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OMC: échec de la réunion du G6 à Genève

G6: le dossier agricole bloque les discussions
G6: le dossier agricole bloque les discussions
Les 149 pays membres de l'OMC vont devoir se résoudre à suspendre sine die leurs efforts pour instaurer un meilleur ordre commercial mondial après l'échec lundi à Genève des discussions entre les "Six grands".

Le directeur général de l'Organisation mondiale du commerce
(OMC) Pascal Lamy a officiellement proposé aux 149 pays membres de
suspendre les négociations. Il n'a pas fixé de date pour leur
reprise. «Le temps sera venu seulement quand les pays membres
seront prêts à jouer le jeu», a affirmé M. Lamy.

Les discussions de la dernière chance entamées dimanche entre
les six grands acteurs du commerce mondial (Australie, Brésil,
Etats-Unis, Inde, Japon, Union européenne) auraient dû normalement
se prolonger jusqu'à début août et être élargies aux 149 pays.
Elles ont été interrompues prématurément dès lundi matin.

USA et UE s'apostrophent

Les deux principales puissances commerciales européenne et
américaine se sont rejetés la responsabilité de l'échec de la
réunion. Le secrétaire américain à l'agriculture Mike Johanns a
affirmé que les propositions de l'UE sur l'accès au marché n'ont
pas répondu à l'attente des Etats-Unis.



Mike Johanns. Le négociateur américain a cité l'exemple du boeuf,
pour lequel la proposition européenne aurait fait passer les droits
de douane appliqués par l'UE de 80% à 61% seulement, des «droits
encore prohibitifs», selon lui. Mike Johanns a ainsi réfuté l'idée
selon laquelle l'UE était prête à offrir un quota d'importation de
800'000 tonnes de boeuf par an, estimant que le vrai chiffre était
de 160'000 tonnes, soit seulement 2% du marché.



Rejetant ces arguments, Peter Mandelson a estimé que «dire qu'il
n'y a pas d'ouverture des marchés sur la table des négociations est
tout simplement faux». Il a rappelé que l'UE était prête à offrir
de baisser de moitié ses droits de douane sur les produits
agricoles et à réduire ses exigences en matière de «produits
sensibles» bénéficiant d'une protection accrue.

Défaite pour les pays pauvres

L'échec des négociations à l'OMC sonne comme une défaite pour
les pays en développement, à qui les pays riches avaient promis en
2001 un nouvel ordre commercial mondial plus équitable. Lancé en
novembre 2001 dans la capitale du Qatar, le "cycle de Doha" devait
mettre la libéralisation des échanges au service du
développement.



Le G-20, groupe des pays émergents mené par l'Inde et le Brésil,
réclamait une réduction de 54% des barrières douanières agricoles,
soit beaucoup plus que les 39% mis sur la table par l'Union
européenne.



En compensation d'une réduction des subventions agricoles pour les
agriculteurs américains et européens, les Etats-Unis et l'Union
européenne attendaient des principaux pays en développement comme
le Brésil et l'Inde qu'ils accordent à la concurrence étrangère un
accès élargi à leurs industries et leurs services. AP



ats/cab

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Un différend complique les négociations

Le cycle de Doha vise à mettre en place un commerce mondial plus équitable envers les pays pauvres, notamment dans le domaine agricole.

Mais les discussions buttent sur un différend de longue date entre les pays du Nord et ceux du Sud qui réclament une baisse des subventions agricoles des pays riches, accusées d'exercer une concurrence déloyale.

Les négociations sont compliquées par un différend euro-américain, Washington demandant à Bruxelles d'abaisser davantage ses droits de douane sur les importations agricoles.

La Suisse se montre déçue

La suspension des négociations sur le cycle de Doha au sein de l'OMC lundi suscite la déception des autorités suisses.

La Suisse «regrette vivement» cet échec, a affirmé le chef de la délégation suisse Luzius Wasescha. Selon lui, les négociations lancées à Doha en 2001 pourraient être «bloquées plusieurs mois, voire plusieurs années».

Selon Economiesuisse,la situation constitue un échec "extrêmement regrettable pour la Suisse".

Plusieurs ONG d'aide au développement ont aussi critiqué les pays riches, responsables, selon elles, de la suspension du round de Doha.

En revanche, les paysans sont satisfaits car ils risquaient de souffrir en cas de succès du cycle de Doha. Mais ils craignent une solution "encore pire", comme un accord de libre-échange avec l'UE, visé par le Conseil fédéral.

Dans la foulée, l'Union suisse des paysans réclame l'abandon des dispositions liées à l'OMC dans le cadre de la politique agricole 2011, qui repasse sous la loupe des commissions du Parlement cet automne.