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Serono avalé par l'allemand Merck

Le site de Corsier-sur-Vevey, l'un des fleurons de Serono
Le site de Corsier-sur-Vevey, l'un des fleurons de Serono
Serono va passer sous contrôle de l'allemand Merck. La famille Bertarelli, actionnaire majoritaire du groupe biotechnologique genevois, vend ses parts qui représentent 64,5% du capital et 75,5% les voix.

L'annonce faite jeudi met un terme à une saga qui a duré près
d'un an avec le projet dévoilé le 8 novembre 2005 par Ernesto
Bertarelli de trouver un acquéreur pour sa société, no 1 européen
dans son secteur. Après cinq mois de recherches infructueuses,
Serono était revenu sur la voie de l'indépendance ce printemps.

En avril dernier, en effet, suite à une revue stratégique,
Ernesto Bertarelli, administrateur-délégué et patron de Serono,
déclarait «tourner la page», précisant que «l'avenir de la société
était de grandir grâce aux acquisitions». S'expliquant au , ce dernier
tablait même sur une levée de fonds possible de 10 milliards de
dollars. Ces paroles sont donc restées lettre morte. Le petit-fils
du fondateur du groupe est finalement bien celui qui aura vendu la
société à une firme étrangère.

Rachat complet

Dans un premier temps, Merck va payer 1100 francs en liquide par
action au clan Bertarelli. Le titre Serono a clôturé à 915 francs
mercredi à la Bourse suisse. L'offre du groupe allemand représente
une prime de 29% par rapport au cours moyen des 30 derniers jours
et valorise la biotech genevoise à 16,1 milliards de francs.



Ensuite, Merck a l'intention de lancer une offre publique d'achat
(OPA) pour acquérir les actions disséminées dans le public au même
prix de 1100 francs en cash. Ce qui signifie que Serono disparaîtra
bientôt de la cotation avec son action qui compte parmi les 27
valeurs vedettes du Swiss Market Index (SMI).



Reste à savoir ce que cette fusion va représenter pour la région
lémanique en terme d'emplois (lire encadré).

Titre en forte progression

L'action Serono a clôturé en très forte hausse jeudi. Le titre
s'est envolé de 17,6 % à 1076 francs. Il s'est ainsi tout
logiquement rapproché du prix offert par les Allemands pour mettre
la main sur la multinationale genevoise.



La Bourse suisse a suspendu la cotation du titre toute la matinée.
Elle a en outre indiqué qu'une enquête préliminaire pour entorse
aux règles de publicité événementielle n'était pas exclue. La
cotation a repris peu avant 13h00. Le titre a touché un plus haut à
1086 francs dans l'après-midi.



agences/sch

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Interview d'Ernesto Bertarelli

Au micro de la RSR au journal de midi, Ernesto Bertarelli s'est exprimé sur les raisons qui l'ont poussé à vendre:

«C'est une très bonne affaire pour tout le monde, ainsi que pour Serono, que je ne pouvais laisser passer.

Cela va créer une société tournée vers la croissance, vers la recherche, permettre d'avoir une taille suffisamment concurrentielle au niveau mondial et une diversité, notamment dans le domaine oncologique dans lequel Merck est très fort.

Les quartiers généraux de la pharmaceutique de Merck se déplacent à Genève, a-t-il ajouté. Le prix est très satisfaisant et j'en suis content.»

Ernesto Bertarelli se dit toutefois partagé entre la tristesse et la satisfaction. Sur le plan émotionnel, il y a eu des moments de tristesse car Serono appartient à la famille du fondateur de l'entreprise genevoise de biotechnologie, a-t-il expliqué.

Emplois: pas trop d'inquiétudes

L'annonce du rachat de Serono par le groupe Merck n'a pas soulevé une vague d'inquiétude du côté du Conseil d'Etat genevois. Selon son président Pierre-François Unger, les emplois à Genève ne devraient pas être menacés dans l'immédiat.

Merck a apparemment l'intention d'installer son quartier général pour les biotechnologies à Genève. Le conseiller d'Etat chargé des questions économiques attend une confirmation officielle du géant allemand de la chimie.

Serono pèse très lourd dans l'économie genevoise. Le groupe de biotechnologie emploie au bout du lac quelque 800 collaborateurs et fait travailler indirectement de nombreuses autres personnes. La société d'Ernesto Bertarelli a investi environ 300 millions de francs ces dernières années à Genève.