Publié

Affaire Swissfirst: pirouette des dirigeants

La banque rejette les accusations de corruption lancées contre elle
Swissfirst étudie des solutions radicales pour sortir de la crise
Swissfirst réagit face à la polémique dont la banque fait l'objet. Ses dirigeants ont chargé une banque d'investissement internationale d'examiner toutes les options de réorientation, y compris la vente du groupe.

Swissfirst tire donc les conséquences de la polémique suscitée
par les circonstances de sa fusion avec la banque Bellevue
(lire ci-contre) et cherche un repreneur.



Reste que la confiance est ébranlée. L'annonce de vendredi a
accentué à la Bourse suisse le repli de l'action observé depuis le
début de l'affaire. Vers 15h45, le titre dégringolait de 12,2% à
82,50 francs, avec un plus bas du jour à 77 francs (-18%).Il était
déjà en tendance baissière depuis le printemps, après un plus haut
de 120 francs atteint au mois de mai.



L'établissement va charger une banque d'investissement
internationale d'élaborer des propositions pour permettre à son
conseil d'administration d'examiner "toutes les options
stratégiques permettant d'assurer le positionnement optimal du
groupe sur le marché". La vente de certaines unités est aussi à
l'étude.

Trouver une nouvelle structure

«Ces mesures radicales sont indispensables pour sauvegarder la
réussite de Swissfirst et protéger au maximum les activités
opérationnelles», précisent le conseil d'administration et le
comité exécutif vendredi. Ils réaffirment leur conviction que la
fusion avec la Bank am Bellevue en septembre 2005 s'est déroulée de
manière correcte et irréprochable à tous les égards et se disent
victimes d'une véritable «campagne de diffamation».



La banque mandatée devra élaborer des propositions avec l'objectif
de transférer les activités dans une nouvelle structure. En cas de
changement de contrôle, les membres du comité exécutif et du
conseil d'administration remettent leur mandat à disposition. Si un
nouveau propriétaire en exprimait le souhait, ils conserveraient
leurs fonctions pour une durée limitée.

Procédures en cours

Plusieurs procédures sont en cours dans le cadre de cette
affaire. Pour examiner quels ont été les motifs des caisses de
pension pour se débarrasser de leurs titres, l'Office fédéral des
assurances sociales (OFAS) et l'Office de prévoyance du canton de
Zurich mènent l'enquête.



La Commission fédérale des banques (CFB) se penche pour sa part
sur le déroulement de la fusion entre les établissement financiers.
Sur le plan pénal enfin, le ministère public zurichois a été
mobilisé suite aux deux plaintes d'un actionnaire s'estimant
lésé.



Swissfirst a répliqué en déposant plainte à son tour contre lui.
Swissfirst s'empresse d'assurer qu'en cas de transfert du groupe
dans une nouvelle structure, les procédures et prétentions à son
encontre seront reprises par les actionnaires principaux. Mais la
banque compte bien se battre pour obtenir une indemnisation pour
perte de réputation et préjudice économique.



agences/hof

Publié

Rappel des faits

Pour mémoire, après la fusion avec la Bank am Bellevue, le titre Swissfirst s'était fortement apprécié à la Bourse suisse, créant des soupçons de délits d'initiés.

Le patron de Swissfirst, Thomas Matter, est soupçonné d'avoir téléphoné à plusieurs caisses de pension pour convaincre les gérants de vendre leurs actions.

Selon des journaux alémaniques, ces caisses ont alors laissé échapper des gains potentiels à hauteur de plusieurs millions de francs.

Les dirigeants des deux banques auraient pour leur part vu leurs paquets d'actions gonfler de plusieurs dizaines de millions.

Pour l'instant, Swissfirst se porte bien. La banque a presque doublé son bénéfice au premier semestre, notamment grâce à la fusion, qui s'est montée à 300 mio de francs. Le résultat net a atteint 41,2 mio , contre 21,9 mio à la même période de l'an dernier.

Hans-Rudolf Merz prend position

Sous la pression de l'affaire Swissfirst, le ministre des finances Hans-Rudolf Merz veut accélérer la révision de la norme pénale sur le délit d'initié. Dans un entretien publié vendredi dans le "Blick", il précise qu'il va en faire la proposition à l'automne 2006.

Le débat actuel sur Swissfirst montre que la norme pénale doit être rapidement renforcée, a expliqué le chef du Département fédéral des finances. C'est la raison pour laquelle il pense sortir cette norme du paquet de révision des prescriptions sur le blanchiment d'argent. Ce serait alors au Département fédéral de justice et police dirigé par Christoph Blocher de reprendre le dossier, selon Hans-Rudolf Merz. La situation reviendrait donc au stade de l'été 2004.

A l'époque, les deux conseillers fédéraux avaient convenu de confier le dossier au DFF afin d'accélérer les travaux de révision. Selon Hans-Rudolf Merz, le projet prévoit d'étendre la portée de la norme pénale en biffant les restrictions actuelles.