Frédéric Arnault avait créé la surprise en 2017. Jeune diplômé de Polytechnique, il rejoignait à La Chaux-de-Fonds la marque TAG Heuer, alors dirigée par Jean-Claude Biver, pour se focaliser sur la numérisation, les risques et opportunités du commerce en ligne. Depuis lors, il se concentre sur l'objectif de faire évoluer la montre connectée lancée en 2015 par Jean-Claude Biver.
Les "Arnault" et le numérique
Il y a cinq ans, son père Bernard Arnault avait surpris le monde horloger en faisant le déplacement de New York pour la première TAG Heuer connectée alors que la marque suisse ne représente que 1,5% du chiffre d'affaires de LVMH, selon les informations de la RTS.
Jeudi, dans la même ville, son fils lançait la troisième génération, une montre qui intègre notamment un capteur cardiaque et qui vise principalement le marché du sport. La boucle est bouclée.
Risques et chances du monde numérique
Frédéric Arnault est confiant quant à l'avenir de l'horlogerie suisse, notamment en ce qui concerne le haut de gamme. Ces dernières années, les marques d'entrée de gamme ont perdu des millions d'unités face à l'émergence du commerce en ligne et l'apparition des montres connectées dont "le marché croît de 50% annuellement", rappelle le responsable de projet.
La marque Swatch a notamment vu ses volumes fondre de plusieurs millions d'unités, comme l'avait confirmé Nick Hayek, patron du Swatch Group, en octobre dernier à la RTS.
Le haut de gamme ne subit pas la même concurrence et Frédéric Arnault fait même le pari que ceux qui découvrent l'horlogerie grâce aux montres connectées sont autant de clients potentiels pour le luxe suisse.
"Les montres connectées renforcent notre coeur de métier puisque grâce à ce produit, nous faisons beaucoup d'aquisitions clients. Ce sont des clients qui, dans un deuxième temps, pourront s'intéresser à l'horlogerie traditionnelle", explique-t-il.
Un manager discret
Frédéric Arnault passe trois à quatre jours par semaine à La Chaux-de-Fonds et le reste de son temps à Paris, où sont situées les équipes responsables du développement de l'offre numérique pour les montres connectées, notamment le développement d'applications dédiées au sport.
Pendant trois ans, il a refusé toutes les demandes d'interviews. A la question de savoir pourquoi sortir de son mutisme maintenant, il répond simplement qu'il a commencé par se familiariser avec l'horlogerie et qu'il attendait une bonne raison pour s'exprimer.
Nicolas Rossé