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Jeudi noir pour la bourse suisse après les nouvelles mesures face au Covid-19

La bâtiment de la bourse suisse à Zurich. [Steffen Schmid]
La bâtiment de la bourse suisse à Zurich. - [Steffen Schmid]
La Bourse suisse a accentué massivement ses pertes jeudi, tout comme les autres bourses européennes. Les interdictions d'entrée aux Européens prononcées par les Etats-Unis contribuent à la panique sur les marchés, et la Banque centrale européenne n'a pas réussi à rassurer.

À Paris, le CAC 40 a connu la plus forte chute de son histoire avec un repli de 12,28%, au plus bas depuis la mi-2016. A Londres, le FTSE 100 a perdu 10,87% et à Francfort, le Dax a reculé de 12,24%. La Bourse de Milan a perdu 16,92%.

La BCE a certes annoncé une nouvelle enveloppe de 120 milliards d'euros allouée à ses achats d'actifs et a assoupli les contraintes réglementaires imposées aux banques mais elle n'a pas modifié ses taux d'intérêt, contrairement aux attentes. Sa présidente, Christine Lagarde, s'est surtout employée à souligner la responsabilité des gouvernements de la zone euro en matière de relance budgétaire.

Après une ouverture en baisse de plus de 7% puis un léger rebond, Wall Street a finalement encore accentué sa chute avec un Dow Jones clôturant en recul de près de 10%. C'est sa plus forte baisse quotidienne depuis le krach de 1987.

>> L'analyse de Philippe Lugassy dans le 19h30 :

Philippe Lugassy: "Le coronavirus se transforme en pandémie boursière."
Philippe Lugassy: "Le coronavirus se transforme en pandémie boursière." / 19h30 / 1 min. / le 12 mars 2020

Un jeudi noir à Zurich

La Bourse suisse a de son côté connu une des pires séances de son histoire jeudi, à l'instar des autres marchés des actions. Le SMI des valeurs vedettes a accusé une baisse supérieure à 10%, passant sous la barre des 8200 points, avant de se redresser un peu en toute fin de séance (-9,64%).

L'indice SMI sur 3 mois, montre un pic le 19 février, suivit d'une chute vertigineuse. [Boursorama]
L'indice SMI sur 3 mois montre un pic le 19 février, suivit d'une chute vertigineuse. [Boursorama]

De mémoire, Jérôme Schupp n'a jamais vu une telle baisse en une journée. L'analyste financier chez Prime Partners qualifie cette baisse d'"impressionnante", avec des secteurs économiques entiers qui sont "massacrés". Comme l'aérien: "Il n'y a pas une journée qui épargne ce secteur. Au coronavirus s'ajoute une guerre du pétrole, qui plonge le secteur dans une crise encore plus profonde."

>> Lire aussi : L'interdiction d'entrée des Européens aux USA foudroie le secteur aérien

>> Revoir le sujet du 19h30 sur la chute du prix du pétrole :

C'est la chute la plus brutale depuis trente ans. Le prix du pétrole a dévissé cette nuit de 45 à près de 30 dollars le baril.
Le prix du pétrole a dévissé cette nuit de 45 à près de 30 dollars le baril, la chute la plus brutale depuis trente ans. / 19h30 / 2 min. / le 9 mars 2020

Thomas Veillet, le fondateur du site investir.ch, parle d'une journée historique, parmi les trois plus grosses de l'histoire récente. "On a déjà vu des séances similaires en 2008. Mais à l'époque, il s'agissait d'une crise systémique. Aujourd'hui, les chiffres sont difficiles à interpréter. On ne sait pas grand-chose de la durée ou des conséquences du Covid-19. C'est le doute qui crée la panique sur les marchés".

Impact sur l'économie réelle

Le marché était très complaisant lorsque le coronavirus ne touchait que la Chine. Mais il a suffit qu'il atteigne l'Italie pour que la crise devienne mondiale. "C'est vraiment très volatil. Les marchés réagissent aux nouvelles qui déferlent au jour le jour", décrit Jérôme Schupp.

Selon lui, la finance sur-réagit un peu, mais l'impact sur l'économie est réel. De nombreux secteurs d'activité voient leurs revenus baisser d'un seul coup. "La Banque nationale suisse (BNS) va sûrement lâcher un peu de liquidités, mais il faut que le gouvernement soit également réactif pour aider les PME." Car selon lui, les marchés vont se relever, malgré cette journée difficile. "L'économie réelle prendra plus de temps. Pour la plupart des entreprises, la première partie de l'année 2020 est déjà fichue."

La pandémie de Covid-19 devrait s'aggraver durant les prochaines semaines. La question est de savoir si les Bourses vont suivre le même chemin. "Pour l'instant, nous avons l'exemple chinois, qui remonte la pente. Dès le moment où l'Italie ira mieux, on va pouvoir anticiper les effets sur l'économie réelle. A partir de là, il y aura une décorrélation entre l'aggravation du virus et les marchés", avance Thomas Veillet.

A condition que la pandémie ne mette pas l'économie américaine totalement à plat. "Une situation italienne aux Etats-Unis serait une catastrophe économique. Si la machine mondiale économique est à l'arrêt, cela aura des conséquences sur tout le monde", craint l'analyste de Prime Partners.

>> Lire aussi : Tous les voyages depuis l'Europe vers les Etats-Unis sont suspendus

Feriel Mestiri/ebz

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Impact encore "difficile à prédire" sur l'économie mondiale

L'impact du coronavirus sur l'économie mondiale est toujours "difficile à prédire", a affirmé pour sa part jeudi le porte-parole du Fonds monétaire international (FMI) lors d'une conférence de presse en ligne, soulignant que cela dépendrait du degré de la pandémie et des réponses apportées par les pays touchés.

La semaine dernière, le FMI avait annoncé que 50 milliards de dollars étaient "disponibles", dont 10 milliards qui peuvent être prêtés à taux zéro, pour les pays pauvres et en développement touchés par le coronavirus.