En raison d'une importante différence de prix, notamment due à
l'influence de l'Organisation sectorielle pour le beurre suisse, le
tourisme d'achat vers les pays frontaliers continue de se
développer pour la viande et le beurre, écrit Coop lundi dans un
communiqué.
Monopole décrié
L'Organisation sectorielle, qui agit au nom de la Confédération,
détient jusqu'à présent le monopole du marché du beurre, poursuit
le distributeur. Elle est la seule institution autorisée à importer
du beurre lorsque la production suisse est insuffisante.
Or les prix d'achat de la crème destinée à la fabrication de
beurre, tout comme les prix d'achat du beurre de l'Union européenne
bien meilleur marché -, ne sont décidés que par une minorité de
producteurs de cette organisation. Le prix est ainsi maintenu à un
niveau artificiellement élevé.
Trente centimes moins cher
Le beurre de choix de sa propre marque coûtera 10% de moins que
celui vendu jusqu'ici, précise Coop. Une motte de beurre de 200
grammes sera vendue 2,25 francs, contre 2,85 francs pour 200
grammes de beurre de choix «Floralp», a expliqué le responsable de
la communication Felix Wehrle. Le produit sera dans les rayons dès
ce mardi.
La société Züger Frischkäse à Oberburg (SG), chargée de sa
production, ne se tiendra pas aux prix fixés par l'Organisation
sectorielle pour le beurre et transformera directement en beurre
l'excédent de crème de sa production. Coop espère que cette offre
fera bouger le marché.
ats/hof
Migros aussi au front
Migros avait déjà demandé en août à la direction des douanes l'autorisation de transformer dans les pays voisins 1500 tonnes de crème entière en beurre. Raison invoquée: la transformation en Suisse coûte trop cher.
Migros critiquait également la structure cartellaire du marché du beurre, précisant que c'est le consommateur qui trinque.
Dans la foulée, la Commission de la concurrence (Comco) a recommandé au Conseil fédéral d'autoriser le plus vite possible l'exportation de matière première en vue de la transformation et de la réimportation.
Coop en revanche renonce à transformer du lait en beurre à l'étranger, ce qui entraîne à ses yeux une circulation du lait inutile.
Emmi dans le collimateur de Monsieur Prix
Le prix du beurre ne préoccupe pas seulement les grands distributeurs Coop et Migros, mais aussi Monsieur Prix.
Le groupe Emmi est dans le collimateur de Rudolf Strahm en raison de sa position dominante sur le marché du lait, de la crème et du beurre. Une pré-enquête est en cours, a indiqué Monsieur Prix lundi soir à l'ats.
Le fait qu'Emmi soit l'une des cinq sociétés membres de l'organisation sectorielle OSBeurre donne d'autant plus de poids au groupe lucernois, selon Rudolf Strahm.
Grâce à sa position dominante sur le marché, constatée par la Commission de la concurrence (COMCO), Emmi peut déterminer les prix sans se préoccuper de ses concurrents.