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L'interdiction d'entrée des Européens aux Etats-Unis foudroie le secteur aérien

Le trafic aérien est interrompu entre l'Europe et les États-Unis.
Le trafic aérien est interrompu entre l'Europe et les États-Unis. / 19h30 / 1 min. / le 12 mars 2020
La décision américaine d'interdire l'accès des Etats-Unis aux Européens est un nouveau "coup de massue" pour les compagnies aériennes, d'ores et déjà fortement éprouvées par la pandémie de coronavirus, car les liaisons transatlantiques sont parmi les plus lucratives.

Toute personne ayant séjourné dans les 26 pays européens de l'espace Schengen au cours des 14 jours précédant leur arrivée prévue aux Etats-Unis est concernée, à l'exception des Américains et des résidents permanents aux Etats-Unis. La mesure, qui ne concerne pas le Royaume-Uni, entrera en vigueur samedi pour 30 jours.

Ce sera aux compagnies aériennes de vérifier qui peut ou non embarquer. Si un passager se voit refuser l'entrée sur le territoire américain, la compagnie aérienne devra le rapatrier à ses frais.

Peu après l'annonce de cette mesure, les compagnies aériennes européennes Air France, IAG (British Airways/Iberia) et Lufthansa, qui détient Swiss, ont plongé en Bourse jeudi, perdant plus de 10% sur la journée. L'association internationale du transport aérien (IATA) a demandé des mesures de soutien d'urgence en raison des "énormes pressions sur les flux de trésorerie des compagnies aériennes".

>> Lire aussi : Jeudi noir pour la bourse suisse après les nouvelles mesures face au Covid-19

Un marché crucial

Le marché nord-américain est crucial pour le trafic long-courrier des compagnies aériennes, qui se bousculent notamment vers la destination reine, New York, alléchées par la régularité du trafic et la part importante de passagers en classe affaires, plus rentable.

Les Etats-Unis représentent par exemple 8,1% du trafic accueilli dans les aéroports parisiens en 2019 (8,7 millions de passagers), contre 2,1% pour la Chine. L'interdiction américaine constitue "un nouveau coup de massue pour les compagnies aériennes", affirme Charlie Roberson, économiste en chef chez Renaissance Capital à Londres.

>> Les compagnies aériennes ont dû annuler de nombreux vols à cause du coronavirus :

Les compagnies aériennes ont dû annuler de nombreux vols à cause du coronavirus.
Les compagnies aériennes ont dû annuler de nombreux vols à cause du coronavirus. / 19h30 / 1 min. / le 12 mars 2020

"Les compagnies les plus fragiles vont disparaître"

"Peut-être que 90, 95% des vols transatlantiques seront annulés", a annoncé de son côté Xavier Tytelman jeudi soir dans l'émission Forum de la RTS. "Les compagnies les plus fragiles vont disparaître, et même les plus solides vont clairement entrer dans le rouge", avertit cet expert en aéronautique, qui estime que le transatlantique représente à lui seul plus de 20% du revenu des compagnies.

>> L'interview de Xavier Tytelman dans Forum :

L'impact critique de la pandémie de coronavirus sur le secteur aérien: interview de Xavier Tytelman
L'impact critique de la pandémie de coronavirus sur le secteur aérien: interview de Xavier Tytelman / Forum / 4 min. / le 12 mars 2020

Fermetures d'aéroport, mais pas en Suisse

La pandémie pourrait-elle entraîner la fermeture pure et simple d'aéroports? C'est déjà le cas en Italie, placée en confinement, où l'un des deux aéroports de Rome, qui accueille essentiellement des compagnies low cost, fermera à partir de vendredi;  l'autre verra son activité réduite.

A Francfort, d'où partent 480 vols par semaine vers les Etats-Unis, l'opérateur aéroportuaire n'évoque "pour le moment aucun plan concret de fermeture des terminaux", tandis qu'à Paris, des discussions sont en cours sur l'éventuelle fermeture d'un des terminaux de Charles-de-Gaulle.

En Suisse, le directeur de l'Aéroport international de Genève indique que "la baisse du nombre de passagers dépassait déjà 50% sur les premiers jours de la semaine" sur le tarmac genevois. André Schneider précise toutefois qu'une "fermeture n'est absolument pas une option", à moins que la Confédération prenne une mesure en ce sens.

>> Ecouter l'interview d'André Schneider dans le 12h30 :

André Schneider, directeur général de Genève Aeroport. [Keystone - Martial Trezzini]Keystone - Martial Trezzini
Suspension des voyages depuis l'Europe vers les Etats-Unis: interview d'André Schneider / Le 12h30 / 3 min. / le 12 mars 2020

cab/vic avec les agences

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Pertes colossales attendues

L'association internationale du transport aérien (Iata) avait estimé le 5 mars, avant la décision des Etats-Unis, que les pertes de chiffre d'affaires des compagnies pourraient atteindre 113 milliards de dollars si le coronavirus continuait à se répandre.

Dans un secteur fragile qui a vu en Europe la faillite récente de plus d'une dizaine de compagnies, le coronavirus risque de faire des dégâts supplémentaires. Pour être rentable, on considère en général qu'un avion doit voler avec un taux de remplissage de 70 à 80%.