davantage de chômeurs"

"Il y aura davantage de chômeurs, ça ne fait aucun doute. Car contrairement à ce que laissent penser les chiffres, l’orage du coronavirus a éclaté dans un ciel déjà nuageux, sur le front de l’emploi", s'inquiète Sergio Rossi, professeur d’économie à l’Université de Fribourg.

"Le nombre de places de travail créées a augmenté, mais la qualité des emplois n’a sans doute pas été améliorée. J’imagine que la plupart des nouvelles places de travail créées sont des places précaires, aussi en ce qui concerne le salaire. Donc tout ceci pèse sur la consommation domestique. Je pense que le panorama est assez négatif et les perspectives ne sont pas meilleures", explique encore Sergio Rossi, qui s’attend à des pertes d’emplois dans l’industrie d’exportation. Des pertes qui ne seront pas compensées par des créations de postes dans d’autres secteurs.

Guillaume Meyer/vkiss

>> Revoir aussi l'épisode d'Alter Eco sur ce sujet :

Alter Eco (vidéo) - Croissance suisse, attention à l’illusion d'optique
Alter Eco (vidéo) - Croissance suisse, attention à l’illusion d'optique / La Matinale / 2 min. / le 3 décembre 2019
Publié

Baisse du taux de chômage en février

Après quatre mois de hausse, le chômage en Suisse a enregistré un repli en février, la proportion de sans-emploi s'étant fixée à 2,5%, contre 2,6% en janvier. Au terme de la période sous revue, 117'822 personnes étaient inscrites auprès d'un Office régional de placement (ORP), soit 3196 de moins que le mois précédent.

En rythme annuel, le taux de chômage affiche un recul de 1,4 point de pourcentage, soit de 1651 chômeurs inscrits, selon les indications fournies lundi par le Secrétariat d'Etat à l'économie (Seco). Sans tenir compte des variations saisonnières, la proportion de sans-emploi est restée stable par rapport à janvier à 2,3%.

Diminution des emplois vacants

En comparaison mensuelle, le chômage des jeunes s'est affaibli de 2,8% à 12'120 inscrits. Le tassement s'est révélé un peu moins marqué pour les chômeurs âgés de plus de 50 ans, la baisse se fixant à 2,1% à 33'417 personnes. Considéré dans son intégralité, le nombre de demandeurs d'emploi a diminué de 2% à 190'399.

Le nombre d'emplois vacants a diminué de 401 à 38'151 en février. Sur ces postes, 22'037 étaient soumis à l'obligation d'annonce. Pour mémoire, depuis janvier dernier, cette dernière concerne les métiers où le chômage atteint 5%, contre un seuil fixé jusqu'alors à 8%.