Une économie helvétique en plein essor, des carnets débordants
de commandes et des caisses bien remplies, les chefs des grandes
entreprises suisses bénéficiaient d'excellentes conditions en 2006.
Et pourtant, pour de nombreux patrons, tout n'a pas été rose.
Certains se sont retrouvés sous pression à cause de l'appétit de
leurs actionnaires ou de leurs concurrents. D'autres ont été
soupçonnés de magouilles, ont subi des querelles internes ou essuyé
le feu des critiques.
Swissfirst dans la tourmente
La banque zougoise Swissfirst a subi une grave crise, qui a
conduit à la descente aux enfers de ses dirigeants. Des révélations
concernant ses méthodes lors de sa fusion avec l'établissement
zurichois Bank am Bellevue en 2005 ont mis le feu aux
poudres.
Plusieurs caisses de pension ont été invitées à céder leurs titres
Swissfirst peu avant la fusion. En acceptant de vendre ces actions,
elles se sont privées de la forte plus-value générée par la fusion.
Depuis ces révélations, une procédure pénale a été lancée contre le
patron Thomas Matter, qui a rendu son tablier à fin août.
Les gérants des caisses de pension ont aussi fait les frais de
cette opération. Ils ont dû affronter les critiques du public et
des médias quant à leur façon de travailler. Le patron de la caisse
de Rieter Jürg Maurer a été mis à l'enquête dans le cadre de
l'affaire Swissfirst, mais il a été déchargé de toute accusation.
Le gérant de la caisse de Siemens a lui connu un autre sort. Il a
été licencié avec effet immédiat. Le patron de OZ Bankers Peter
Rüegg a lui aussi dû quitter ses fonctions.
Démission chez Saurer
Saurer a connu des soucis d'un autre genre. Le fabricant
thurgovien de machines textiles et de fournitures automobiles s'est
tout d'abord opposé aux ambitions de Laxey, l'un de ses principaux
actionnaires. Ses dirigeants ont ensuite combatu l'offre de rachat
de OC Oerlikon avant d'accepter le prix de vente. Le président du
conseil d'administration de Saurer Giorgio Behr et le patron
Heinrich Fischer ont démissionné au terme de la procédure.
Le président du conseil d'administration du voyagiste Kuoni
Andreas Schmid a payé cher ses ambitions pour le groupe. Il visait
une fusion avec le britannique First Choice, à laquelle la
direction menée par Armin Meier s'est opposée. Au final, M. Schmid
a abandonné son mandat chez Kuoni et en même temps la présidence
d'economiesuisse qu'il était sensé reprendre à Ueli Forster.
Camouflet pour Philippe Brugisser
Une affaire de manipulation comptable chez Panalpina a coûté sa
place au patron du groupe bâlois de logistique. Bruno Sidler a
démissionné pour permettre à l'entreprise de regagner la confiance
des clients. L'affaire portait sur une perte de 33 millions de
francs.
Philippe Bruggisser a subi un revers en Afrique du Sud. L'ancien
patron de Swissair n'a pas été élu au conseil d'administration de
South African Airlines (SAA). Et à l'instar d'autres anciens
dirigeants de la compagnie aérienne, M. Bruggisser va connaître de
nouveaux tracas à la mi-janvier: il comparaîtra devant les juges
dans le cadre du procès autour de la faillite de Swissair.
ats/sun
Des patrons aussi à l'honneur
L'année 2006 n'a pas été morose pour tous les patrons. Parfois critiqués pour leurs hauts salaires, certains sont aussi honorés.
Le président du conseil d'administration de Swiss Life Bruno Gehrig est devenu docteur honoris causa à l'Université de Rochester aux Etats-Unis.
Un sondage auprès de spécialistes de l'économie et des finances a désigné Marcel Ospel, le président du conseil d'administration de l'UBS, comme meilleur administrateur de Suisse.
Le patron de l'UBS Peter Wuffli a lui reçu le prix de meilleur banquier d'Europe.
Le banquier privé Raymond Bär a été élu «homme de l'année 2006» par le quotidien «L'Agefi», tandis que Christoph Franz s'est vu décerner le titre d'»entrepreneur de l'année 2006» par la «Handelszeitung» pour avoir ramené la compagnie aérienne helvétique dans les chiffres noirs.
Les femmes toujours sous représentées
S'il y a eu du mouvement à la tête de nombreuses entreprises, rares sont les femmes à avoir accédé aux plus hautes fonctions.
Monika Ribar en fait néanmoins partie. Elle a repris les rênes de la société de logistique bâloise Panalpina après la démission de son prédécesseur à cause d'une affaire de manipulation comptable.